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Culture

Céline Le Vieux : La peinture comme une évidence

16 juin 2025, 17:00

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Céline Le Vieux : La peinture comme une évidence

Céline Le Vieux, artiste peintre et General Manager de la galerie Boma

Les enfants ne suivent pas toujours la voie tracée par leurs aînés. Bien que ses proches aient réussi dans le monde des affaires, on aurait pu penser que la voie naturelle pour Céline Le Vieux aurait été le business pur et dur. Or, la vie nous montre tous les jours que rien n’est gravé dans le marbre. C’est l’art qu’elle a choisi et en particulier la peinture, qui est chez elle une évidence, voire une seconde nature. Elle gère désormais la galerie Boma à Anahita mais continue de peindre.

Cette belle métisse – son père est Mauricien et sa mère Italienne -, aura 33 ans, cette année. Aînée de deux enfants, elle a fait sa scolarité primaire à l’École du Nord et bouclé son cycle secondaire au Lycée des Mascareignes. Comme tous les enfants, depuis petite, elle aime dessiner. Mais chez Céline Le Vieux, cela va au-delà d’un simple amusement. «Depuis toute petite, j’ai toujours ressenti le besoin de dessiner, de créer, de laisser mon imagination s’exprimer. J’ai eu la grande chance d’être encouragée, dès mon plus jeune âge, et mon père a joué un rôle clé dans mon parcours. Il a toujours cru en moi, me poussant à explorer mon potentiel et à suivre cette voie avec passion.» Ce qui explique son choix de matières au secondaire où les arts ont figuré en bonne place. D’ailleurs, elle a obtenu un bac ES avec option arts plastiques.

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Céline Le Vieux précise qu’elle n’a pas vraiment eu à annoncer à ses parents qu’elle voulait faire des études supérieures en art pour laisser sa nature artistique s’exprimer. «C’était une évidence pour tout le monde. Depuis toujours, ils m’ont soutenue dans mon amour pour l’art. Pour moi, il n’y avait pas de plan B : je voulais créer, exprimer ma vision du monde à travers la peinture.»

Céline Le Vieux part pour Paris pour poursuivre ses études supérieures. Elle fait une année préparatoire à Parson Paris, qui prend ensuite le nom de Paris College of the Art. Si elle a choisi cette école, c’est non seulement en raison de sa réputation d’excellence mais aussi parce que les formations dispensées sont en anglais, tout en lui permettant de rester en Europe. «Cela me permettait aussi de rester proche de l’Italie et de passer mes vacances chez ma nonna. Ce lien avec l’Italie a toujours eu une place spéciale dans ma vie.»

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À la fin de son année préparatoire, elle se demande si elle s’orientera vers le design, la mode ou l’art pur. «Mais encore une fois, la décision s’est faite naturellement, en famille, et sans pression. On s’est dit que devenir artiste me laisserait la liberté d’explorer plusieurs domaines et que j’affinerais mon chemin en cours de route.» Elle opte alors pour un Bachelor of Fine Arts d’une durée de quatre ans et se spécialise en 2D.

Alignement naturel

De temps à autre, elle a pensé qu’elle pourrait s’installer en Italie pour peindre. «Oui, l’Italie a souvent été une tentation ! Pendant mes études, j’ai envisagé d’y poursuivre mon parcours, attirée par son histoire, son énergie artistique, et bien sûr, par mes racines familiales. Mais au fond de moi, j’ai toujours su que Maurice était ma maison. Mon attachement à cette île est profond. J’aime son rythme, sa nature, sa lumière… et surtout, ma famille est ici. J’ai vu ma mère vivre loin de ses parents, et très tôt, j’ai su que je voulais rester proche des miens. Cela dit, chaque fois que je vais en Italie, je ressens cette petite étincelle : l’envie d’une vie paisible dans un atelier, entourée de paysages sublimes… Mais mon parcours s’est construit à Maurice, et tout s’est aligné naturellement ici.»

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C’est la peinture à l’huile qui a ses faveurs car elle aime la manière dont celle-ci se mélange. «Son temps de séchage plus long me laisse de la flexibilité… et puis, j’adore son odeur, elle fait partie du rituel de création! Je peins au couteau, un outil qui me permet d’introduire une part de spontanéité, des gestes involontaires que j’aime accueillir dans mon travail. C’est une façon pour moi d’équilibrer mon côté perfectionniste, d’accepter que l’imprévu fait aussi partie de l’œuvre. Mon style oscille entre abstraction et figuration, entre contrôle et lâcher-prise. C’est un dialogue constant entre ce que je ressens et ce que je veux transmettre.»

En 2014, Céline Le Vieux a l’occasion de participer à sa première exposition collective intitulée Borderline et organisée par The Third Dot. Commence alors une aventure qu’elle qualifie d’incroyable. «En y repensant, cela fait maintenant dix ans que la peinture est devenue mon métier… C’est fou comme le temps passe vite !»

Sa plus grande source d’inspiration est son île natale. «Ses paysages, sa lumière, son atmosphère… J’essaie de capturer son essence à travers des couleurs vibrantes et des compositions qui oscillent entre le souvenir et le rêve. J’ai une sorte de nostalgie pour un Maurice que je n’ai peut-être jamais connu, une île plus simple, moins industrialisée. Cette sensation se reflète dans mes toiles : elles sont souvent une fusion de souvenirs réels et imaginés, une tentative de saisir un instant avant qu’il ne disparaisse.»

Les expositions collectives se sont alors enchaînées pour elle. «En sus de Borderline, j’ai participé à plusieurs expositions collectives aux côtés d’artistes et de musiciens que j’admire comme The Hive Fine Art x Design Expo. J’ai également eu deux expositions solo : Up the Boohai et Aeipathy.»

Soutien public

Le public l’a toujours soutenue. «J’ai reçu beaucoup d’encouragements, ce qui me donne encore plus envie de continuer cette aventure et de grandir avec les Mauriciens. Ils sont témoins de mon évolution, et pour ça, je leur suis infiniment reconnaissante.»

Elle s’estime chanceuse de pouvoir vivre de son art qu’elle ne prend jamais, précise-t-elle, pour acquis. «C’est une chance immense mais ce n’est pas toujours facile : il y a des périodes incertaines, des moments de doute… mais en persévérant, en restant fidèle à ma passion, j’ai trouvé un équilibre. Depuis un an, je suis aussi General Manager de la Galerie Boma. Nous avons une galerie à Anahita et collaborons avec plusieurs hôtels de l’île. Ce travail me permet de rester plongée dans le monde de l’art, tout en développant ma propre carrière d’artiste.» Mariée et mère d’un petit garçon d’un an, Céline Le Vieux avoue que son fils a été, cette année, sa plus grande source d’inspiration.

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«Devenir maman est non seulement un rôle qui me procure beaucoup de joie et m’apprend chaque jour quelque chose de nouveau, mais cela m’a aussi donné un nouvel élan, une autre manière de voir le monde, et j’ai hâte de voir comment cela influencera mon art.» Sur le plan professionnel, elle est très investie dans la Galerie Boma. «J’aimerais la voir évoluer, s’ouvrir davantage à l’international. C’est un projet qui me passionne autant que ma peinture.»

Elle a hâte de partager avec son fils son amour pour l’art et la beauté de l’île et du monde et sait aussi pouvoir compter sur le soutien de son mari et de ses parents. «Mon mari me soutient énormément, et mes parents sont un modèle pour moi. Ma sœur et sa famille me rappellent aussi ce qui est essentiel : la famille avant tout. Je me sens incroyablement chanceuse d’avoir cet équilibre et de pouvoir le vivre dans un cadre aussi beau que celui de Maurice.» Tout est dit…

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