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Animaux et compagnie

10 octobre 2021, 12:36

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Contrairement à certaines idées reçues, accueillir chez soi un animal de compagnie n’exige pas qu’on doive créer sa propre entreprise. Cela est aussi vrai pour une dame ou un monsieur de compagnie et il n’est nullement obligatoire d’obtenir une permission auprès du Registrar of Companies pour les incorporer à vos foyers. En revanche, le secrétaire de compagnie (à ne pas confondre avec l’oiseau secrétaire — Sagittarius serpentarius,) ne peut être simplement apprivoisé et nécessite un enregistrement auprès dudit Registrar. Enfin, pour clore ce paragraphe administratif, il serait bon de rappeler qu’il n’existe pas d’animal de conglomérat ou de société même quand cette dernière est haute ou secrète.

Le chien et le chat sont les animaux de compagnie les plus populaires au monde. Un colosse me disait récemment : «Moi bonhomme, j’ai toujours été chien.» Effectivement, ce géant avait développé avec le temps les traits d’un bullmastiff à la mâchoire carrée et à la langue pendante. Une sorte d’osmose s’était produite entre le propriétaire et son molosse à tel point que, hors vêtements, l’aboiement seul les différenciait. Je lui expliquais que personnellement, j’étais plus chat que chien, mais il se mit aussitôt à grogner en me montrant ses canines. Comme il semblait de mauvais poil, je préférais battre en retraite craignant une mort sûre et pour le coup, c’est moi qui poussais un «wouf» de soulagement.

Nommer son animal de compagnie est un défi auquel chaque propriétaire doit faire face. Souvent, quand un chiot n’est qu’une mignonne boule de poils, on est tenté de lui donner un nom allant avec cet aspect. Ce n’est qu’à l’âge adulte que le nom Tibabadou ne va plus à un monstre de 100 kg dont le rêve est de bouffer le facteur. Appeler son chihuahua «Cerbère» (le gardien des enfers) appelle à faire sourire, mais prodiguera à votre mini chien un sentiment de supériorité non mérité. Il aura trois fois la grosse tête. Le choix d’un nom pour un chat est tout aussi délicat. Nous avions à la maison un chat noir dont le nom Batman faisait la joie des visiteurs. Ceux-ci trouvaient que ce nom lui allait comme un gant jusqu’au jour où il disparut et ne revint pas. C’est alors que nous découvrîmes les désavantages d’un tel nom, car ma femme se mit à arpenter les rues du quartier en criant : «Batman, Batman, viens mon garçon! Batman, où tu es mon bébé ?» Les passants, ignorant qu’elle cherchait son chat, furent stupéfiés de voir une femme en peignoir hurler avec désespoir le nom d’un superhéros qu’elle appelait «mon bébé d’amour». Par la suite, nous n’eûmes d’autre choix que de déménager à l’autre bout de l’île. Shakespeare écrivait : «What’s in a name ?» Je lui répondrais que tout est dans le nom. Si par malheur j’appelais mon lama «Serge», je suis certain que ce dernier tomberait «malaaaade, complètement malaaaade…»

L’animal de compagnie peut prendre plusieurs formes; du silencieux poisson rouge au tapageur singe hurleur, il y en a pour tous les goûts. Cependant, l’amoureux des éléphants se résignera au fait que le compagnonnage en appartement demeure difficile sauf pour les éléphants guides pour mal voyants pour lesquels une dérogation pourrait être obtenue auprès du syndic. Les reptiles s’avèrent être d’excellents colocataires dotés d’un sens de l’humour remontant à la genèse. Le serpent à sornette prenant la forme d’un «L» et s’accrochant au mur du salon pour singer le python égaillera vos soirées d’hiver et variées. Mais attention, sa langue fourchue le pousse à pratiquer la langue de boa.

Certains animaux ne sont pas de bonne compagnie à cause des odeurs qu’ils dégagent. Le putois se retrouve en haut du tableau suivi de près par la loutre. Les amoureux de ces animaux devraient vivre à côté d’une tannerie ou d’une fabrique de sulfure d’hydrogène afin de masquer les effluves de leur bête. En parlant d’effluves, j’étais sur la terrasse bondée d’un café parisien, assis à côté d’un grand saint-bernard au poil soyeux quand une odeur nauséabonde jaillit au milieu des clients ébahis. Une Américaine se pencha vers moi et me demanda : «Is this your pet ?»

Pris de cours, je pointais le saintbernard du doigt en affirmant : «Ce n’est pas moi, c’est lui!»