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Ce vide entre les extrêmes
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Ce vide entre les extrêmes
Nous sommes entrés dans une phase d’affrontement systématique entre camps et partisans opposés. Que ce soit sur Belal, le système d’alerte et les inondations, les prix des légumes, la CSG. Hélas, l’affrontement ne se fait pas forcément sur la base des idées ; il se fait quasi exclusivement par rapport à celui ou celle qui propose ou qui dénonce.
Il faut être sourd pour ne pas réaliser qu’une grande partie de l’opinion publique, aujourd’hui encore plus qu’hier, ne se reconnaît ni dans le discours de l’alliance gouvernementale ni dans celui de l’opposition censée représenter l’alternative.
C’est sûr qu’on entend de moins en moins le fameux «60-0». Même les plus savants des mathématiciens de la politique locale revoient actuellement leurs calculs, sur la base du response de tous ceux qui bravent les services de renseignements pour assister aux réunions de l’opposition, ou s’afficher sur le web. Si les gens ont de moins en moins peur de se montrer dans des rassemblements anti-gouvernementaux, cela peut être lié au phénomène de l’usure du pouvoir actuel, voire l’overdose provoquée par les images de la MBC.
Au-delà des chiffres, c’est la dimension qualitative qui importe. Si un bloc se révèle incapable de répondre à la question sociale ou économique, il va alors critiquer les propositions de l’autre. Mais la plupart du temps, à la place de vrais débats démocratiques, comme ceux qui se font dans des démocraties dignes de ce nom, nous nous enfonçons dans des oppositions caricaturales, à l’image des clips qui circulent sur les réseaux sociaux.
Ce qui complique la donne et sème la confusion, c’est que les partenaires au sein des oppositions éparpillées n’arrivent pas à accorder leurs violons entre eux. La presse et l’opinion sont alors écartelées entre les extrêmes.
Trois décennies après la chute du mur de Berlin, nous continuons à bâtir des murs inutiles, dans les circonscriptions, entre les deux principaux blocs politiques qui s’affrontent. Pourtant, ces deux systèmes ne sont pas forcément antinomiques, puisqu’ils se sont mélangés les uns aux autres selon plusieurs formules depuis ces 50 dernières années. Mais chacun cherche, pour son fonds de commerce personnel, à attirer dans son champ d’attraction le plus de Mauriciens possible, en les divisant, souvent, selon leur communauté. Ce sont ces calculs mathématiques qui nous éloignent des vrais enjeux qui nous guettent et qui dépassent le mandat politicien de cinq ans.
Actuellement, la polarisation est si forte vers les deux pôles que le centre se trouve dépouillé, vide comme une coquille malgré quelques voix citoyennes éparpillées çà et là. Il ne serait pas sage de boycotter les petits partis qui naissent. Choisir uniquement entre les deux camps (Jugnauth versus Ramgoolam) risque de faire perdurer une situation malsaine et dangereuse pour notre démocratie. Elle va surtout encourager les solutions de désespoir ; par exemple remplacer des dynasties et des associations socioculturelles par d’autres, un Premier ministre par un autre, un DG de la MBC par un autre, etc. Ce sera du pareil au même au final.
Pour changer vraiment, il faut donc pousser vers une troisième, voire une quatrième force, compétente, crédible, intraitable dans la défense des libertés citoyennes, de la méritocratie et du mauricianisme. Pris dans leur jeu communal, les traditionnels blocs politiques sont, évidemment, libres de creuser leurs tombes à St-Jean ou ailleurs. Mais devrions-nous, au nom de l’alternance, ou par sentimentalité, les suivre dans le gouffre ? N’avons-nous vraiment pas le choix de voter pour les candidats en fonction de leurs idées et non par rapport à leur bloc d’appartenance ?
Ne devrions-nous pas retrouver notre liberté ?
La politique, ce n’est pas compliqué, il suffit d’avoir une bonne conscience, de savoir tenir le beau rôle. Nos politiciens, de plus en plus mis en scène, sur YouTube ou TikTok, face à leurs contradictions évidentes, aiment jouer sur notre mauvaise mémoire. Coluche disait que les politiques ne font pas ce qu’ils veulent, ils font ce qu’ils peuvent ! Et à vrai dire, ils ne tirent pas les ficelles, ils sont tirés par les ficelles.
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