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Patrimoine national

Bonnes intentions pour sortir les vieilles pierres de l’enfer des dégradations

23 juillet 2025, 15:00

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Bonnes intentions pour sortir les vieilles pierres de l’enfer des dégradations

Photos : Archives de l'express

Trois mois déjà. Depuis la déclaration d’intention signée par le ministère des Arts et de la Culture, la partie française et la société civile pour avancer sur un dossier en souffrance depuis longtemps : la conservation du patrimoine national. La cérémonie de signature a eu lieu le 25 avril dernier.

Étape actuelle de la réflexion. «Mettre en place une structure de coopération et de gestion qui assure la conservation et la gestion des sites prioritaires.» Thierry Le Breton de l’ONG SOS Patrimoine en péril a l’avantage d’avoir d’une part, signé la déclaration d’intention du 25 avril dernier, lors de la visite d’état à Maurice, du ministre délégué français chargé de la Francophonie et des partenariats internationaux, Thani Mohamed-Soilihi.

D’autre part, Thierry Le Breton participe en ce moment aux discussions de haut niveau – en présence de l’ambassadeur de France à Maurice, Frédéric Bontems – qui s’inscrivent dans le sillage de la signature de cette déclaration d’intention.

La direction prise : aller vers la création d’une nouvelle institution capable d’assurer la conservation technique sur la durée. Une institution qui aurait vocation d’être, «non pas une police, mais plutôt un gérant avec une expertise de conservation, de promotion et de maintenance tout le long de l’année». Avant d’en arriver là, il faut prendre en compte, «la capacité juridique, administrative, financière», avec des partenariats tant au niveau local qu’international, explique Thierry Le Breton.

Les discussions autour du cadre légal de la future entité gestionnaire du patrimoine portent-t-elle sur l’autonomie de l’institution ? Une entité qui ne serait pas placée sous tutelle d’un ministère. «Cela pourrait eut être une institution autonome. Peut-être une fondation.» Une fois le statut défini, la source des budgets pourra être déterminée. Qui sait, l’institution pourrait être habilitée à recourir à des «mécanismes de financement participatif», en sus des fonds publics et des contributions éventuelles du secteur privé. Car Business Mauritius est aussi signataire de la déclaration d’intention. «Cela pourrait aussi être des dons de citoyens. Ou des clients qui paient l’entrée aux sites ou des partenariats internationaux avec des fondations. Les idées ne manquent pas», affirme Thierry Le Breton.

La panoplie de compétences dans ce domaine sont-elles disponibles ? Thierry Le Breton répond par l’affirmative. «Oui, il y a des compétences à Maurice, mais aussi des Mauriciens qui à l’étranger, qui aimeraient trouver des débouchés ici.»

Ces discussions de haut niveau, entre autorités locales, la partie française et la société civile promet d’être un processus de longue haleine. Un calendrier d’exécution a-t-il été défini ? «L’idée, c’est d’aboutir le plus vite possible à quelque chose. La priorité reste l’intérêt du bien commun et de tout un chacun», précise Thierry le Breton.

Une fois la rénovation acquise, l’autre étape sera de décider de l’utilisation future des sites. L’ancienne Cour suprême par exemple restera-t-elle dans le giron de la justice ? Qui sait, la cour d’appel qui est annoncée, y sera peut-être établie. Ou alors, ce bâtiment historique aura-t-il une toute autre utilité ? L’avenir tranchera.

*** 

Quatre sites prioritaires : évaluation des coûts

Avec la signature de la déclaration d’intention, quatre sites ont été mentionnés. Il s’agit du musée d’histoire nationale à Mahébourg, de Clarisse House, résidence officielle du Premier ministre, du jardin botanique de Pamplemousses et de l’ancienne Cour suprême à Port-Louis.

Express.mu (620 x 330) (15).png Ancienne Cour suprême : l’estimation préliminaire du coût des travaux grimpe à Rs 440,4 millions.

Pourtant, Thierry Le Breton précise que «la réflexion se poursuit. Nous verrons dans quelle direction elle évoluera». Si la liste des sites n’est pas encore gravée dans le marbre, n’empêche qu’une estimation des coûts d’une rénovation éventuelle de ces sites spécifiques fait partie des documents de travail mis à disposition des multiples parties prenantes. Une évaluation réalisée «sur une base volontaire. C’est le secteur privé qui souhaite montrer sa bonne volonté de soutenir cette démarche avec l’État mauricien». Ainsi, «c’est à ses frais que le secteur privé, avec une agence spécialisée, a fait un premier inventaire architectural des différents sites pour soutenir activement le projet de conservation». L’objectif est aussi de «montrer à l’État mauricien qu’il peut compter sur des expertises locales. C’est un signal sérieux et positif», souligne le représentant de SOS Patrimoine en péril.

Express.mu (620 x 330) (16).png Clarisse House, maison coloniale identifiée comme résidence officielle du Premier ministre pourrait coûter Rs 138,7 millions à rénover, selon une agence spécialisée privée. Durée prévisionnelle des travaux : 12 mois.

La fourchette de montants cités pour les éventuelles rénovations de ces quatre sites varie entre Rs 931 500 pour l’imposante grille en fer forgé du jardin botanique de Pamplemousses à Rs 440,4 millions pour la réhabilitation de l’ancienne Cour suprême. En passant par une estimation des coûts de Rs 72, 4 millions pour retaper le musée d’histoire à Mahébourg et un budget estimé à Rs 138, 7 millions pour remettre en état la maison coloniale inutilisée dans le climat humide des hauteurs de Vacoas, qu’est Clarisse House. Les durées estimées des travaux varient entre 12 à 20 mois.

Express.mu (620 x 330) (17).png La dernière rénovation du musée de Mahébourg remonte à l’an 2000. Vingt-cinq ans plus tard, les travaux de rénovation pourraient nécessiter un budget de Rs 72, 4 millions.

Pour Thierry Le Breton, «ce sont des petits montants». Même quand on se place dans la perspective des finances de l’État, qui sont au plus mal, avec des caisses qui sont vides ? Car l’État sera appelé à être le principal bailleur. «C’est une question d’investissement. Il y a environ 100 000 mille visiteurs par an au jardin des Pamplemousses. Le ticket d’entrée est à Rs 300 pour les touristes adultes. Ce sont déjà des revenus. Le jardin des Pamplemousses pourrait tout à fait avoir des investissements qui tiennent la route au regard des tickets d’entrée. L’important, c’est de dimensionner tout cela correctement, dans des modèles économiques adéquats», estime le défenseur du patrimoine.

Express.mu (620 x 330) (18).png Parmi les éléments du jardin botanique de Pamplemousses qui demandent une mise à neuf, figure la grille en fer forgé. Estimation des travaux : Rs 931 500.

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