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Pour l’Histoire : Malgré les ‘gimmicks’ de Savate Dodo, Vishnu Lutchmeenaraidoo reste toujours imbattable

3 juin 2023, 09:35

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On a assisté ces derniers jours à un véritable build-up médiatique et un exercice de culte de la personnalité de Renganaden Padayachy. On s’est livré à un battage pour faire accroire que le budget 2023-24  serait un événement marquant dans la vie de tous les Mauriciens. 

Au fait, depuis l’accession de Vishnu Lutchmeenaraidoo aux fonctions de ministre des Finances en 1983, l’exercice budgétaire est présenté comme un enjeu majeur pour le pays. Avec maintes allusions à un personnage lâché du Paradis et gratifié du titre grandiloquent de Grand argentier. Comme si la personne opère une usine qui pond de l’or pour le plus grand bénéfice des Mauriciens.

Du temps de Sir Veerasamy Ringadoo comme le fidèle ministre des Finances de Sir Seewoosagur Ramgoolam, l’attention des Mauriciens était surtout braquée sur le quantum d’augmentation qui allait frapper la cigarette, le rhum et la bière. On s’intéressait aussi aux barèmes de l’Income Tax. Sir Veerasamy marquait une pause avant d’annoncer la hausse qui touchait directement les fumeurs et amateurs de la bouteille. Au fait, c’était un autre monde car outre l’impôt sur le revenu, les taxes sur différents produits finançaient la caisse de l’Etat.

À partir de 1983, après le départ des Travaillistes, le parti nouvellement né dans le pouvoir, le Mouvement Socialiste Militant (MSM),  allait inaugurer un nouveau style avec Vishnu Lutchmeenaraidoo (VL) comme ministre des Finances. Haut fonctionnaire ayant fait ses débuts en politique à l’intérieur du MMM,  VL allait vite faire de la présentation du budget l’événement majeur de l’année. VL avait fait ses études universitaires en France et il venait d’une prestigieuse famille de planteurs et de professionnels.

Avant son entrée en politique, le jeune fonctionnaire VL ne laissait pas insensibles les autres à son ministère. Il disait souvent que si jamais il y avait un débat public l’opposant au  personnage mythique qu’on prenait pour le plus grand spécialiste de l’économie et de la finance, il battrait certainement ce dernier. Il ne tarda pas à être accueilli discrètement dans une cellule de réflexion économique du MMM où il formula de grandes propositions économiques qui allaient être présentées par le MMM aux élections de 60-0 de 1982. Quand une crise interne se déclara au MMM, VL tourna le dos aux Mauves et se rallia à Anerood Jugnauth qui devait par la suite créer le MSM. 

En tant que ministre des Finances à partir de 1983, VL prouva qu’il était plus compétent que Paul Bérenger qui avait obtenu le portefeuille des Finances en 1982, que le grand spécialiste du secteur privé n’était qu’une création  du passé colonial et que c’est lui, le grand Vishnu,  qui avait des propositions pouvant sortir le pays de son sous-développement. 

Effectivement, de 1983 à 1990, année après année, les différentes mesures de VL solidement soutenues par Sir Anerood, devaient placer Maurice dans un nouveau palier de pays en développement.  Les Mauriciens par centaines de milliers eurent l’occasion et les moyens de voyager à l’étranger. Les familles se virent offrir l’opportunité d’acheter divers items électroménagers et de bien s’habiller. Une mesure spectaculaire fut  l’abolition de la taxe sur le lecteur vidéo. 

La réalisation la plus marquante de VL fut le remboursement en 1988- avant terme- des dettes du pays. Pour pouvoir se livrer à une comparaison objective entre le ministre des Finances Lutchmeenaraidoo et le Grand argentier Padayachy, il faudrait savoir quand ce dernier parviendrait à rembourser les dettes internes et externes du pays.