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Guerre Israël-Hamas
Bloqués à Bethléem, une cinquantaine de Mauriciens soulagés de rentrer
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Guerre Israël-Hamas
Bloqués à Bethléem, une cinquantaine de Mauriciens soulagés de rentrer
Deux groupes de pèlerins sont à Bethléem, l’un mené par le père Mongelard et l’autre par Ally Nunkoo.
Leur pèlerinage a pris une tournure inattendue. Ces Mauriciens se sont retrouvés au cœur d’un affrontement entre le Hamas et Israël. Bien qu’ils fassent preuve de sang-froid face à cette situation sans précédent, leur principale préoccupation est de rentrer au plus vite à Maurice, où parents et amis les attendent avec impatience. Une bonne nouvelle en guise de dernier développement : une partie doit partir aujourd'hui, mardi 10 octobre, un autre groupe demain et un troisième jeudi.
Pendant que le monde est déjà secoué par le conflit entre l’Ukraine et la Russie, une autre guerre pointe à l’horizon. Israël a été pris au dépourvu par une attaque qualifiée de «la plus meurtrière de son histoire» et cet État a déjà lancé une contre-offensive envers les attaques du Hamas.
Alors que le bilan humain continue de s’alourdir depuis samedi, avec plus de 900 morts en Israël (incluant des étrangers) et près de 700 morts à Gaza, en plus des 1 500 corps d'hommes du Hamas qu'Israël dit avoir trouvé sur son sol, Maurice suit également de près les développements de cette guerre.
En effet, 54 pèlerins mauriciens (37 de foi catholique et 17 de foi musulmane) se trouvent actuellement bloqués à Bethléem et attendent avec impatience de pouvoir rentrer chez eux dans les plus brefs délais. S'ajoute un groupe de dix pélerins de foi bahá'íe, qui eux, sont à Haïfa, en Israël, six s'envoleront pour Maurice jeudi et quatre iront en Inde.
Bien que tous essayent de garder le moral, et que les nouvelles soient bonnes en ce mardi 10 octobre, la peur est omniprésente.
Missiles dans le ciel
Marie fait partie d’un groupe de 36 autres pèlerins, partis en Terre sainte depuis le 28 septembre. Jusqu’à samedi, leur pèlerinage s’était déroulé sans encombre. Cependant, tout a basculé ce jour-là. Marie raconte : «Nous nous sommes rendus à la basilique de la Nativité et c’est à ce moment-là que nous avons entendu un bruit assourdissant. C’était une explosion qui nous a glacé le sang.» Malgré cela, elle explique que le guide qui les accompagnait leur a dit de ne pas s’inquiéter car de tels événements sont courants. Cependant, lorsque les explosions se sont poursuivies, le guide a réalisé que la situation devenait sérieuse. Marie poursuit en disant : «Nous avons compris que la guerre avait éclaté. Nous avions prévu de nous rendre à Jérusalem pour visiter les marchés mais le guide nous a conseillé de rentrer immédiatement à l’hôtel.»
En réalité, en scrutant le ciel, Marie, tout comme les autres membres du groupe, a aperçu des missiles, mais ils ont d’abord pensé qu’il s’agissait simplement d’avions traversant le ciel. «Nous avons dû payer un supplément pour prolonger notre séjour à l’hôtel. Entretemps, les autorités mauriciennes ont demandé à chaque personne d’avoir un garant à Maurice, qui pourrait nous assister jusqu’à notre départ du pays.» Elle exprime sa gratitude envers le père Gérard Mongelard, qui les accompagne en cette période difficile. «Il sait comment nous mettre en confiance.»
En fait, le père Mongelard prend la situation avec philosophie en déclarant : «Je pense que nous sommes tous préoccupés. Nous ne sommes peut-être pas directement au cœur des événements, mais nous suivons l’actualité à la télévision et sur les réseaux sociaux. Cette tragédie est effrayante.»
De plus, des routes sont actuellement bloquées, des vols sont annulés et des frontières sont fermées. «*Nous sommes reconnaissants pour les nombreux messages de soutien que nous avons reçus depuis hier *(NdlR, dimanche), sans oublier l’appui de l’évêché et du gouvernement», confie le curé de Sainte-Hélène. Malgré les circonstances difficiles, le groupe essaie de garder le moral et le père Mongelard joue un rôle essentiel dans cet effort collectif. «Nous prions ensemble et nous sommes chaleureusement accueillis par les habitants de l’endroit où nous séjournons actuellement, qui nous considèrent comme leur propre famille. La solidarité au sein du groupe est d’une grande importance.» Nos compatriotes sont loin de Gaza, mais ils sont en territoire palestinien et doivent rallier l’aéroport de Tel-Aviv.
Afin d’éviter de rester enfermés dans leurs chambres, le groupe a décidé de passer une journée à faire du shopping. Marie ajoute : «Nous croisons des habitants dans les rues. Il est important de souligner que nous sommes loin des zones où se déroule ce conflit.» Le père Mongelard tient également à rassurer les familles des membres du groupe. «Nous sommes bien pris en charge et nous faisons tout notre possible pour rentrer au plus vite. Bien entendu, cela dépendra de l’évolution de la situation et de la réouverture des vols.» Son groupe pourra finalement prendre l'avion demain.
Forte escorte
Ce groupe peut également compter sur le soutien de Fadi Kattan, un ami du Mauricien Azad Domun. «J’ai pu parler avec le père, et je lui ai dit que si lui et les Mauriciens ont besoin de médicaments ou de soins, je peux m’arranger auprès de médecins sur place. Demain (NdlR, aujourd’hui), je pense que j’irai les voir.» Ce qui est sûr c’est que ce sera sous forte escorte, notamment celle de l’Organisation des Nations unies, que ce groupe sera conduit vers l’aéroport pour prendre son vol pour Maurice.
Un autre groupe de pèlerins de foi islamique se trouve également bloqué à Bethléem, parmi lesquels se trouvent Ally Nunkoo et 16 autres membres. Ces pèlerins sont attendus au pays après avoir effectué l’Umrah. Cependant, Ally Nunkoo, qui est également le responsable du groupe, indique qu’aujourd’hui, ils devraient tous prendre un vol pour la Turquie. Il précise : «Je pense que le vol est maintenu.» Il ajoute que la ville où ils se trouvent est relativement paisible. «Nous ne rencontrons aucun problème. La vie semble continuer normalement dans cette ville. Cependant, nous demandons à tous les membres de nos familles et à nos amis de prier pour nous afin que nous puissions obtenir notre vol de retour rapidement.»
Nous apprenons de source sûre que les responsables de Turkish Airlines à Maurice sont en contact avec le ministère des Affaires étrangères mauricien et avec les agences de voyages qui ont vendu des billets aux Mauriciens pour qu’ils se rendent en Israël. La compagnie d’aviation a repris ses vols entre la Turquie et Israël. Il nous revient que hormis les pèlerins, des étudiants mauriciens sont en attente d’un vol.
Keeshorlal Gungah : «ils sont en sécurité»
Le consul honoraire d’Israël à Maurice, Keeshorlal Gungah, affirme que les pèlerins mauriciens sont en sécurité. «Nous sommes en contact non seulement avec le ministère des Affaires étrangères mauricien mais aussi avec l’ambassade israélienne à Pretoria. Nous coordonnons les informations et appelons les Mauriciens qui se trouvent là-bas pour veiller à ce que tout se passe bien.» Il exprime également l’espoir que les agences de voyages prennent les mesures nécessaires pour que nos compatriotes puissent rentrer au plus vite. Toutefois, il ajoute : «J’espère que nous ne connaîtrons pas d’importation de cette violence à Maurice.»
Eli Belotserkovsky : «nous ferons tout pour que cela ne se reproduise pas»
L’ambassadeur d’Israël à Maurice, basé à Pretoria en Afrique du Sud, Eli Belotserkovsky, condamne fermement les attaques dirigées contre Israël. «Les attaques ont débuté samedi alors que le pays célébrait un jour férié. Dès 6 h 30 le matin, le pays entier a été réveillé par une attaque du Hamas, qui a ensuite poursuivi son offensive, causant de nombreuses victimes, en particulier parmi les civils. D’autres se sont réfugiés dans des abris souterrains. Le Hamas a utilisé des bateaux et creusé des tunnels pour atteindre ses objectifs.» Il ajoute que les Israéliens feront tout en leur pouvoir pour répondre à ces attaques et prévenir de nouvelles. «Nous mettrons tout en œuvre pour que de tels événements ne se reproduisent plus à l’avenir.» Et par rapport aux Mauriciens, il soutient que les aéroports sont ouverts et que certaines compagnies d’aviation opèrent toujours. «Ils n’auront qu’à demander à leurs agences de voyages de chercher un vol pour rentrer.»
Rencontre entre le ministre Maneesh Gobin et Mgr Jean-Michaël Durhône
Le ministre des Affaires étrangères, Maneesh Gobin, a rencontré Mgr Jean-Michaël Durhône, l’évêque de Port-Louis et chef de l’Église catholique à Maurice, à l’évêché, hier, pour discuter de la situation des pèlerins mauriciens bloqués à Bethléem, notamment en raison des perturbations du trafic aérien. Le ministre a communiqué les dispositions prises pour venir en aide à ce groupe de Mauriciens. L’évêque de Port-Louis a, quant à lui, assuré le ministre Gobin de la pleine collaboration du diocèse dans le cadre du dispositif d’assistance mis en place.
Maneesh Gobin a tenu à rassurer les pèlerins, ainsi que leurs familles à l’effet que le gouvernement attache de l’importance à la sécurité de ses ressortissants. L’ambassade de Maurice au Caire, en Égypte, et le consulat de Maurice à Tel-Aviv suivent l’évolution de la situation de près, le consulat maintenant une communication permanente avec les pèlerins mauriciens.
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