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Ça chauffe… ça chauffe …
Il fait de plus en plus chaud sur la planète ! Ces jours-ci, c’est dans l’hémisphère nord surtout que cela se passe. Une vague de chaleur sans commune mesure avec le passé déferlait ainsi sur Porto Rico et les Caraïbes au début de juin avec une pointe de 52 °C. Au Mexique dans le même mois, les états du Nord, dont Sonora, enregistraient des températures allant jusqu’à 49 °C. La ville de Phoenix dans l’état de l’Arizona en est à son 20e jour de suite de températures au-delà de 43 °C et a connu, lundi, une pointe de 47°C.
En Europe, ils en sont à leur deuxième vague de chaleur cet été. Le thermomètre a atteint 44 °C en Espagne et en Grèce ; 40 °C au Portugal ; et on prédit 48 °C pour l’Italie, après avoir enregistré 41,8 °C à Rome. En Afrique du Nord, l’Algérie, la Tunisie et le Maroc sont régulièrement cuits à plus de 45 °C. En Chine, on a enregistré 40 °C à Pékin et un record de 52 °C au Xinjiang, comme si les Ouighours n’en avaient pas assez bavé déjà. Le Japon n’est pas en reste, affichant des records de chaleur…
Pour mettre tout ça en perspective, il faut souligner que les physiologistes s’accordent à dire qu’un être humain ne peut pas tenir longtemps une température humide (wet bulb temperature) de plus de 35 °C, parce que le corps humain ne peut pas alors perdre avec efficience la chaleur qu’il génère à sa température normale de 37 °C. Une forte humidité complique évidemment le problème. Les vieux et les jeunes enfants sont généralement les plus vulnérables.
Un certain degré d’acclimatation est possible : une vague de chaleur en Europe du Nord dérangera et tuera plus qu’en Europe du Sud, par exemple. Néanmoins, il a été estimé que 61 000 personnes sont mortes des grandes chaleurs, en Europe, en 2022 déjà, étant entendu que si le corps est mis à contribution, seuls 20 % de l’énergie consommée bougent des muscles ou font fonctionner la cervelle, alors que 80 % sont dissipés en chaleur ! Le monde en surchauffe nous promet donc plus de siestes…
Nous prenons connaissance de ces extrêmes de température avec détachement à Maurice, d’abord parce que nous sommes en hiver et ensuite parce que la plus forte température jamais enregistrée ici ou dans nos dépendances date de janvier 2020, à l’île Raphael, dans l’archipel de St-Brandon, une température qui n’atteignait… que 35,6 °C ! Et nous avons apparemment des raisons scientifiques d’être flegmatiques puisque l’hémisphère sud est en général plus froid et bénéficie d’une atmosphère plus propre, même si elle est plus sujette à des tempêtes…(*)
Il faut cependant craindre que nos étés mauriciens ne deviennent aussi de plus en plus chauds, avec les effets de serre grandissants sur la planète à moins que l’axe de rotation de la terre qui est en train de bouger depuis le début des années 2000, au fur et à mesure que la calotte polaire fond et que nous déstabilisons encore plus la répartition des masses sur la planète, en pompant l’eau de nos nappes phréatiques, par exemple,(**) ne change les saisons encore plus en faveur de l’hémisphère sud que celui du nord !
S’il ne s’agissait que de températures extrêmes ! Malheureusement les extrêmes se font aussi sentir dans les pluies torrentielles et les inondations ! Il pleut plus fortement un peu partout dans le monde du Vermont au Nord du Japon, de la Corée du Sud au Congo, ou lors des moussons en Inde et au Pakistan. En parallèle, le dérèglement climatique est en train de produire plus de sècheresses en opposition aux inondations, et la disparition des glaciers sur les montagnes menace d’assécher bien des rivières et bassins d’alimentation. Comme en Uruguay ou au Pakistan(***)…
Mais retournons un instant à la question des températures globales pour souligner qu’il ne s’agit pas seulement d’une question de pointes extrêmes de température, puisque les moyennes aussi affichent les mêmes tendances troublantes. D’abord les deux graphiques montrent une hausse régulière de la chaleur moyenne de l’air et de l’eau de mer en surface de la planète, de manière parlante. Ensuite, fait notoire, les vagues de chaleur semblent débuter de plus en plus tôt. Pire ! Les études démontrent que ça semble s’accélérer, les températures qui progressaient par 0,18 °C par décennie entre 1970 et 2010 étant passées entre 0,27 °C et 0,36 °C per décennie depuis 2015 (@).
Pourquoi ?
S’il est reconnu qu’il est difficile de quantifier exactement l’influence humaine sur ces tendances, il y a peu de doute que cette influence augmente, comme nous le prédisait Al Gore dans An Unconvenient Truth, il y a 18 ans déjà ! Le milliard de population de 1804 a bien plus que 8 fois plus d’impact sur le climat, maintenant que nous sommes à 8 milliards d’humains, parce que les niveaux de vie moyens ont beaucoup augmenté entre temps… et que l’on vit, en moyenne, plus que deux fois plus longtemps depuis 1900 ! Plus d’humains vivant plus longtemps dans un monde où les standards de vie s’améliorent et où la «croissance» est un leitmotiv tant permanent que persistant, produisent bien plus de gaz à effet de serre, bien sûr, car les usines, cheptels, générateurs d’électricité, pollution, avions, véhicules et bateaux cargo croissent en parallèle… S’il est vrai qu’ils deviennent tous plus ‘efficients’, il est parfois des effets imprévisibles et même parfois pervers.
Prenez le seul cas des émissions de soufre. Sous forme d’oxyde (SO2) émis quand on brûle le charbon ou l’huile lourde ou le fuel ; cet oxyde, une fois relâché dans l’atmosphère, forme des particules de sulfate. On a reproché à ceux-ci, à raison, la pollution de l’air au point où cela cause de la pluie acide (acide sulfurique) qui aide à tuer les forêts, ainsi que des problèmes respiratoires qui tuent de la vie animale, y compris celle des humains. Alors, bien évidemment, on intervient depuis des décennies déjà pour réduire le taux de souffre dans les énergies fossiles ! Seulement voilà, ces sulfates aident aussi à créer des nuages de particules qui reflètent la lumière du soleil (comme les nuages de poussière provenant de volcans) et aident ainsi à tempérer le réchauffement de la planète…
Plus particulièrement, The Economist souligne l’effet des nouvelles réglementations pour l’industrie maritime depuis 2020, règlements qui avaient pour objectif de sauver jusqu’à 40 000 vies par an… Les émissions de soufre des flottes maritimes du monde ont ainsi bien été réduites par 80 % environ depuis 2020 et cela se voit dans la quasi-disparition des plumes de fumée détectables par satellite, qui suivaient tous les bateaux du monde. Des chercheurs pensent cependant très sérieusement que l’accélération du réchauffement de la planète (voir (@)) peut, en grande partie, être mise au compte des flottes maritimes qui fument moins et produisent moins de sulfates !
Moins de morts de sulfates et plus de morts de canicules ? Les apprentis-sorciers que nous sommes n’en sont pas à une folie près, d’autant que d’autres proposent d’injecter des sulfates dans la stratosphère pour créer des nuages artificiels qui nous protègeraient des rayons solaires…
Et tant qu’on y est, pourquoi pas ? Puisque face aux urgences climatiques où nous avons définitivement pris du retard(****), la race humaine choisit encore de gaspiller son temps et son argent à se faire du coude en mer de Chine, dans l’océan Indien et dans le Pacifique ; à dépenser encore plus dans l’armement qui ne peut que tuer et détruire, comme en Ukraine (Merci, M. Poutine !), à maintenir le faste royal chez certains (que ce soit les Windsor ou Rama X, roi de Thaïlande, qui se permet de visiter, dans son Boeing 777-300 privé, sa demeure secondaire près de Munich, avec une suite de… 250 personnes et une meute de 30 chiens !) ; à tolérer les inégalités les plus criardes et les frasques les plus absurdes, depuis le salaire mensuel de Ronaldo de Rs 806 millions, jusqu’à la plongée sous-marine coûtant USD 250 000 pour aller voir le Titanic et puis… mourir.
Certains parmi nous mériteront clairement la rôtissoire que nous promet le réchauffement planétaire, plus que d’autres. L’absurde, c’est que ceux-là même qui se qualifient feront partie des privilégiés qui se la couleront plus douce… et plus fraîche. Aux dépens des autres. Blottis qu’ils seront sous leurs climatiseurs, jusqu’ici eux-mêmes polluants(*****) et assurés de toujours trouver, quelque part sur la planète, de la neige, artificielle ou pas, pour assouvir toute nostalgie de ski alpin. Car ça fond aussi malheureusement. Partout !
(*) https://www.youtube.com/watch?v=Gn39FX4m7fM(**) https://www.nytimes.com/2023/06/28/climate/groundwater-earth-spin-axis.html
(***) https://www.dw.com/en/heat-wave-himalaya-glaciers-melting-flooding-deluge-asia-water-hydropower-pakistan-india/a-62514108
(****) https://lexpress.mu/idee/415487/ca-va-chauffer
(*****) https://www.scientificamerican.com/article/how-to-prevent-air-conditioners-from-heating-the-planet/
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