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Phobie or not phobie…
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Phobie or not phobie…
Le dictionnaire nous apprend qu’une phobie est la peur irrationnelle de quelque chose ou d’une situation précise. Pour prendre un exemple, une bonne amie à moi est phobique des mots trop longs. Heureusement pour elle, les mots kilométriques sont rarement utilisés dans les conversations usuelles. Au hasard, une phrase comme : « Je crains fort que cette cuisine ait été anticonstitutionnellement aménagée», lui ferait perdre ses moyens. Mon fils, qui est un ardent «YouTubeur», m’a appris que cette phobie particulière s’appelle l’hippopotomonstrosesquippedaliophobie. Afin de lui éviter une catalepsie catatonique, j’ai volontairement choisi de laisser mon amie dans l’ignorance !
Les chiffres peuvent aussi être source de phobie. Il faudrait être diablement calé pour savoir que l’hexakosioïhexekontahexaphobie est la peur du nombre 666. Ce chiffre, généralement associé à Lucifer, grand maître du grill, a souvent causé un grand émoi dans les foyers. Un petit conseil, évitez de vous retrouver avec 666 convives à table, car il y a certaines personnes que cela pourrait démonter. Mais à mon avis, il n’y a pas vraiment de quoi enfer un plat.
En cette époque où le vaccin déchaîne les passions, être bélénophobe pourrait s’avouer être un obstacle. Il s’agit de la peur des aiguilles, mais heureusement pas la frayeur des bottes de foin. Pour vacciner le bélénophobe, il faudrait employer des guerriers Ninjutsu qui, à l’aide de leur sarbacane, pourraient propulser un dard abondamment enduit de Spoutnik au moment où le phobique s’y attend le moins ; pourquoi pas dans les supermarchés, lieu idéal où le phobique est occupé à suivre les flèches.
Certaines personnes sont phobiques d’un animal ou d’un éventail d’animaux. Si vous habitez l’île Maurice et que vous craignez les pingouins ou les yétis, il y a de fortes chances pour que vous ayez une vie paisible. Mais pour peu que votre animal cauchemardesque (désolé pour les hippopotomonstrosesquippedaliophobiques) hante nos rues, il y a de forts risques que vous viviez dans la peur. Ma femme, par exemple, souffre de tenrecidaephobie ; la frayeur des tenrecs même en curry mijoté à «petite vitesse». À Maurice, les psychologues décrivent cette pathologie comme étant de la peur du tang qui passe.
Des millions de personnes souffrent de phobies plus ou moins étranges qui les handicapent dans leur vie de tous les jours et notre île n’est pas épargnée. Parmi les plus surprenantes, nous trouvons l’anatidaephobie qui est la peur que quelque part, d’une façon ou d’une autre, un canard vous observe. C’est ce qu’on appelle dans le jargon médical, avoir sur la conscience un canard enchaîné. Cette phobie ne semble pas si absurde dans la mesure où à Maurice, avec le projet «safe city», la population a souvent la curieuse impression qu’un poulet l’observe ; signe évident d’alektorophobie, qui est la peur des poulets portant un uniforme ou pas.
Une autre phobie partagée par un grand nombre de contribuables mauriciens est la trypophobie qui est la peur des trous. Cette peur est chaque année exacerbée par des économistes qui, après chaque Budget, qualifient notre «gâteau national» de gruyère aux trous fanfarons, le diamètre des trous se mesurant en millions ou en milliards de roupies.
Mais peut-on vaincre sa phobie ? Tenez, moi par exemple, j’étais phobique de l’administration et aujourd’hui je suis totalement guéri. Avant, je ne pouvais regarder un formulaire ou une fiche d’impôt dans les yeux sans être assailli par un strabisme convergent. J’ai refusé catégoriquement de consulter un psychologue, un hypnothérapeute ou un «traiteur» pour surmonter mes peurs, mais j’ai trouvé la solution miracle ! J’ai aménagé une hutte dans la forêt de Macchabée sans eau ni électricité. Je n’ai pas de voiture et je ne travaille pas. Je n’ai pas de téléphone, je n’ai plus besoin d’argent, je ne mange que des racines et des insectes et je ne sors jamais de mon bois.
Au moins là, je ne crains pas de sombrer dans la phobie furieuse !
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