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Prison de Melrose

Brutalités policières : le détenu Julien Ross dépose un affidavit accablant

25 juillet 2025, 13:00

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Brutalités policières : le détenu Julien Ross dépose un affidavit accablant

L’affaire Melrose connaît un nouveau tournant. Julien Ross, un détenu purgeant une peine de 17 ans pour vol à la prison de haute sécurité de Melrose, y a juré en présence de son avoué, Me Kaviraj Bokhoree, un affidavit accablant contre les autorités pénitentiaires. L’affidavit a été soumis mercredi après-midi à la Cour suprême. Le détenu y dénonce de graves actes de brutalité survenus lors d’une opération le 17 juillet dernier à la prison et met en cause le commissaire des prisons, l’Attorney General et la National Human Rights Commission (NHRC).

Opération musclée et blessures lourdes

Selon l’affidavit, cette opération aurait été menée par des agents masqués, que le détenu pense appartenir à la Special Mobile Force (SMF) ou une unité similaire. Lors de cette descente, Julien Ross affirme avoir été violemment agressé sans provocation ni justification légale. Il dit avoir subi une fracture de la main droite, une luxation du genou et une fracture au bas du dos, entraînant de fortes douleurs et des difficultés à se mouvoir.

«During this operation, I was severely and brutally assaulted by these agents without provocation or lawful justification. As a result of the assault, : (1) I sustained a fracture to my right hand; (2) My knee was dislocated; (3) I suffered a fracture to my lower back, causing severe pain and restrictingmymobility», est-il écrit dans son affidavit.

Malgré la gravité de ses blessures, Julien Ross affirme n’avoir reçu aucun traitement médical approprié, ni même un simple examen par un médecin externe. Il soutient que la négligence des autorités pénitentiaires constitue une violation flagrante de ses droits fondamentaux garantis par la Constitution mauricienne.

Intervention de la NHRC restée sans effet

L’affidavit mentionne également la visite de Touria Prayag, membre de la NHRC, venue le samedi 19 juillet constater l’état des détenus après les doléances de plusieurs familles. Le détenu Ross assure que cette dernière aurait pris connaissance de ses blessures visibles et lui aurait promis une prise en charge médicale urgente. Pourtant, six jours plus tard, il affirme n’avoir reçu aucun soin. L’absence de suivi, tant médical qu’administratif, alimente, selon lui, une dégradation alarmante de son état de santé : douleurs constantes, incapacité à manger ou boire correctement ; et aucune enquête officielle.

Requête urgente en Cour suprême Dans l’affidavit soumis par son avoué, Julien Ross a déposé une motion urgente demandant à être transféré dans un hôpital pour y recevoir des soins sous supervision indépendante. Le document met en avant une violation des articles 3, 4 et 7 de la Constitution, relatives à la sécurité de la personne et l’interdiction de traitements inhumains ou dégradants. «L’intervention de la Cour est urgente et indispensable, sans quoi la vie et les droits fondamentaux du demandeur continueront à être bafoués», peut-on lire dans son affidavit.

Antécédents inquiétants

Ce nouveau témoignage vient s’ajouter à une série d’allégations graves sur la prison de Melrose. Ces derniers jours, plusieurs familles de détenus ont saisi la NHRC et l’Independent Police Complaints Commission (IPCC) pour dénoncer des agressions similaires. Des vidéos et photos circulant en ligne montrent des détenus couverts de bleus et de plaies, déclenchant une vague d’indignation sur les réseaux sociaux.

L’affaire a été portée à l’Assemblée nationale lors de la Private Notice Question le mardi 22 juillet, quand le leader de l’opposition a interpellé le Premier ministre sur les incidents du 17 juillet. Ce dernier aurait nié l’existence de blessés, selon certains avocats.

La prison de Melrose traîne une réputation entachée d’abus. En 2023, le détenu Jean-Hubert Celerine, dit Franklin, y dénonçait déjà des actes de torture et des conditions de détention dégradantes. Plus récemment, en mai 2025, un détenu affirmait avoir été agressé sexuellement par un codétenu ; et un gardien a été arrêté pour tentative de contrebande d’un chargeur de téléphone à destination d’un prisonnier.

À ce jour, Julien Ross affirme n’avoir été ni interrogé, ni informé d’une quelconque procédure visant à faire la lumière sur les violences dénoncées. Son affidavit s’inscrit dans un contexte de tension croissante autour des conditions de détention à Maurice, où la transparence du système pénitentiaire et la responsabilité des forces de l’ordre sont de plus en plus remises en question.


Aucune sanction contre Touria Prayag

Depuis quelques jours, des rumeurs circulent selon lesquelles Touria Prayag, membre de la NHRC, aurait présenté des excuses à la commission à la suite d’une visite à la prison de Melrose effectuée de sa propre initiative, sans autorisation formelle de la commission. Contactée à ce sujet, Touria Prayag nous a répondu : «J’ai été invitée à expliquer ce qui s’était passé, ce qui est une procédure normale. J’ai expliqué ce qui s’était passé et j’ai donné mes explications à la commission. Toutes mes explications ont été acceptées.Aucune sanction n’a été prise contre moi.»

Nicolas Frichot

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