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Vaccins, Ukraine et Kaliyug…

27 février 2022, 09:58

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Le New York Times du 21 novembre répond en partie à une question qui flotte depuis que la 3e dose est d’actualité localement (*).

La question ? Après la 3e dose, y aurait-il besoin d’une 4e , puis d’une 5e , puis d’autres encore ? La réponse : pas avant de nombreux mois et peut-être même des années, selon une série de quatre études qui viennent d’être publiées. Trois doses de vaccins – parfois même deux selon les vaccins – suffiraient à protéger la plupart des gens des formes sérieuses de la maladie, voire de la mort, selon ces études. C’est une excellente nouvelle ! Malheureusement, cette nouvelle concerne seulement les vaccins étudiés : mRNA américains de Pfizer et Moderna, mais aussi Johnson & Johnson et Novavax.

Le consensus semble être qu’au-delà de la 1ère ligne de défense des anticorps, dont la présence semble s’effacer après quatre à six mois, les cellules T, qui sont beaucoup plus compliquées et difficiles à étudier, sont, en revanche, suffisamment stimulées pour résister au Covid et à ses mutations pour de nombreux mois, voire des années. On explique cela en soulignant que si les anticorps reconnaissent seulement deux ou trois parties clés de la protéine Spike du virus, les cellules T en détectent bien plus, ce qui maintient largement leur efficacité, même quand le virus fait ses mutations inévitables.

De plus, les immunologistes expliquent que les cellules B de notre fabuleux système immunitaire gardent en mémoire le profil du virus et stimulent ainsi la production de vagues d’anticorps dans les quatre à cinq jours après avoir confronté le virus à nouveau. Autres constats : les cellules mémoire B générées par des infections plutôt que des vaccins semblent être, selon l’institut Karolinska de Suède, par exemple, moins puissants. Comme rien n’est jamais parfait ou à 100 %, la grande efficacité des cellules T dans le temps ne tient pas pour à peu près 20 % de l’humanité. Dans ces cas, leur efficacité peut alors être jusqu’à 60 % inférieure. On sait aussi déjà que les comorbidités compliquent toutes les situations…

Il reste évidemment encore des inconnues. À quelle cadence est-ce que les cellules T déclinent dans le corps, par exemple. Ou encore, est ce que les vaccins plus largement utilisés à Maurice (AstraZeneca, Covaxin, Sinopharm, Spoutnik…) stimulent aussi les cellules T et B avec les mêmes résultats ? Le ministère de la Santé a-t-il des réponses à partager avec nous ?

***

Le comportement de M. Poutine face à l’Ukraine est effrayant et indigne du 21e siècle.

Retour en 2014 pour un peu de contexte ? C’est l’année où le président Ianoukovytch et nombre de ses ministres fuient l’Ukraine, le 22 février, après les vastes protestations publiques, dites de Maïdan, qui débutent en novembre 2013 pour protester contre le fait que l’Ukraine n’ait pas encore signé d’accord avec l’Union européenne parce que des lois, pourtant promises, n’avaient pas encore été votées. La Crimée, dont 77 % des habitants parlent encore russe (le russe est aussi majoritaire dans le Donbass, dans l’Est), s’insurge contre Kiev et le rêve européen. Il faut savoir que les élections de 2010, qui mènent Ianoukovytch au pouvoir face à Yulia Tymochenko (autre personnage contesté, emprisonnée 3 ans durant par Ianoukovytch. Vous vous souvenez peut-être de ses tresses ?) avaient été extrêmement serrées (49 % vs 46 %) et finalement controversées, Tymochenko évoquant un vote largement truqué dans les régions de l’Est… Début 2014, Sébastopol, la ville la plus russe, s’agite contre Kiev et les Russes s’infiltrent pour protéger la route y menant. À côté, en Crimée, les partisans pro-Russie et pro-Europe s’affrontent. Le 27 février, les forces spéciales russes se saisissent du Parlement. Avec les ‘petits hommes verts’ en couverture, une session spéciale du Parlement dissout le gouvernement en place et remplace le Premier ministre Mohyliov par Aksyonov, dont le parti avait obtenu… 4 % des votes aux élections précédentes ! Ce vote parlementaire est fait sous la contrainte, avec des menaces, y compris par les armes et le nouveau PM fait appel à Poutine pour assurer la «paix et la tranquillité». On cache l’identité des ‘petits hommes verts’ pendant des semaines jusqu’à la déclaration adorable de Lavrov, ministre des Affaires étrangères russe, le 17 avril : «Il n’y a pas de troupes excessives en Ukraine»… Le 18 mars, la Crimée et le port Sébastopol rejoignaient la fédération russe. Dans le Donbass, c’est plus compliqué et ça reste flou jusqu’en 2021.

Selon Al Jazeera, en novembre 2021, on repère pour la 1ère fois, des mouvements de troupes russes à la frontière ukrainienne. Le 7 décembre, Biden prévient Poutine de sanctions économiques sévères si la Russie envahit l’Ukraine. Le 17 décembre, la Russie explicite ses demandes sécuritaires et exige que l’OTAN cesse ses initiatives en Europe de l’Est et s’assure que ni l’Ukraine, ni d’anciens membres de l’URSS ne rejoignent jamais l’OTAN. Le 3 janvier, Biden assure Zelensky, démocratiquement élu en 2019, que les États-Unis prendraient des actions décisives s’il y avait une invasion de l’Ukraine. Le 10 janvier, les Russes et les Américains se parlent à Genève et ces derniers disent ne pouvoir accepter les exigences des Russes. Le 24 janvier, devant la montée de l’armée russe aux frontières à plus de 100 000 hommes, l’OTAN renforce sa présence à l’Est et 8 500 soldats US sont placés en état d’alerte. Le 26 janvier, les Américains font une réponse écrite à Moscou et le lendemain, Biden prévient d’une invasion probable en février et la Chine invite à considérer sérieusement les demandes sécuritaires, ditelle, ‘légitimes’ des Russes. Le 28 janvier, les Russes disent être prêts à la diplomatie et Zelensky reproche à l’Ouest de créer la «panique». Le 31 janvier, match russo-américain aux Nations unies et l’envoyé russe martèle que c’est Washington et ses alliés qui font monter la tension malgré les assurances répétées de Moscou qu’il n’y aucune invasion de prévue, ce que répète Poutine le 1er février. Le 6 février, le Pentagone estime que 70 % de la montée en puissance russe nécessaire à l’invasion est une réalité. Le 8 février, Macron, après quatre heures avec Poutine, déclare que Moscou ne va pas aggraver la crise ukrainienne. Il est cependant désavoué par le Kremlin. Le 10 février, la rencontre Lavrov/Truss est décrite par les Russes comme une conversation «entre un sourd et un muet», mais rassurait que le renforcement des troupes soviets ne «menaçaient personne» et seraient réduites après les manœuvres d’entraînement. Le 11 février, 3 000 soldats US débarquent en Pologne et nombre d’ambassades quittent Kiev et le lendemain, Poutine et Biden se parlent, le premier reprochant au second de ne pas répondre à ses anxiétés de manière satisfaisante. Puis, fausse campagne sur le ‘net’ pour persuader que l’Ukraine attaque les alliés russes au Donbass ! Le 21, c’est le début de l’invasion et 150 000 troupes russes sont envoyées par le Nord, le Sud et l’Est, pour sauver «la paix» et «dénazifier» l’Ukraine.

On ne sait pas où ça va se terminer, mais cette approche de Poutine renvoie clairement à celle de Hitler qui, en 1938, annexait le Sudetenland, pour ‘protéger’ la majorité allemande s’y trouvant, avant d’avaler la Tchécoslovaquie entièrement. Au départ, le Sudetenland (faisons le parallèle avec la Crimée) était, disait Hitler, sa seule exigence territoriale en Europe ! Poutine dit ni vouloir occuper l’Ukraine, ni vouloir «s’imposer par la force». La belle affaire ! Il suffit pour cela d’expédier 150 000 hommes chez le voisin et de demander que celuici dépose les armes, pour éviter de s’imposer par la force ? Ce n’est plus l’âge des empires passés ou des colonies, monsieur Poutine !

On croyait l’âge d’or de l’humanité (post 1950) terminé avec la pandémie du Covid et le défi climatologique ? Il sera définitivement enterré avec la montée et l’avènement des petites brutes qui font régner, un peu partout, le mensonge et la force, plutot que le dialogue et la démocratie. La situation est grave ! La Chine, 3e puissance militaire mondiale, est plutôt en soutien du délire russe quand elle pense à Taïwan et à la mer de Chine, mais le soutien nationaliste des Russes au Donbass leur pose sûrement des problèmes avec leurs Ouïghours, leurs Tibétains ou leurs Mongols… ? Cela dit, les sanctions économiques contre les Russes paraissent dérisoires, d’autant qu’on en garderait «en réserve si ça empire» ? On attend quoi ? L’annexion de la Finlande ?

L’ambassadeur russe à Maurice explique que la Russie respecte la souveraineté de tous les pays mais que l’Ukraine se disqualifie en ne respectant pas le principe «des droits égaux et des droits à l’autodétermination des populations». Allons bon ! C’est Poutine qui décide ! M. Xi est d’accord dans son propre cas ? Trump, pour ne pas être en reste, qualifie l’invasion de l’Ukraine de «géniale» car, remarque-t-il, Poutine prend un pays entier «pour 2 dollars de sanctions économiques» (**).

Il ne manque plus que son retour au pouvoir, celui-là, pour consacrer le kaliyug… L’âge de kali !

Et nous, que ferons-nous avec les vaccins Spoutnik et nos touristes russes ?


 (*) https://www.nytimes.com/2022/02/21/health/ covid-vaccine-antibodies-t-cells.html (**) https://twitter.com/american_bridge/ status/1496682759208775683?s=21