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Leçon de Calcio et Penaltygate

13 juillet 2021, 20:10

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Leçon de Calcio et Penaltygate

«Who dares wins», disait Winston Churchill. En refusant d’attaquer après avoir mené 1-0 face à l’Italie, en finale de l’Euro, Gareth Southgate a-t-il abdiqué dans la quête du «It’s coming home» de l’Angleterre (qui hante ce pays depuis 1966) ? Impossible de le savoir, mais au risque d’être taxé de «wise after the event» ce manque d’ambition dans le jeu a tout de même précipité les sujets de sa Majesté dans un nouvel océan de chagrin. Les jours passent mais les larmes ne sèchent pas pour les fans anglais. 

Mais le football tient à si peu de choses finalement. On se moque d’un penalty raté par Kylian Mbappé qui fait passer la meilleure équipe du monde sur papier glacé, les Bleus, pour des tocards finis ? Mais voilà que trois penaltys manqués par Marcus Rashford, Jadon Sancho et Bukayo Saka viennent clouer au pilori des «Three Lions» élevés au rang de «demi-dieux» par la presse tabloïd anglaise. Provoquant un déferlement de haine hallucinant. 

Une leçon d’humilité pour les joueurs, les supporters et les médias aussi. Pour tout cela, l’Euro 2020 restera longtemps dans les mémoires. Les Bleus et leur attaque de rêve ont été dégagés dès la première bourrasque suisse. Et avec eux, ont disparu dans la foulée, les Pays Bas, le Portugal et l’Allemagne. 

Dans cet Euro, on aura souvent sous-estimé les petits à nos dépends ! Comme ce Danemark porté par l’incroyable tourbillon émotionnel Eriksen qui est arrivé jusqu’en finale et l’Espagne de Morata, qui a hérité des pires jeux de mot sur son nom. Dont la famille a été victime de menaces de mort.

L’attaquant de la Juve aura tout connu. D’abord, insulté pour ses ratés, il a ensuite été adulé quand il qualifie la «Roja» au 1er tour. Puis de nouveau descendu quand Mo… rata son penalty ! Cruel destin et en même temps symbole d’une équipe d’Espagne en mal de numéro 9 mais qui revit. Qui a les bourgeons pour reverdir au Qatar en 2022. Battue en demi-finale, d’extrême justesse par… l’Italie. 

Tiens, justement ! La championne de l’Euro 2020, dont tout le monde tresse aujourd’hui les lauriers, a le mérite d’avoir prôné le jeu plutôt que le contre, contrairement aux favoris pour le titre. Une trajectoire victorieuse mais éreintante, avec aucune victoire en 90 minutes depuis le premier tour (trois prolongations et deux tirs au but)… L’Autriche, la Belgique, l’Espagne et l’Angleterre ont tous cru à un moment pouvoir exploiter les failles et les doutes d’Italiens pourtant sans cracks, mais avec du coeur.

Elle a perdu son meilleur joueur, Leonardo Spinazzola, au premier tour, mais a continué d’avancer, sans relâche. Parce qu’elle revient de loin. Parce qu’elle ne c’était même pas qualifiée pour la dernière Coupe du monde en Russie, elle. Encore une fois, on en revient à l’humilité. Roberto Mancini abâti une équipe de bric et de broc. Qui avance et traverse les tempêtes. Avec une direction claire et une somme de talents capable de renverser des montagnes. Résultat ? 34 matches sans défaites et un premier sacre à l’Euro depuis 1968. C’est la leçon du Calcio, enterré un peu trop vite il est vrai. 

C’est l’histoire d’une Italie qui a bossé dur, avec la ténacité, l’expérience et le vice de ses vieux briscards Bonucci-Chiellini, sans oublier la classe du fiston d’Enrico Chiesa, Federico. Une nouvelle Squadra est née, sans tambours ni trompette. Qui a souvent tremblé mais qui au final a gagné avec ses tripes. Sans ne rien devoir à personne.

Au passage, elle a aussi anéantie le rêve de toute une nation, celle de l’Angleterre.Pour les supporters, qui manquent de sommeil et ont mal au crâne depuis deux jours, la pilule a du mal à passer. Ils savent qu’une occasion en or comme celle-là ne repassera pas de sitôt. 

Le royaume de sa Majesté y a cru dur comme fer. Avec des médias sur un petit nuage, bien trop confiants et des propos triomphalistes signés Gary Lineker, Alan Shearer ou Rio Ferdinand… Aussi chauvins que les commentateurs français si décrié à Maurice !

Cette euphorie s’est volatilisée, au dernier tir au but de Saka, stoppé par Donarumma. Le retour sur terre a été violent. Enfin pas plus que les vidéos de hooligans qui cassent tout et frappent des innocents qui ont suivi. Ou les tweets haineux et racistes à l’encontre des trois tireurs anglais qui n’ont pas marqué. San parler des Memes anti Southgate. 

Tant de haine pour trois tirs ratés ? Pour la décision de faire entrer deux joueurs à la 119e minute des prolongations. Un choix certes discutable de la part du sélectionneur anglais, mais n’oublions pas que c’est ce lui qui a conduit les «Three Lions» en demi-finale du Mondial 2018, à la 3e place de la Ligue des Nations et en finale de l’Euro 2020. 

En 55 ans, personne n’avait approché le Graal d’aussi près que ce brave Gareth. Si son style de jeu son pragmatisme n’ont pas fait grimper les fans aux rideaux, cette équipe a fait naître quelque chose dans le coeur de ses fans. L’espoir. Celui qui inspire les plus belles histoires. «Win together, lose together. We’ll be back», a résumé Harry Maguire sur «Twitter».