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Un Budget peu ambitieux

12 juin 2021, 07:56

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Un Budget peu ambitieux

 

Si les spécialistes s’attendaient à un Budget de sortie de crise, tel n’aura pas malheureusement été le cas. Au contraire, la population a eu droit à un exercice purement comptable, peu ambitieux, manquant de vision et de philosophie où Renganaden Padayachy s’appuie sur des investissements massifs de l’Etat, près de Rs 65 milliards sur trois ans, pour viser une croissance hypothétique de 9 % au 30 juin 2022.

Si le ministre a voulu privilégier pour l’exercice 2021-2022 trois axes stratégiques, nommément le redressement, la renaissance et la résilience, on ne retiendra après deux heures de discours qu’un catalogue de mesures ciblant les secteurs à caractère fortement social comme la santé, l’éducation et la sécurité sociale où les dotations budgétaires ont augmenté.

Alors que pour d’autres, elles ont été réchauffées comme la création d’une industrie pharmaceutique ou encore l’énergie verte qui se veut également un nouveau pôle de croissance. Dans la foulée, comme les années précédentes, nous avons eu droit à une multitude de nouvelles institutions publiques – telles que la National Environment Cleaning Authority ou encore le Conseil des loisirs – dans un certain nombre de ministères qui engloutissent des centaines de millions de roupies alors que le ministre des Finance s’était engagé à réduire les dépenses publiques de 25 % et des gaspillages de fonds.

Pour autant, les opérateurs de deux secteurs, le tourisme et la manufacture, fortement fragilisés par l’effet du Covid, doivent se réjouir avec un ensemble de mesures annoncées susceptibles de les sortir de la crise. D’abord pour les hôteliers qui sont dorénavant fixés sur la réouverture des frontières, valable à partir du 15 juillet 2021 pour tous les visiteurs vaccinés pour le tourisme en resort. Une ouverture graduelle qui permettra de viser 650 000 touristes au cours des douze prochains mois. Parallèlement, les revendications de l’AHRIM ont été largement prises en compte avec l’extension du Wage Assistance Scheme et du Self-Employed Assistance Scheme aux entreprises liées au tourisme pour les trois mois allant jusqu’à septembre 2021. D’ailleurs, le président de l’AHRIM, Jean-Michel Pitot, accueille favorablement cette mesure et s’attend à ce que les premières réservations soient enregistrées dès la semaine prochaine (voir le texte plus loin). Toutefois, on s’étonne qu’aucune allusion n’ait été faite sur Air Mauritius, pourtant partenaire incontounable dans l’industrie touristique. Ensuite, la manufacture avec le Modernisation and Transformation Fund pour soutenir la transformation et la modernisation de ce secteur avec un investissement de Rs 5 milliards.

Et quid du financement du Budget alors qu’il était clair qu’avec l’avertissement sévère du FMI, le ministre des Finances ne pourrait pas frapper à la porte de la Banque de Maurice ? Avec des revenus totalisant Rs 137,7 milliards contre des dépenses s’élevant à Rs 162,6 milliards, il se retrouve avec un déficit budgétaire de Rs 24,9 milliards, soit 5 % du PIB pour l’année fiscale se terminant au 30 juin 2022. Il mise sur l’émission des titres de l’Etat pour financer la totalité de ce déficit budgétaire.

Renganaden Padayachy, qui a rappelé ces derniers jours avoir perdu Rs 70 milliards l’année dernière en raison des conséquences économiques de la pandémie, s’attend à un PIB de Rs 500 milliards en juin 2022, soit une hausse de Rs 59 milliards par rapport à l’année fiscale de 2020-21. Et s’appuie essentiellement sur une majoration des recettes de la TVA de Rs 11,9 milliards pour doper le PIB. Or, les spécialistes jugent très optimiste cette projection à un moment où la morosité économique règne toujours et que les mesures de relance prendront du temps avant de générer des dividendes de la croissance.

Tout compte fait, le deuxième exercice budgétaire de ce gouvernement est loin de créer le «feel-good factor» tant souhaité par la communauté des affaires pour avoir la tête hors de l’eau. Certes, le Grand argentier est venu avec un plan de relance et d’investissement, comme c’était le cas l’année dernière, pour booster l’activité économique. Or, une année après, ni la relance ni le décollage d’un grand nombre des projets n’ont eu lieu. En revanche, les automobilistes se réveilleront ce matin avec leurs carburants plus chers.