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Des koustik encore jusqu’en mai 2025 ?

26 août 2023, 10:16

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Le Premier ministre, Pravind Kumar Jugnauth (PKJ), est tenu à dissoudre le Parlement au plus tard en novembre 2024, c’est-à-dire dans 15 mois. Mais PKJ pourrait bien repousser l’échéance des élections générales à mai 2025, c’est-à-dire dans 21 mois.

La question qui se pose depuis le mercredi 23 août est celle-ci : la toute nouvelle alliance PTr-MMM-PMSD restera-t-elle unie jusqu’en mai 2025, c’est-à-dire pendant les prochains 21 mois, si PKJ décide de s’agripper au pouvoir jusqu’à l’extrême limite permise par la Constitution du pays ?

Ce mercredi 23 août, le leader du MMM, Paul Bérenger, s’adressant à des militants à Plaine-Verte, a déclaré que le MMM a ses valeurs et ses principes et qu’il ne faudrait pas s’attendre à ce que le Parti travailliste et le PMSD fonctionnent comme le MMM.

Les adversaires de la nouvelle alliance, surtout les chatwas qui n’ont que les médias sociaux pour s’exprimer, ont sauté sur l’occasion pour y voir un signe de division car le leader du MMM chercherait à mettre son parti à un autre niveau en termes de valeurs par rapport à ses deux alliés du jour. Ce souci de faire la différentiation a été vu comme le premier d’une série de ‘koustik’, c’est-à-dire des numéros d’acrobatie politique auxquels aime se livrer le leader du MMM. Avec comme conséquence ultime la rupture même de l’alliance conclue par le MMM avec les deux autres partis.

C’est effectivement sur fond de pareils ‘koustik’ en 2014 que l’alliance entre les Travaillistes et le MMM était devenue tellement contre-productive que le MSM, qui au départ était soutenu par moins de 10% de l’électorat, finit par vaincre les deux géants qu’étaient Navin Ramgoolam et Paul Bérenger dont l’alliance prétendait pouvoir rallier 80% de la population.

Pourquoi cette déclaration du leader du MMM et surtout pourquoi avoir choisi Plaine-Verte pour faire état d’un souci de démarcation par rapport aux deux autres alliés ? D’après un professionnel des médias écrits et parlés, Paul Bérenger aurait constaté que le cas Kushal Lobine du PMSD avait eu un impact chez les partisans du MMM. C’est d’ailleurs pour la première fois de son histoire que le MMM se retrouve en alliance formelle avec le PMSD bien qu’il y ait eu un rapprochement passager entre Paul Bérenger et Gaëtan Duval en 1974.

Kushal Lobine fait face actuellement à un gel de ses avoirs car soupçonné d’avoir reçu des fees d’avocat à partir de fonds illégaux. Le message du leader du MMM se résumait au classique ‘pez nene bwar dilwil’ car l’objectif principal serait le renversement du gouvernement Jugnauth. Quant au choix de Plaine-Verte, il faudrait y voire sa portée symbolique. Plaine-Verte a été le bastion imprenable du MMM pendant quelques décennies. On ne pourrait empêcher un vétéran de revivre des moments de gloire down the memory lane.

Après les «valeurs» de Plaine-Verte, what next ? Les risques de ‘dérapage’ verbal restent énormes tant du côté MMM que travailliste. Xavier-Luc Duval du PMSD semble être le leader le plus prudent des trois. Donc, pas de feux d’artifice chez les coqs.

Chez les Travaillistes, outre Navin Ramgoolam qui a fait preuve d’une retenue clinique, d’autres dirigeants se sont fait remarquer par leurs envolées oratoires. Arvin Boolell et Shakeel Mohamed ne manquent pas de montrer aux Mauriciens de quel bois ils se chauffent.

On a assisté ces derniers temps à une nette montée en force de Patrick Assirvaden, un homme doté d’un ‘instinct’ politique remarquable. Au point que Patrick Assirvaden serait automatiquement vu comme le no 2 du Labour. Ce qui fait qu’il ne serait pas judicieux d’aller prendre le pari chez les bookmakers à l’effet qu’Assirvaden, Boolell et Mohamed ne tiennent pas des propos dérangeants en attendant mai 2025.

Sans que la majorité de l’électorat, surtout des électeurs des circonscriptions no 4 au no 14, ne soit convaincue que Navin Ramgoolam serait le seul challenger crédible de PKJ, les prochaines élections seraient gagnables par le MSM.

Et encore que le facteur anti-incumbency, soit le désir de mettre hors du pouvoir [bour li deor, d’après le langage des plus éduqués et modernes], contre le présent gouvernement serait si fort que Navin Ramgoolam remporterait une large victoire.

S’il y ait le moindre doute quant au leadership incontesté et incontestable de Navin Ramgoolam et si l’élément anti-incumbency ne serait pas si énorme, PKJ remporterait les prochaines élections. Et aussi celles de 2029 car tous les ‘anti’ actuels ne pourraient se relever de leurs cendres après 2024 à moins que le parti Malin parvienne à regrouper la majorité des Mauriciens. Donc, qu’on se prépare à voir PKJ accueillir Narendra Modi à l’aéroport de Plaisance en 2034.