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Questions à…
Bruno Raya: «Le budget 2024-25 ne considère pas la vraie priorité des artistes»
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Questions à…
Bruno Raya: «Le budget 2024-25 ne considère pas la vraie priorité des artistes»
Bruno Raya, artiste polyvalent de la musique et du divertissement.
Bruno Raya partage sa déception face au dernier Budget présenté, qu’il juge déconnecté des besoins réels des artistes mauriciens. Critiquant l’initiative de l’«Artist of the Year Award», il plaide pour des mesures concrètes et durables qui soutiendraient véritablement le secteur artistique à long terme. Raya appelle à une collaboration efficace entre le secteur public et privé pour améliorer la vie des artistes et faire progresser l’art à Maurice.
Que pensez-vous du dernier Budget du Grand argentier en tant qu’artiste ?
Honnêtement, je trouve que le dernier Budget est décevant. C’est triste mais je vais le dire comme ça. Ce Budget ne considère pas la vraie priorité des artistes. Il faut un Budget qui propose quelque chose de concret pour les artistes, quelque chose d’important et de durable qui va leur rendre service à vie pour les dix ou 15 prochaines années. Il n’y a pas de vrai plan. Je trouve que c’est un budget réchauffé. Li kouma sa bouyon bred mo’nn manze yer ek mo resofe pou manze zordi. Si mo pa manz li, li pou gate. Ki pe fer zorey gagn bon. On veut un plan crédible et durable pour qu’on puisse dire fièrement à l’international que nous allons bien ici.
Néanmoins, une des mesures phares est l’«Artist of the Year Award», soit un prix de Rs 250 000…
Vous rigolez… À quel moment nous, les artistes, nous avons demandé cela ? Je conseille à l’État de ne pas se mêler de ce genre de choses. Ce n’est pas ce que nous avons demandé. Li koumadir enn papa ki ena kat zanfan ek pe fer enn konpetision avek so kat zanfan. Ce n’est pas à l’État de faire ça et encore moins de passer cela dans le Budget. Cette somme de Rs 250 000 va finalement créer des conflits entre les artistes car, nous le savons, certains fonctionnaires du ministère n’ont pas les compétences pour juger des artistes. Finalement, ce ne sera plus Artist of theYear mais Chatwa of the Year.
C’est faux de dire que cette initiative va promouvoir les artistes. On a déjà des organisations professionnelles qui organisent des awards, comme Bryan Rush et la Mauritius Music Awards. Je trouverais plus efficace que l’État mauricien soutienne ces organismes privés qui organisent déjà de manière professionnelle des awards. Non pas venir annoncer dans le Budget qu’ils vont organiser un Artist of theYear Award. C’est comique. Combien d’artistes vont gagner cet awards ? Combien de catégories il y aura ? C’est une compétition qui peut avoir lieu n’importe quand et n’importe où.
Qu’en est-il du dernier «Status of the Artist Bill»?
Nous savons déjà ce qu’ils sont en train de faire. Ça n’a même pas été gazetted. Zot pe pran bann artis chatwa pou zwenn. Sori mo dir sa koumsa.
Selon vous, quelle serait une bonne mesure pour les artistes ?
Je m’attendais à ce que Padayachy me donne une canne à pêche au lieu de poser un poisson sur ma table. Je demande un endroit pour jouer, que les artistes puissent montrer leur art. Ils ne font que dire qu’ils vont construire sans rien de concret. Pendant cinq ans, ils n’ont rien fait. Inn nek dir «To pou to pou» ziska inn gagn enn ta lipou. Nanye pa’nn fer. Ki MSM inn fer? Nous savons tous que les artistes font face à la technologie. Qu’est-ce qui a été fait ? Rien. Il y a que des concerts de l’État comme celui de la fête de l’Indépendance, qui était un fiasco. Puis rien. Même les concerts pour promouvoir notre art local et international qu’on a essayé de faire en privé ont eu des blocages.
Certains disent que les artistes vont toujours se plaindre, quoi qu’on fasse. Que répondez-vous ?
Ces personnes ne connaissent pas notre réalité. Ce sont des fonctionnaires uniquement sur papier. Je peux compter sur les doigts ceux de ces fonctionnaires qui se trouvent dans le bureau du ministre qui ont des réelles compétences dans l’art. Ils ne savent rien. Zot pa met mo soulie zot. Normal nou pou dir kan nou pe gagn dimal ek ena enn ti ros dan nou soulie. Sa bann dimounn ki pe blok nou la, se zot mem sa ti ros-la. On ne demande pas grand-chose mais juste une amélioration de la vie des artistes.
On n’est en guerre avec personne. On veut juste une coopération entre le public et le privé pour faire avancer l’art. On contribue déjà et ils le savent mais ils ne veulent toujours pas nous reconnaître. Si certaines mesures que le ministre a annoncées se réalisaient, la vie serait meilleure. Si au moins une de ces mesures annoncées avait été mise en place ce serait mieux. Je demande juste des actions et pas que des mots. Quand il y aura de l’action, je serai le premier à applaudir.
Il y avait une visite récemment au stade Anjalay entre le ministère et les organisateurs. Vous étiez de la partie ?
Non car ils ont invité les personnes la veille de l’événement. Je me demande si le ministre allait aimer un tel traitement. Ils décident aussi qui inviter. Ils choisissent les personnes qui doivent venir. Je n’étais pas invité car ils savent que je n’allais pas être d’accord avec leurs salades. Maintenant , apparemment même le stade Anjalay engendre la pollution sonore. Pourtant, il y a des rallyes organisés là-bas assez souvent. De nos jours, le simple fait que deux hauts gradés appellent la police pour se plaindre de tapage nocturne à cause des concerts, ça représente tout un peuple. C’est aberrant.
Et le National Arts Council…
Ça tombe bien que vous en parliez. Vous avez vu de quelle manière ils sont en train de faire ça ? On dirait qu’on est en train de créer un autre département du ministère avec des fonctionnaires qui seront là pour se remplir les poches et avec des artistes chatwa. Dan minister mem ena dimounn patriot pe dir nou ki pe pase. La zot pou dir sa bann dimounn la tret la. Ils font quelque chose pour les artistes et les artistes ne sont même pas au courant. C’est bizarre.
Et ces concerts qui se font «indoor» sans aucun problème. Pourquoi ne pas en faire de même ?
Il faut être honnête et le dire : tous les organisateurs ne peuvent pas financièrement organiser un concert en salle. Deuxièmement, tous les organisateurs ne peuvent pas le faire car la capacité d’accueil ne le permet pas. Par exemple, Reggae Donn Sa accueille 10 000 à 15 000 personnes. Ces salles ne peuvent accueillir qu’environ 2 500 personnes. De plus, tous les styles de musique ne peuvent pas se faire indoor. Il y a des artistes locaux qui rassemblent plus de 5 000 personnes, comme Cassiya, Prophecy, Zotsa, entre autres. Où vont-ils évoluer ?
Je ne pense pas que la France soit bête d’avoir mis à disposition le stade de France pour les artistes qui peuvent le remplir. Un Johnny Hallyday ou un Dadju au stade de France, c’est un honneur. Ça ne dérange personne car les gens savent que ce stade accueille de grands événements sportifs et événementiels. Il faut arrêter d’être orgueilleux et réunir tout le monde comme l’AACM ou l’Union des artistes à la même table pour discuter. Quand j’entends le ministre dire au Parlement qu’il a rencontré les artistes plus de huit fois, combien de fois était-il présent dans ces rencontres ? Que deux. La plupart du temps, les fonctionnaires disent qu’ils ne peuvent pas prendre de décisions sans le ministre…
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