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L’évêque Durhône: événement sociologique révolutionnaire
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L’évêque Durhône: événement sociologique révolutionnaire
La décision du pape François de nommer Jean-Michaël Durhône comme évêque de Port-Louis constitue un événement sociologique révolutionnaire dans l’histoire de Maurice. Le nouvel évêque devient le troisième Mauricien après Jean Margéot et Maurice Piat à occuper de telles fonctions au sein de l’Eglise chez nous. Mais du point de vue purement sociologique, il est le premier Mauricien métissé et issu des grands courants d’immigration d’Afrique et d’Asie à être nommé chef de l’Eglise.
Événement inédit pour Maurice dans un contexte où on assiste dans plusieurs pays du monde au renversement de l’ordre établi et l’implantation de nouvelles valeurs. Dans les pays anglo-saxons, par exemple, le mouvement Black Lives Matter a contribué à introduire de nouvelles normes en politique, dans la vie culturelle et aussi dans le monde des affaires. C’est ainsi qu’on a vu une femme d’origine indo-jamaïcaine devenir la vice-présidente des Etats-Unis alors que Rishi Sunak dont les ancêtres sont venus du Kenya, de la Tanzanie et de l’Inde occupe actuellement les fonctions de Premier ministre de la Grande-Bretagne.
Il semblerait que le Vatican ne soit pas resté insensible aux grands courants qui remettent en question l’ordre établi et ce ne serait nullement le fait du hasard qu’en même temps que Jean-Michaël Durhône prenne les rênes de l’Église à Maurice, le pape a nommé Pascal Chane-Teng comme évêque de La Réunion. Décidemment, sous l’impulsion du Vatican, cette région de l’océan Indien connaît d’importantes innovations.
Ils seront nombreux les Mauriciens à se rendre au monument de Marie Reine de la Paix à Port-Louis demain dimanche 20 août pour assister à la cérémonie d’ordination comme évêque de Jean-Michaël Durhône. L’événement sera évidemment suivi par des centaines de milliers de Mauriciens d’ici et d’ailleurs grâce à des retransmissions assurées par nos médias.
Implantée dans le pays depuis plus de trois siècles, l’Eglise est restée une institution incontournable dans la vie des Mauriciens en raison de son engagement envers les fidèles et de son acharnement à défendre les grandes valeurs de notre société. L’Eglise est aussi connue pour son rôle déterminant dans le domaine de l’éducation dont ont aussi bénéficié, pendant presque deux siècles, un grand nombre de non-catholiques.
Puisqu’on s’est mis à briser le plafond de verre, certainement des débats seraient engagés sur l’accès au pouvoir politique et les cloisonnements infranchissables dans l’oligarchie économique. Gaëtan Duval en 1967 et Paul Bérenger subséquemment, lors de différentes élections générales, ont tenté sans succès de renverser la citadelle. Qui pourrait à l’avenir battre les clans qui contrôlent le pouvoir politique ?
Quant aux barons traditionnels, plutôt qu’à une remise en cause de leurs acquis, on assiste, en ce 21e siècle, à une consolidation de leurs assises ainsi qu’à leur conquête de nouveaux territoires économiques. Pourtant, un siècle de cela, des Gujadhur et des commerçants gujaratis de Port-Louis possédaient propriétés et usines sucrières.
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