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Ajay Gunness

«Ce serait une bouffonnade de la démocratie s’il y a une partielle»

24 février 2024, 10:00

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«Ce serait une bouffonnade de la démocratie s’il y a une partielle»

Ajay Gunness, ancien député au no 10.

Vous avez, à deux reprises, été député de la circonscription de Montagne-Blanche/ Grande-Rivière-Sud-Est (N° 10) et vous connaissez sûrement très bien Vikram Hurdoyal. L’avez-vous rencontré ou lui avez-vous parlé la semaine dernière ?

Permettez-moi de faire un historique entre la circonscription n° 10 et moi. Je suis natif de Médine-Camp-de-Masque, village qui se trouve dans cette circonscription. En 1976, alors que je n’avais pas atteint l’âge de vote, j’ai commencé à être sur le terrain aux côtés de Zeel Peerun, candidat du Mouvement militant mauricen (MMM) aux élections de décembre 1976. Par la suite, j’ai travaillé pour Ramduth Jaddoo et Azize Asgarally, entre autres. En 1995, j’ai été candidat du MMM dans la circonscription de Flacq/Bon-Accueil et cinq ans plus tard c’est au n° 10 que je pose ma candidature et je suis élu. En 2005, j’ai été de nouveau candidat dans cette circonscription et j’ai été élu. Donc comme vous le dites, je connais bien cette circonscription. Pour répondre à votre question, je n’ai pas rencontré Vikram Hurdoyal la semaine dernière, mais je lui ai parlé.

C’était quand exactement ?

C’était le mardi 13 février, dix minutes avant qu’il n’envoie sa lettre de démission.

C’est vous qui l’avez incité à le faire ?

Non, pas du tout. Je lui avais téléphoné car il avait indiqué qu’il était souffrant. Comme c’est quelqu’un que je connais très bien, je l’ai appelé pour lui dire de prendre compte de son état de santé. Et voilà qu’il m’informe en même temps de sa décision.

Il a été révoqué et puis a démissionné. Qu’attendez-vous de lui maintenant ?

La balle est dans son camp. Il devrait parler. Je pense qu’il y a un pacte entre le Premier ministre et lui. Mais sur la personne elle-même je n’attends pas grand-chose. Comment un ministre qui dit avoir été choqué de sa révocation peut dire qu’il remercie le Premier ministre et sa famille ? Non, Vikram Hurdoyal n’est pas quelqu’un de constant. Il n’a pas de ligne directrice.

En 2010, je suis de nouveau candidat au n° 10. Une des premières réunions du parti est organisée chez lui. Une semaine après, il m’abandonne et va travailler pour le Parti travailliste. Voilà, je pense qu’il n’a pas changé. C’est à lui de prendre le chemin qu’il pense être correct pour lui.

Le Premier ministre a indiqué qu’il va organiser une élection partielle au n° 10. Vous le croyez ?

Pas du tout. Il avait dit la même chose quand Vishnu Lutchmeenaraidoo avait démissionné en mars 2019. Et on connaît la suite. Ce n’est pas la première fois qu’un parlementaire démissionne à quelques mois de la fin du mandat du gouvernement. Et à chaque fois, il y a eu des élections générales quand une partielle est prévue à la fin d’un mandat gouvernemental.

Mais si Pravind Jugnauth va de l’avant avec une partielle comme il le maintient, l’opposition Ptr-MMM-PMSD alignera-t-elle un candidat ?

D’abord, je vous dis qu’on mènera une campagne contre cette décision. Pour moi, ce serait une bouffonnade de la démocratie. Le futur élu ne siégera que quelques mois au Parlement et il y a des risques qu’il n’y siège même pas. Si, disons, cette partielle est organisée en août, juste après les vacances après le Budget, comme chaque année le Parlement reprend généralement ses travaux durant la troisième semaine d’octobre, ce n’est qu’en octobre que le nouveau député élu en août, surtout s’il est de l’opposition, prêtera serment. Et si Pravind Jugnauth dissout le Parlement avant la rentrée parlementaire, où et quand siégera le nouvel élu ? Donc j’estime que ce sera une perte d’argent d’organiser une partielle.

Très bien vos explications… Mais j’attends une réponse quant à savoir si l’alliance Ptr-MMM-PMSD alignera un candidat ?

Il y a trois leaders qui se rencontrent régulièrement et ils vont prendre une décision. Mais j’ai un conseil. Qu’aucun candidat de l’opposition, officielle ou extraparlementaire, ne prenne part à cette partielle. Laissez le MSM regagner son siège s’il le faut. Le peuple jugera le gouvernement.

On sait que vous sillonnez cette circonscription et que votre nom est cité pour y être candidat. Si Navin Ramgoolam se présente au n° 10, pensez-vous que vous y serez aligné ?

Les trois leaders discutent en ce moment de la liste des candidats. Ils aligneront des candidats dans des circonscriptions où ils sont sûrs qu’ils seront élus. Je connais bien cette circonscription que je trouve très particulière et il est possible que Ramgoolam et moi y soyons candidats ensemble. Si leader du PTr y est candidat, bien sûr.

Pourquoi qualifier cette circonscription de particulière ?

On sait bien que dans cette circonscription à forte majorité hindoue, deux candidats musulmans ont été élus à la deuxième place. Ils ont été Zeel Peerun et la dernière fois Zahid Nazurally, sans compter les élections de Kader Bhayat. Cette circonscription était représentée par six membres à l’Assemblée nationale entre 1976 et juin 1982. Il y avait trois élus – Ramduth Jaddoo, Jagdish Goburdhun (MMM) et sir Satcam Boolell (PTr). Un candidat du MMM, Azize Asgarally, et Mahmoud Tally (PTr) ont été des députés correctifs. Heeralall Bhugalloo, élu en troisième position dans la circonscription de Belle-Rose–Quatre-Bornes (n° 18), ministre de l’Éducation, démissionne du Parlement en janvier 1977 et il est remplacé par sir Kher Jagasingh, battu au n° 10 et qui deviendra par la suite le ministre de l’Éducation. Sans oublier les bonnes performances de Raj Dayal et de Vikram Hurdoyal comme candidats indépendants ou qui étaient alignés sous la bannière d’un petit parti créé juste pour les élections.