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Aucun bouleversement majeur avant 2024 pour PKJ et le MSM

8 janvier 2022, 09:24

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Le gouvernement aborde maintenant la troisième année de son mandat et il peut toujours se permettre quelques gros scandales tant sur le plan de la politique, du business des commissions ou des moeurs comme des fêtes ou épisodes privés mais salaces. Il dispose de tous les moyens nécessaires pour refaire son image et renverser la vapeur en temps voulu. 

On ne voit aucune manoeuvre politique ou légale pouvant renverser le gouvernement. 200 000 manifestants scandant bour li deor, quelques centaines de convocations d’activistes, d’avocats et de leaders de groupuscules aux Casernes centrales ou devant des tribunaux ne pourraient menacer l’existence d’un gouvernement soutenu par une confortable majorité de sièges au Parlement. Où, d’ailleurs, tout le système est efficacement verrouillé par un speaker dont l’agressivité est propre aux bouncers de discothèque ou de casino enhardis par une consommation accélérée de chopine-six. 

Avec le système judiciaire qui a évolué de ses traditions britanniques premières pour fonctionner dans un environnement fortement marqué par le chatwaisme ambiant, seuls des naïfs croiraient dans un effet bouleversant des pétitions électorales en cour actuellement. Car le rapace et le bulbul chantent à l’unisson dans la volière du pays nouvellement autocratique. Quoi qu’il en soit, quand le Conseil privé de la reine se serait (enfin !) prononcé sur les pétitions électorales après l’épuisement de tous les recours à Maurice, on serait déjà en l’an 2025 ou 2026, soit bien après les élections générales prévues pour 2024. 

Comment va évoluer la situation politique ? L’opposition des partis de l’Espoir soutenus par des groupuscules nouvellement créés sera largement présente en son et en images mais sans mettre en danger le régime actuel. On devrait encore gérer l’effet Woody Woodpecker perché sur le bois de rose. 

Toutefois, dès le mois prochain, on serait déjà en mesure de jauger de la capacité du PMSD et de ses nouveaux alliés à rallier les habitants de la deuxième île de la République de Maurice. Xavier Duval aura l’occasion de montrer de quel… bois il se chauffe avec ces élections régionales à Rodrigues prévues le 13 février 2022. 

Quant aux groupuscules non-Espoir, ils sont condamnés à fonctionner comme des alliés objectifs de Pravind Kumar Jugnauth mais aussi de Navin Ramgoolam. En effet, ils pourraient ponctionner quelques centaines de votes dans les circonscriptions surtout urbaines aux dépens du MMM et du PMSD. Dans une situation de lutte à trois, ces groupements pourraient aussi jouer en faveur des Travaillistes toujours dans les villes. 

Les Travaillistes, eux, se retrouvent devant trois options, les deux premières semblant vraiment irréalisables. Dans le premier cas de figure, l’Espoir accepte Navin Ramgoolam comme Premier ministre de transition, avec des conditions qui rendent cette opération crédible. Dans ce contexte, on assisterait à un match direct Navin-Pravind. 

La seconde option des Rouges, c’est une alliance avec le MSM, ce dernier se faisant beau en se débarrassant de toute la graisse nocive accumulée depuis 2015. Navin Ramgoolam devrait bénéficier de concessions très importantes de la part de Pravind Jugnauth afin de rassurer ses partisans urbains. Autrement ce sera une catastrophe comme en 2014, Pravind Jugnauth jouant le rôle de Paul Bérenger comme l’épouvantail. Une majorité de sièges pourrait être logiquement acquise dans les circonscriptions rurales avec la formule Navin-Pravind pou gard pouvwar dan nou lamé mais sa performance en régions urbaines resterait problématique. 

La troisième option des Travaillistes consisterait à se préparer pour une lutte contre tout le monde, le MMM, le PMSD et leurs alliés d’une part et le MSM, de l’autre. Dans ce scénario, les Travaillistes devraient tout d’abord causer un maximum de dégâts à Pravind Jugnauth dans les régions rurales. Et convaincre en même temps les électeurs urbains que c’est seul Navin Ramgoolam, et non pas Paul Bérenger, Xavier Duval, Nando Bodha et Roshi Bhadain, qui réunit tous les atouts nécessaires pour débarrasser le pays de la dynastie Jugnauth. Il ne serait pas impossible dans ce cas de danger commun que le MSM, le MMM et le PMSD se mettent vite en ménage pour chanter la gloire de Pravind Jugnauth comme un Premier ministre particulièrement remarquable. 

Mais on est toujours en 2022 et il reste encore deux ans au moins avant 2024 pour que le gouvernement continue allègrement avec l’allocation de gros contrats, des transferts d’argent de la Banque de Maurice et la nomination des mignons pour contrôler et contrôler davantage les institutions. Le MSM pourrait encore orchestrer un saignement généralisé dans les forces de l’opposition en organisant des élections municipales et laisser les loups se dévorer entre eux. 

En attendant le long-métrage de 2024, que le grand peuple se délecte des ‘réclames’ de savate Dodo, de cookroocookoo, d’acrobaties sur un desk officiel. Comme le dirait l’Américain, u ain’t seen nothing yet.