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Presse oppressée, CCID trop pressé: Emma et ses «pistas»…

13 juillet 2022, 13:54

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Ses «pistas», Emma les achetées samedi soir. Des salées, des grillées, des bouillies, en attendant ce mardi fatidique et l’émission de l’express, lors de laquelle l’homme qui porte un nom de cerise en anglais avait promis de broyer les noix (de Cajou) des sniffeurs voulant sniffer. Ses paquets, elle aurait pu les ouvrir plus tôt que prévu, dès le matin, car le film avait déjà commencé. 

Les acteurs principaux de ce navet – sorte de remix pas du tout scénarisé d’Inception et de Brice de Nice, mais en moins drôle : les enquêteurs du Central Criminal Investigation Department (CCID). Dès la veille, nous avions eu vent du fait qu’ils allaient essayer de faire capoter l’interview. Puis, hier matin, les messages se sont mis à pleuvoir sur les groupes de rédaction : arrestation imminente de «SS», interpellations de journalistes, interrogations, suspense. 

Pendant que notre collègue Axcel Chenney se gominait les cheveux, hésitait toujours entre sa chemise rose-gato-coco ou blanche, sur le terrain, «Pruneau» & Co. s’étaient déjà rendus chez «Cerise». «Eh met mo bann pistas bwi touzour pou tanto…» Emma, elle, attendait toujours le soir avec impatience. Le CCID sniffait alors les alentours de la maison de l’ancien CEO de Mauritius Telecom, prenant des photos de sa demeure sise à Ébène, effectuant des patrouilles, ne sachant pas trop, semble-t-il, sur quel pied danser. Dans le ciel, le Supercopter de la police virevoltait, tournoyait, telle la mèche rebelle d’Al Khizr pendant le live. 

Notre confrère a bien tenté de la dompter pendant qu’il interviewait son «boss», Nawaz Noorbux, à qui les enquêteurs ont rendu une petite visite de courtoisie… «Zonn vinn démann mwa ki mo pou manzé pou petit-déjeuner», ironisera-t-il. Au moins, ils auraient eu une question à poser puisque, semble-t-il, tels des «krapo» aux manières peu princières s’invitant à la fête de la mare, nos «polico» ont débarqué dans les locaux sis à la rue Labourdonnais sans savoir quoi demander au Directeur de l’information de Radio Plus. Étaient-ils si pressés d’oppresser la presse ? 

«Eh ki pou arivé-la? Pou aret Sherry, pa pou aret li? Interview tanto, pou éna pa pou éna ? Bizin ramas mo pistas?» Les questions d’Emma fusaient, tout comme au sein de la rédaction et de la population. Au même moment, au Parlement, le Premier ministre répondait aux questions de l’opposition au sujet du «sniffing». Sans donner de réponse concrète et précise au sujet du «survey» de la discorde et tout en avouant qu’il est allé porter plainte contre Sherry Singh. Les yeux plissés comme deux coques de «pistass» molles, il a aussi traité Ehsan Juman de «laryaz», quand celui-ci a osé prononcer le mot trahison. Une petite mise en bouche qui valait bien quelques «gram bwi» ou du pop-corn. 

16 h 15 et Emma tenait toujours à avaler ses «pistass». «Ki dévelopman ? Bizin kit travay boner ou pa la ? Hein ?» De l’autre côté, ses lunettes de soleil vissées sur le nez, vêtu de son costume, Sherry Singh, cheveux au vent, sous une bise légère, répondait aux questions de notre confrère Stewelderson Casimir et des autres journalistes. «Oui, mo touzour pé al lor plato l’express tanto…» 

19 h 30. Les «pistas» d’Emma sont disposées dans six bols différents. Comme des milliers de Mauriciens, elle s’apprête à suivre le live tant attendu. «Bé nou get sinéma aster…»