Publicité
L’entrepreneuriat féminin sans parité
Par
Partager cet article
L’entrepreneuriat féminin sans parité
Par entrepreneuriat féminin, on entend une entreprise possédée et dirigée par une femme qui détient la majorité de son capital et en assume la direction. La position des femmes entrepreneurs est spécifique : elles doivent assumer le fait d’être une femme et le fait de diriger une entreprise. Reste que le paradigme économique, n’en déplaise aux aficionados de la parité, est le même pour tous : l’entrepreneur évolue dans un environnement de risques, d’incertitudes et de changements, toujours imprévisible et instable.
Malgré tous les efforts des autorités, l’entrepreneuriat féminin reste encore peu développé à Maurice. C’est en puisant dans les Fonds spéciaux que le gouvernement consacre Rs 5 millions au «Sustainable Women Entrepreneurship». On pourrait croire qu’une politique de l’entrepreneuriat féminin ne serait pas possible. Esquissons dix propositions pour le promouvoir de façon résolue.
Un, améliorer la connaissance de l’entrepreneuriat féminin. Il n’y a pas de reconnaissance sans connaissance. La femme entrepreneur a le sentiment de ne pas être prise au sérieux dans le monde des affaires. Ce manque de reconnaissance est une cause majeure des problèmes de financement et d’accès aux marchés.
Deux, encourager l’esprit d’entreprise dans le monde féminin. C’est ainsi qu’on contribuera à la reconnaissance de la femme entrepreneur qui doit être perçue comme un modèle attractif que d’autres femmes désirent suivre et comme un modèle respecté par tous. Il faudra introduire, dès le plus jeune âge et à tous les niveaux du système éducatif, une sensibilisation des jeunes à l’importance du modèle entrepreneurial, à son rôle économique et social positif. On ouvrira ce modèle, sur la base de l’égalité des chances, aux femmes comme aux hommes.
Trois, favoriser la reconnaissance sociale de l’entrepreneuriat féminin. On organisera des campagnes de sensibilisation avec le soutien des médias qui jouent un rôle essentiel dans le processus de reconnaissance. Très primordial est l’engagement du monde politique (l’ensemble des élus jusqu’au niveau le plus élevé de l’État) en faveur de l’entrepreneuriat féminin.
Quatre, impliquer les pouvoirs publics dans l’entrepreneuriat féminin. Un comité interministériel pour celui-ci contribuera fortement à la visibilité des actions développées. Il faudra une synergie entre tous les ministères concernés par le développement économique.
Cinq, mieux connaître les obstacles rencontrés par les femmes entrepreneurs. Le manque d’accès à l’Internet et d’investissement dans l’équipement informatique en est un. L’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication devra être vulgarisée parmi les entrepreneuses.
Six, faciliter le financement de l’entrepreneuriat féminin. Les banques à capitaux publics peuvent mettre des financements spécialisés à la disposition des femmes entrepreneurs. De même, l’Industrial Finance Corporation of Mauritius peut créer un fonds ciblé sur les entrepreneures.
Sept, développer des actions de formation adaptées à l’entrepreneuriat féminin et à ses conditions d’exercice dans le contexte des entreprises individuelles de petite taille. Il convient de faire admettre aux formateurs et aux consultants qu’il faut apprendre à «penser petit», ce qui n’est ni péjoratif, ni dévalorisant. Qu’ils considèrent la nécessité pour la femme entrepreneur de concilier la gestion de l’entreprise famille et celle de son entreprise proprement dite.
Huit, trouver des solutions de compatibilité entre vie familiale et vie professionnelle. C’est crucial pour la réussite des femmes qui développent leur entreprise à domicile, surtout dans une période où elles ont encore des enfants en bas âge. Il demeure que le succès d’une femme entrepreneure dépend des choix qu’elle fait, non pas en tant que femme, mais comme entrepreneure.
Neuf, établir des réseaux d’entrepreneuriat féminin, de formation et de conseils spécialisés en management. Il existe trois types de réseaux. Le premier est d’aider les femmes à former leur entreprise et de les accompagner dans leur développement ; le deuxième est d’exercer un pouvoir d’influence en obtenant des postes de décision dans les organisations publiques ; et le troisième est de permettre aux membres du réseau de faire des affaires. Dans des réseaux plus complexes, on combine les objectifs des deux premiers types, et on élargit le champ d’action au-delà du seul entrepreneuriat. L’action des réseaux peut toutefois être limitée par la modicité de leurs moyens financiers et par la faible sponsorisation privée.
Dix, développement du mentorat et de l’encadrement. La valeur de l’exemple ainsi que les conseils de femmes ayant une pratique suffisante de l’entrepreneuriat peuvent aider les créatrices dans la phase de préparation et de mise en place de leur projet ; et dans le suivi durant les années de lancement. Les réseaux peuvent faciliter la recherche de marraines ayant la compétence et la disponibilité nécessaires. Ils peuvent soutenir des efforts intensifs de recherche quantitative et qualitative sur l’entrepreneuriat féminin.
En conclusion, une politique de l’entrepreneuriat féminin ne vise pas à atteindre la parité entre les femmes et les hommes dans la vie économique. Elle doit plutôt adopter cinq démarches. La première est orientée vers le développement des petites entreprises. La deuxième associe secteur public (départements ministériels) et secteur privé (entreprises, banques, organisations professionnelles) dans la recherche de solutions. La troisième suit de près les conditions de financement des petites entreprises. La quatrième utilise les compétences des universitaires et des consultants pour réaliser des études nécessaires à une meilleure compréhension des faits économiques. Enfin, la cinquième valide les formations spécifiques à l’entrepreneuriat féminin. Vaste programme !
Publicité
Les plus récents