Publicité
Le PMSD bénéficie-t-il d’un «paradigm shift» ?
Par
Partager cet article
Le PMSD bénéficie-t-il d’un «paradigm shift» ?
Le PMSD bénéficie-t-il d’un paradigm shift en sa faveur dans le sillage des développements politiques que le pays ait connus depuis 2016 ?
Au moins quatre facteurs ont contribué depuis 2016 à refaire l’image du PMSD et le positionner comme un parti œuvrant contre l’autoritarisme du gouvernement et en faveur des intérêts de la population. En effet, le PMSD a été longtemps perçu comme un parti de jouisseurs attachés aux prébendes et aux bénéfices du pouvoir, d’où son inféodation soit aux Travaillistes, soit aux Jugnauth, appâté par des sièges ministériels, aux nominations et aux fêtes aux frais du gouvernement.
Quand un lundi 19 décembre 2016 le PMSD démissionna du gouvernement plutôt que de laisser le MSM abolir l’office du Directeur des poursuites publiques (DPP), ce fut un événement vraiment remarquable dans l’histoire de ce parti. Quand on note actuellement avec quel enthousiasme des femmes et des hommes de l’opposition se laissent prendre au «bout» de l’hameçon tendu par le MSM, le geste du PMSD en décembre 2016, après avoir aidé à porter les Jugnauth au pouvoir en décembre 2014, contribua grandement à sauver l’indépendance de l’office du DPP, probablement la seule institution qui n’ait pas encore été noyautée par le pouvoir politique.
Le second facteur qui a contribué à redorer le blason du PMSD, c’est la façon dont le MMM l’a accueilli dans son alliance de l’opposition. Le PMSD était jusqu’ici un domaine tabou au MMM, où on scandait automatiquement des slogans genre «Duval assassin ! Duval assassin !». Maintenant, le PMSD se voit réhabilité au point de pouvoir sans complexe opérer en MMM Territory. L’histoire dira si ce n’est pas un baiser de mort que Xavier Duval a donné au leader du MMM.
Troisième facteur, le PMSD a certainement mérité des galons depuis que Xavier Duval occupe les fonctions de leader de l’opposition au Parlement. Il est vrai que le speaker Sooroojdev Phokeer, opérant comme un bouncer raffermi par un régime de chopine-six, est prompt à saisir son chasse-mouche pour assommer le moindre insecte sorti des bancs de l’opposition. Mais Duval a impressionné les Mauriciens par la façon dont il a levé des lièvres cachés dans les bas-fonds scandaleux et mafieux du pouvoir. Il n’y a personne dans les rangs de l’opposition qui aurait pu faire mieux que lui.
Enfin, en raison de son rôle déterminant dans le démantèlement du régime Serge Clair à Rodrigues, le PMSD prouve qu’il pourrait fonctionner avec efficacité au niveau de tout le territoire de la République. Aucun autre parti politique basé dans l’île principale n’aurait pu mener de telles manœuvres à Rodrigues.
Le PMSD se fera-t-il juger à sa propre valeur lors des négociations inévitables qui seront entamées dans une première étape pour les élections municipales, ensuite pour les générales ? La montée en force du PMSD se ferait forcément aux dépens d’autres alliés éventuels. Toutefois, le MSM est bien armé pour jouer en empêcheur de tourner en rond. Il incombe au MSM de décider de la date des élections générales. En jouant avec le timing de ces élections tout en finançant d’autres défections du MMM, Pravind Jugnauth pourrait désarticuler davantage une opposition largement divisée et incapable jusqu’ici de se présenter comme une menace directe et crédible au MSM pour la grande consultation de 2024.
Publicité
Les plus récents