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Inondations à St-Jean

Bobby Hurreeram préfère des drains bien bétonnés

15 novembre 2023, 10:00

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Bobby Hurreeram préfère des drains bien bétonnés

Le ministre des Infrastructures publiques, Bobby Hurreeram, a eu du fil à retordre face aux questions du leader de l’opposition sur les travaux à St-Jean.

Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, voulait savoir hier du ministre des Infrastructures publiques ce qui a été fait depuis janvier 2022 après les inondations autour du cimetière de St-Jean. Nous apprendrons que le gouvernement a mis 22 mois pour faire des études sur les travaux à effectuer. Et ceux-ci n’ont pas encore commencé!

Dans sa réponse à la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, le ministre des Infrastructures publiques a assuré que les études ont commencé – il ne dit pas quand – après les inondations de la région de St-Jean entre janvier et mars 2022. On se souvient de l’autobus de la Corporation Nationale de Transport pris au piège sous les eaux… Bobby Hurreeram a expliqué que la construction d’un «retention basin» juste avant le cimetière a d’abord été envisagée, mais que cette solution a ensuite été rejetée en raison du danger que représentait ce bassin – il n’a pas expliqué lequel – pour les piliers soutenant la voie surélevée du métro.

Deuxième solution proposée : la réhabilitation et l’amélioration des réseaux existants – des drains en béton ou des swales et il ne le précise pas – pour augmenter le volume d’eau déversée vers le réservoir de La Ferme. Or, dit-il, la Water Resources Unit (WRU) y a objecté car la quantité d’eau reçue par ce réservoir est contrôlée ! On se demande pourquoi alors que ce réservoir n’est jamais rempli. Bref. Pour la WRU, il est préférable que cette précieuse eau se perde plutôt que de la stocker.

22 mois de réflexion…

Troisième solution: la construction d’un «detention basin». Or, le consultant choisi, Desai & Associates, n’a pu exécuter son rapport dans les délais. Et un autre consultant, Vyyaass Consulting Engineer Ltd, a été désigné pour des études qu’il a soumises en avril et en juin 2023 (NdlR, pas 2022). On ignore quel montant a été payé à Desai & Associates… Toujours est-il que Vyyaass Consulting Engineer Ltd recommande la construction de drains présumément pour apporter l’eau vers le «detention basin». Les travaux ont-ils commencé ? Non, il faut faire des analyses du sol dont le contrat vient d’être alloué à Gamma Construction Ltd en septembre. Et après ces études, le plan final a été approuvé le 6 novembre. 2023, pas 2022. Soit presque à la veille des inondations du 9 novembre et un an dix mois après les premières inondations de janvier 2022.

«Pourquoi tout ce temps ?» a demandé Xavier-Luc Duval. «Nous avons pris du temps pour trouver des solutions à long terme», a dit Bobby Hurreeram. Ou alors: «Il faut trouver des solutions holistiques…» Mot qu’il répétera plusieurs fois face aux questions de Duval. Comme lorsque ce dernier a voulu savoir comment les gros drains de l’autoroute peuvent apporter de l’eau aux plus petits drains à St-Jean. Le ministre s’est réfugié aussi derrière ses cadres qui sont «qualifiés et compétents». Mais qui donnent parfois des avis divergents. Pour cela, Hurreeram dit les comprendre. «C’est bien qu’il y ait des différences d’opinions!» À la fin, le ministre a avoué : «Mes cadres vont parfois trop vite. Et parfois, trop lentement par excès de prudence.»

Encore des drains

Et quels seront ces travaux? L’élévation de l’Old Moka Road sur 190 mètres à l’aide, bien sûr, de béton armé ; des drains en béton armé probablement à St-Jean sur l’espace vert, et un autre drain de 570 mètres sur l’autoroute. Combien de millions tout cela va coûter ? Bobby Hurreeram ne l’a pas dit. Sans compter les travaux au cimetière à la suite des dégâts causés le 9 novembre…

Quand Xavier-Luc Duval lui a rappelé que la Parliamentary Private Secretary (PPS) de l’endroit, Tania Diolle, avait annoncé sur une radio privée qu’il fallait prévoir l’évacuation des riverains et lui a demandé quelles mesures avaient été prises, le ministre a félicité la proactivité de Tania Diolle. «Où auriez-vous évacué ces personnes ? Et la nourriture ?» lui a encore demandé Duval. Pas de réponse de Hurreeram. «Passons!» s’est résigné le leader de l’opposition. «Que comptez-vous construire, des drains ou des puits ?» Car la réponse liminaire de Hurreeram était confuse sur ce point. Le ministre a éludé et a répété sa première réponse, tout en appelant le changement climatique à la rescousse.

Le leader de l’opposition a alors posé la question qui fâche : «Est-ce vrai de dire que les inondations ont commencé avec l’arrivée du métro à Quatre-Bornes ?» Pour rappel, le tracé du métro évite soigneusement Sodnac. Mais Hurreeram a lui aussi soigneusement évité la question et n’a répondu qu’à la deuxième partie de la question concernant les compensations à être payées aux victimes. «C’est aux ministères de la Sécurité sociale et des Finances d’en décider.» Xavier-Luc Duval est revenu sur le métro: «Où est le rapport complet d’impact environnemental du projet métro ? Et le Land Drainage Plan ? Pourquoi n’ont-ils pas été rendus publics ? Le feriez-vous maintenant ?» Las, Bobby Hurreeram a répondu : «Nous prenons note de vos demandes.» Et le rapport Suez sur les zones inondables qui ne mentionnent même pas les habitations de St-Jean, a demandé Duval. Hurreeram a alors bafouillé. «La question concernait St-Jean…» Et concernant le rapport d’impact environnemental, a repris Duval: «Y en a-t-il eu ou le projet en a été exempté ?» Hurreeram a encore une fois botté en touche face à son collègue : «C’est au ministère de l’Environnement d’en décider.»

À propos des conflits entre la PPS et le ministre de l’Environnement, tous deux élus de la circonscription, Bobby Hurreeram n’a pas encore une fois voulu en parler. «Les drains entre Phoenix et Pellegrin sont-ils bouchés ?» Et le ministre de répondre encore à côté, tout en faisant un aveu de taille : «Les drains ne visent pas à éradiquer les inondations mais à les mitiger.» Osman Mahomed, un ingénieur civil, a pu poser une question supplémentaire importante au ministre Hurreeram, qui n’y a cependant pas répondu : «Y a-t-il eu des déviations des eaux et des drains vers le cimetière de St-Jean avec la construction du métro ?»


Reza Uteem : «Plus on construit des drains, plus il y a des inondations»

C’était hier lors d’une conférence de presse de l’opposition après la PNQ sur les inondations. Pour Xavier-Luc Duval, la responsabilité de Metro Express Ltd (MEL) est clairement engagée dans le désastre de St-Jean, le 9 novembre. «Le projet métro a nécessité trop de bétonnage et a causé le blocage des drains existants entre Phoenix et Pellegrin.» Il dira plus tard que le métro est appelé à couvrir toute l’île. «Aurons-nous encore d’autres inondations ? La capacité des nouveaux drains est insuffisante.» Et de rappeler que Tania Diolle avait elle-même reconnu ce fait. «Il faut mettre fin aux conflits incessants entre la PPS et Kavy Ramano. Ils organisent des réunions séparément.» Le leader de l’opposition soulignera qu’en plus du projet métro, avec la disparition de terrains vagues à Quatre-Bornes, et «tous ces supermarchés et bâtiments», l’eau n’est plus absorbée et elle inonde les habitations. Xavier-Luc Duval a enfin annoncé que le projet métro a bien été exempté d’un certificat d’impact environnemental.

Arvin Boolell a comparé l’inaction des autorités face aux inondations aux musiciens du Titanic. Il juge aussi la déclaration du «Chief Executive Officer» de MEL, Das Mootanah, comme irresponsable et irréfléchie concernant les inondations à St-Jean. Et de prévenir qu’avec ces dénis, «si un autre mur s’effondre, on risque mort d’homme». Reza Uteem a constaté pour sa part que «plus il y a de drains, plus il y a d’inondations. Et l’absence d’entretien aggrave encore plus le problème». Le député du Mouvement militant mauricien s’en est pris à Bobby Hurreeram : «Il est choquant que le ministre n’ait pas été capable de dire quelles mesures il allait prendre après l’évacuation annoncée des riverains du cimetière de St-Jean.» Aussi: «Il est criminel de la part de ce gouvernement de cacher le rapport Suez sur les zones inondables.»

Osman Mahomed trouve, lui, inacceptable que Hurreeram fasse les éloges de ses cadres après ces inondations et le retard dans l’implémentation de mesures de sauvegarde. «Quant à la ‘Land Drainage Authority’, elle procède visiblement par ‘trial and error’. Si ce département a approuvé les travaux pour le métro, il doit être dissous.»