Publicité

Centre de détention de Moka

Cellule n°14 : L’ancien PM Pravind Jugnauth enfermé là où la mort a frappé le constable Hurreechurn

19 février 2025, 16:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Cellule n°14 : L’ancien PM Pravind Jugnauth enfermé là où la mort a frappé le constable Hurreechurn

Il est 2 h 18 du matin, dimanche, lorsque l’ancien Premier ministre Pravind Jugnauth, qui fêtera ses 64 ans le 25 décembre prochain, franchit, sous escorte policière, les grilles du Moka Detention Centre. Un milieu austère, entouré de hauts murs, qui a accueilli bien des figures connues avant lui.

L’ancien chef du gouvernement est placé ce matin-là dans la cellule n°14, une pièce exiguë d’environ 2,40 mètres sur 1,80 mètre, dotée d’un lit et d’une chaise. Elle est aussi l’une des trois seules du centre à être équipée d’un lavabo et de toilettes.

Cette cellule est tristement célèbre. L’on se souvient du sinistre et mystérieux cas de suicide du constable Arvind Hurreechurn, fin octobre 2016. Le policier de 29 ans, arrêté avec deux kilos d’héroïne, y a été retrouvé, inerte, assis au sol, la serviette enroulée autour du robinet du lavabo.

La nuit de la mort du constable Hurreechurn, les caméras de surveillance, censées enregistrer les moindres faits et gestes des détenus, étaient curieusement hors service. Au Parlement, en réponse à une Private Notice Question sur la mort du policier, Xavier-Luc Duval, qui assurait l’intérim au poste de Premier ministre, avait parlé de système de surveillance défectueux.

Notre collègue, l’informaticien Ish Sookun, qui a passé cinq jours dans cette même cellule plus tôt en février 2016, à la suite de son inculpation provisoire sous la Prevention of Terrorism Act pour une affaire de courriel anonyme envoyé au bureau du Premier ministre, confiait à l’époque dans nos colonnes que la caméra, qui se trouve au-dessus de la porte en fer de la cellule, fonctionnait et que la lumière restait allumée en permanence.

«J’avais demandé qu’elle soit éteinte, mais on m’a répondu que les détenus doivent être visibles à tout moment», avait-il témoigné. Il se souvient aussi des sons qui filtrent entre les murs, permettant aux prisonniers de communiquer entre eux.

Au moment de l’incarcération de Pravind Jugnauth, dimanche matin, 11 autres cellules sur les 18 au total dans la section réservée aux hommes sont occupées. Pas de voisin immédiat pour l’ex-PM puisque les cellules n°13 et n°15 sont inoccupées cette nuit-là. Celles numérotées de 1 à 12 sont pleines, à l’exception de la cellule n°3, où le prévenu, arrêté depuis le 25 janvier pour trafic de drogue, est hospitalisé à l’hôpital Victoria.

Concernant les 11 autres compagnons de barreaux de Pravind Jugnauth, quatre hommes sont incarcérés pour trafic de drogue, cinq pour vol, un pour importation de cannabis, et un autre faisait l’objet d’un mandat d’arrêt. Dans l’aile réservée aux femmes, deux détenues passent également la nuit : l’une accusée de fraude électronique, l’autre de trafic de drogue.

Samedi, quelques heures avant l’arrivée de Pravind Jugnauth, le centre de détention a vu l’incarcération de deux nouveaux venus, l’un arrêté pour vol et l’autre faisant l’objet d’un mandat d’arrêt. Sauf que, contrairement à l’ancien chef du gouvernement, et comme à l’accoutumée pour le commun des mortels, ils ont dormi en cellule dimanche aussi et ne devaient comparaître en cour que lundi.

Quant à Pravind Jugnauth, il a passé un peu plus de huit heures entre les murs de la cellule n°14 avant d’être extrait peu avant 11 heures du matin par les enquêteurs de la Financial Crimes Commission (FCC). Direction : le quartier général de la FCC, puis la cour intermédiaire de Port-Louis pour sa comparution devant la cour, un week-end court. Une comparution qui fera date.


Politique et grand banditisme tombent au même endroit

Le Moka Detention Centre, autrefois quartier général du Forensic Science Laboratory, a été transformé en centre de détention en 2004. Depuis 2015, il a vu défiler plusieurs figures de premier plan. L’actuel chef du gouvernement, Navin Ramgoolam, y a été incarcéré à plusieurs reprises cette année-là. La première fois, le 7 février 2015, il y a été conduit à 5 h 10 du matin après une interpellation musclée la veille et un interrogatoire marathon aux Casernes centrales. Il y est resté jusqu’à 10 heures avant d’être à nouveau transféré au QG de la police, puis présenté devant le tribunal.

Jean-Hubert Célérine, alias Franklin, figure majeure d’un réseau de drogue notoire, y a été enfermé du 7 février 2023 jusqu’à son extradition à La Réunion, le 3 avril 2024. Il a été transporté en classe Affaires à bord d’un A330Neo d’Air Mauritius.

En juin 2015, Laina Rawat, alors accusée provisoirement de blanchiment et de fraude, a passé une nuit dans la section féminine du centre. D’autres membres de sa famille ont également connu les quatre murs de cet établissement. L’ancien gouverneur de la Banque de Maurice, Rundheersing Bheenick, y a été incarcéré après son arrestation pour des accusations provisoires de blanchiment d’argent.

Rudolf Dereck Jean Jacques, surnommé Gro Derek, trafiquant de drogue notoire, y a également été incarcéré. Il y a même été surpris en flagrant délit avec un téléphone portable en cellule.

Publicité