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Réouverture de l’économie: à quand un peu de clarté ?
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Réouverture de l’économie: à quand un peu de clarté ?
Alors que Maurice entame la troisième phase de sa réouverture, l’espoir renaît quant à un éventuel redémarrage de la machine économique. Opérant depuis mars 2020 à moins de 85 % de sa capacité du fait de la paralysie du secteur touristique, comme le souligne la firme Axys, l’économie mauricienne a besoin d’une nouvelle dynamique et de retrouver graduellement son plein potentiel.
À n’en point douter, ce second semestre sera déterminant. Il n’y aura pas de place à l’à-peu-près. La décision de rouvrir progressivement les frontières est risquée, mais primordiale car après 15 mois d’inactivité, le secteur touristique se meurt. L’impact sur le tissu socio-économique, on le connaît : une érosion de nos réserves (quelque Rs 75 milliards volatilisées depuis le décret du premier confinement), une dépréciation de l’ordre de 15 % de la roupie face aux principales devises, des dizaines de milliers de salariés forcés au chômage technique et l’une des pires performances en Afrique subsaharienne avec Maurice subissant une contraction de 14,9 % du PIB en 2020, alors qu’en moyenne, la zone a enregistré une contraction de 1,9 %.
Si jusqu’ici, la décision de l’État de fournir une assistance financière à quelque 52 000 salariés du secteur touristique à travers les mécanismes du Wage Assistance Scheme et du Self-employed Assistance Scheme pour un montant de Rs 6 milliards a permis d’empêcher l’écoulement de l’économie, il est clair que l’argent ne coulera pas à flots éternellement. D’autant plus que le Trésor public a dû puiser Rs 4 milliards de ses caisses pour verser des indemnités de Rs 5,7 milliards à Betamax. Sans compter les Rs 11,9 milliards qu’il a fallu décaisser en faveur du National Property Fund pour compléter la restructuration de la National Investment Corporation en raison du démantèlement de l’ex-BAI. Autant de décisions mal avisées de la part de nos politiques qui coûtent cher au pays.
«Le revers de la médaille, c’est la cacophonie sur l’application des protocoles sanitaires en cas de découverte de nouveaux foyers d’infection»
La relance de l’économie passera d’abord par le redémarrage du secteur touristique. Le vice-Premier ministre et ministre du Tourisme, Steven Obeegadoo, place la barre haut se fixant l’objectif d’accueillir 400 000 touristes pour l’année financière 2021-2022, soit environ 30 % de la performance réalisée en 2019. Même si la haute saison (octobre à avril) est fructueuse, il est permis de douter qu’on réussisse un tel tour de force. Toujours est-il que la confiance semble de retour. Dans le secteur privé, la plus grosse satisfaction par rapport au Budget 2021-2022 c’est qu’il n’y a pas eu d’impôts additionnels (hormis l’augmentation des droits d’accise sur le tabac et les boissons alcoolisées) qui auraient pu augmenter le coût du business, brider l’investissement et freiner la consommation. Le marché boursier, qui selon les analystes, doit être considéré comme un «leading indicator», car il est le reflet du sentiment des investisseurs et du monde des affaires à un moment T, traduit bien l’humeur actuelle. Depuis la présentation du Budget, le SEMDEX a gagné 6,3 %.
Dans sa dernière livraison, MCB Focus ne manque pas de souligner que la réouverture des frontières, couplée à la reprise sur nos principaux marchés d’exportation et l’annonce d’importants chantiers d’infrastructures publiques, sera déterminante pour replacer l’économie sur la voie de la croissance. Le rapport anticipe une croissance de 4,8 % en 2021 et de 6,5 % en 2022, avec le PIB en valeur nominale passant successivement à Rs 464 milliards et Rs 509 milliards durant cette période. Il reste mesuré dans ses prévisions estimant que la reprise dans le tourisme est tributaire d’une série de facteurs à l’instar des conditions sanitaires toujours difficiles sur les principaux marchés régionaux, notamment l’Afrique du Sud, où les progrès de la campagne de vaccination restent lents. Globalement, les perspectives de croissance restent soumises à des risques de dégradation. Car, souligne MCB Focus, des incertitudes persistantes quant à la demande de voyages long-courriers subsistent en dépit de la réouverture annoncée des frontières et des efforts pour améliorer la qualité de l’accueil. Et de faire ressortir que les projections de croissance pourraient être réduites de 90 points de base dans le pire des cas, à savoir un rebond plus faible du secteur touristique, ce qui aurait pour effet de réduire le nombre de touristes.
De son côté, le Fonds monétaire international (FMI), dans ses analyses à la suite de la consultation sur l’Article IV, anticipe une amorce de redressement de l’économie mauricienne en 2021, avec une croissance tournant autour de 5 %. Selon l’institution de Bretton Woods, les flux touristiques devraient reprendre lentement au second semestre alors que exportations se renforceront en ligne avec la demande mondiale.
On le sait : pour réussir la relance du tourisme, il faudra qu’on mène à bien la campagne de vaccination. Et surtout qu’il y ait une cohérence dans l’application des protocoles sanitaires. Valeur du jour, plus de 40 % de la population a reçu au moins une première dose de vaccin. On a franchi le seuil de 500 000 vaccinés. Et l’on attend d’ici la semaine prochaine 500 000 doses de Sinopharm et une cargaison de 60 000 vaccins Sputnik V. Là, ce sont les points positifs. Mais le revers de la médaille, c’est la cacophonie sur l’application des protocoles sanitaires en cas de découverte de nouveaux foyers d’infection. Au sein du groupe La Sentinelle, l’on est tombé des nues en apprenant à notre grand désarroi que se faire administrer une seconde dose de vaccin ne signifie pas qu’on n’aura pas à faire la quarantaine. À partir du moment où les touristes afflueront en octobre, est-ce qu’on cédera à la panique ? Est-ce qu’au niveau du High Level Committee, on sait clairement comment réagir en fonction des différents cas de figure auxquels on sera confronté ? Est-ce qu’à partir du moment où l’on atteindra l’immunité collective, on pourra à nouveau vivre normalement sans avoir la boule au ventre ? Il faudra que l’exécutif joue cartes sur table sous peine de décevoir tous ces citoyens qui, dans un élan national, se sont fait vacciner.
Les touristes ont besoin de clarté. Il en est de même pour les opérateurs économiques et la population en général.
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