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Ça coule, ça déborde et ça dérape
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Ça coule, ça déborde et ça dérape
Le directeur de l’agriculture du ministère du même nom ne sera plus mauricien !
Qu’est-ce qui se passe, donc ?
Le haut-commissariat indien à Maurice affiche, en effet, depuis le 27 octobre 2023, une annonce qui dit spécifiquement vouloir recruter, sous contrat, pour ce poste, quelqu’un qui est «from INDIA». Les lettres capitales et en gras appartiennent à l’annonce elle-même ! La durée du contrat est d’un à trois ans, mais il est requis du candidat qui sera choisi qu’il ait moins de… 70 ans. Ce ne sera donc probablement pas un jeunot qui sera aux commandes ! Possiblement pas un homme d’avenir…
On ne peut pas dire que Maurice soit un «p’tit nouveau» sur le plan agricole, même si le sucre est en déclin relatif et que les plans pour plus de sécurité alimentaire ne sont pas des succès ronflants jusqu’ici. Mais tout de même… Si nous avons toujours 282 étudiants en agriculture inscrits en 2022 à l’université du pays (en sus de 41 de plus dans des universités étrangères), ce serait une énorme surprise que le talent recherché ne puisse pas se trouver localement.
Cependant, un directeur de l’agriculture dans un ministère où tous se surveillent et se méfient ou pire, ce n’est sûrement pas de la blague ! Il faut, de plus, répondre à un ministre, ce qui dans un pays qui croule sous l’interventionnisme politique systématique, est une véritable gageure ! Ce qui fait que pour le «stress» humain à envisager, un salaire de Rs 119 500 mensuellement ne saurait tenter, localement, aucun agronome ou directeur agricole du privé, qui se respecte. D’autant que l’allocation de loyer pour la famille est de… Rs 12 000 (Rs 8 000 seulement si le directeur vient seul !) et que l’allocation chauffeur est de Rs 9 800…
Il ne resterait donc que la possibilité d’une promotion interne au ministère et le fait qu’il n’y ait apparemment personne de «présentable» qui ait postulé et qu’il faille trouver un retraité indien, avec un Masters et cinq ans d’expérience au minimum ; ne peut qu’être une condamnation de peu d’équivoque, sur les ressources humaines de ce ministère ?
Demeure la question de comprendre l’absolu nécessité d’un recrutement d’un Indien «de l’INDE». Est-ce pour essayer de trouver un oiseau rare à «bon marché», qui parle au moins anglais ? Après tout, les grilles de salaire en Inde affichent, selon Wikipédia, le salaire du PM à 66 000 $ annuellement, alors que le salaire de notre propre PM, dont la population est de 1 110 fois plus faible, dans un pays qui est 1 618 fois moins grand est de… 187 968 $ (valeur de 2019), soit presque trois fois plus !
Il est vrai que pour la comparaison de taille territoriale, on pourrait essayer de nous faire le calcul avec les 2,3 millions de kilomètres carrés de zone économique exclusive ? Toutefois, cela n’expliquerait toujours pas la relativité salariale entre Modi et Jugnauth… L’Inde, exclusivement sur terre, s’étale déjà sur 3,3 millions de kilomètres carrés… Et la gestion de millions et de millions de thons est quand même beaucoup plus simple que celle du million deux de citoyens que nous sommes ?
Après la direction des Coast Guards, de la sécurité nationale, d’Agaléga et de l’agriculture, quoi encore ? Y a-t-il d’autres factures à payer ? On va ‘couler’ jusqu’à quand ?
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Les drains ! Encore et toujours !
Plusieurs dizaines de milliards ont été votés au Parlement pour les drains et ils auront été, en effet, parmi les items les plus coûteux des dépenses d’infrastructure envisagés par le gouvernement ces dernières années. Dans le dernier discours du Budget, le ministre des Finances nous rappelait que depuis l’annonce d’un nouveau programme de «flood mitigation» il y a deux années de cela, (2021-22), on avait déjà dépensé Rs 2,7 milliards pour mieux sécuriser 400 sites et que 157 autres projets étaient en cours de réalisation pour une somme additionnelle de Rs 2,8 milliards. Au paragraphe 209, on nous indiquait que Rs 3 milliards de plus allaient être dépensées bientôt et le paragraphe 210 épuisait presque toutes les lettres de l’alphabet pour lister, exhaustivement et par régions, tous les coins et recoins du pays où ces fameux drains allaient être installés. J’ai compté 156 endroits en tout. Coïncidence ? J’y ai trouvé «Souillac» (noyé depuis…), mais le plus proche que j’ai trouvé du cimetière de St.-Jean a été la «Résidence St.- Jean». Ce qui ne reflète pas très bien sur les techniciens de la Land Drainage Authority, qui ne semblent pas avoir considéré ce cimetière, ainsi que son périmètre, comme ayant été particulièrement à risque…
Le débat semble s’être, depuis, surtout orienté sur l’impact éventuel des travaux du métro dans la région. Le leader de l’opposition dit avec plus ou moins raison qu’avant le métro, il n’y a jamais eu de problème du genre à St.-Jean. Le gouvernement réplique en indiquant qu’un bus de la CNT avait déjà été pris au piège de la montée des eaux. Mais c’était le 13 mars 2022. Déjà, les travaux de Metro Express avaient été mis en cause (*) et MEL se défendait avec passion, en semblant rendre responsables les drains mal nettoyés qui pré-dataient le métro.
Allez savoir la vérité !
Ce qui est clair c’est que les «flash floods» causées par de très fortes pluies en un court laps de temps (on indiquait 110 mm en 3 heures pour le 13 mars 2022) seront définitivement plus fréquentes désormais. Dès lors, une des questions qui s’imposent est de savoir si les drains que l’on construit par milliards de roupies sont dimensionnés correctement pour les pluies associées aux «flash floods», que l’on prédit plus fréquentes, ou pour des pluies plus «normales».
L’autre question clé est de savoir si l’on surveillera mieux nos drains afin qu’ils ne soient pas bouchés au moment fatidique, au point de refouler l’eau de pluie vers des ‘ailleurs’ qui ne conviendraient pas… À cet effet, les conduits d’eau, d’électricité, de sewerage, de fibre optique que l’on pose pêle-mêle dans les drains, ou sous les ponts où passeront les eaux de pluie, doivent être enlevés au plus tôt et surveillés de beaucoup plus près à l’avenir !
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M. Trump est clairement sous pression ces jours-ci avec quatre procès majeurs au criminel et 91 charges différentes à confronter devant les tribunaux (les documents cachés de Mar-a-Lago ; la conspiration du 6 janvier pour empêcher l’élection de Biden ; la tentative de changer le resultat des élections en Géorgie et les 130 000 dollars payés pour faire taire ‘Stormy Daniels’ la sulfureuse). Il faut y ajouter deux procès au civil ; celui de E. Jean Carroll pour diffamation et le procès qui s’entend ces jours-ci pour fraude, notamment sur l’évaluation de ses actifs immobiliers.
La pression est telle qu’il dérape de plus en plus sérieusement et que, dans ce qui est au moins partiellement un désir de vengeance et, au mieux, un affichage de tendances vigoureusement fascistes, il utilise le langage hitlérien/himmlerien pour cataloguer ses adversaires de «vermine», il propose des camps de concentration pour immigrés divers (pour commencer ?) et finalement il se propose d’invoquer l’«Insurrection Act», dès le premier jour de son élection, pour mobiliser l’armée contre la population qui lui résisterait… Pour faire bonne mesure dans l’absurde, ce fasciste en puissance catalogue… ses adversaires de «fascistes», tout comme, il y a longtemps déjà, il cataloguait les informations de journaux indépendants de «fake news» alors que c’est lui qui en génère systématiquement, royalement enveloppés de mensonges politiquement commodes.
Cet homme est un danger public ! Et son seul mérite c’est d’afficher explicitement ses couleurs et ses intentions, même si ses équipes tentent désespérément de corriger ses propos après-coup.
Je me souviens de Trump, alors président, disant aux Américains, en conférence de presse, de ne plus croire ce qu’ils voyaient, lisaient ou entendaient et que la seule vérité possible émanerait de lui seul. Cette aberration anti-démocratique provient d’un homme qui se croit providentiel et qui affirme que lui seul peut régler les problèmes de la nation. Il prétend ainsi pouvoir régler la guerre d’Ukraine ET celle de Gaza en 24 heures, alors qu’en cinq ans il n’a pu concrétiser sa promesse électorale phare, c.-à.d. construire son mur à la frontière sud ! Étonnamment, il convainc un nombre impressionnant d’Américains, en mal qu’ils sont, d’un homme fort qui règle tout, comme un personnage mythique de bande dessinée Marvel ; Batman ou Capitaine America.
Ça dérape vraiment dur ! Quelle pitié !
(*) Lexpress.mu l Inondation à St Jean: Metro Express se défend
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