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Air Mauritius
CEO et CFO fraîchement nommés, nouvellement «éjectés»
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CEO et CFO fraîchement nommés, nouvellement «éjectés»
Encore du rififi à Air Mauritius. Moins d’un an après la nomination du Croate Kresimir Kucko comme Chief Executive Officer (CEO) de la compagnie d’aviation nationale, il a été suspendu pour des raisons de «bonne gouvernance» selon un communiqué émis par MK vendredi 15 septembre. Le Chief Financial Officer (CFO), Jean Laval Ah Chip, fraîchement nommé à son poste, a aussi subi le même sort et pour les mêmes raisons. Cependant, des sources bien informées laissent entendre que cette affaire n’est que l’arbre qui cache la forêt.
Le communiqué ne donne pas les raisons précises derrière la suspension des deux cadres. Mais en interne, les raisons sont connues de tous. Les deux hommes ont assisté à un événement organisé par AirCap, la compagnie qui loue des avions à Air Mauritius. Tous les frais avaient été pris en charge par ce fournisseur de services. «Sachant que Yogita Baboo a été licenciée sans faire des ronds de jambe et que l’actuel commissaire de police lui-même a déjà été arrêté dans le passé pour ce type d’affaire, comment se fait-il que pour ces deux cadres, rien n’a été fait ?» demande-t-on. Est-ce que cela cache encore une sombre histoire de commissions qui n’a pas été partagée et qui a mené à ces suspensions ? Seule une enquête indépendante le dira.
Mais les turbulences ne s’arrêtent pas là. Raj Ramlugun, le représentant de la Listed Companies Minority Shareholders Association (LCMSA), avance qu’il est ironique qu’Air Mauritius parle de bonne gouvernance alors que rien ne fonctionne comme il se doit au sein de la compagnie. Il rappelle tout d’abord le communiqué dithyrambique qui avait été émis récemment pour annoncer la nomination du nouveau CFO et sa suspension qui a suivi de près. Puis, il y a la structure de la compagnie, qui opère sous Airport Holdings Ltd. «Déjà, nous ne savons pas qui prend des décisions. Est-ce Ken Arian, le patron d’Airport Holdings Ltd, ou le CEO de MK ? Il ne peut pas y avoir deux pilotes à bord d’un avion», argue-t-il. Raj Ramlugun ne mâche pas ses mots. «Il y a eu un accaparement de la compagnie par Ken Arian et son entourage», martèle-t-il. D’ailleurs, la nomination du nouvel Officer in Charge va dans ce sens car selon plusieurs sources au sein de la compagnie, il serait l’un des proches de Ken Arian. «Il ne peut y avoir un leadership bicéphale. Cela ne peut pas marcher comme ça. La compagnie ne s’en sortira jamais.»
Les problèmes avec le communiqué ne s’arrêtent pas là. Le nouvel Accountable Manager n’est pas le nouvel Officer in Charge, mais Alain Leung Hing Wah. Déjà, le fait que ces deux postes soient séparés est un problème. L’Accountable Manager doit pouvoir prendre des décisions seul. Son rôle est d’assumer tous les problèmes qui surgissent lors des opérations à l’international. Par exemple, si un avion de MK a un souci en plein vol et doit atterrir dans un pays en urgence, l’aviation civile de ce pays n’attendra pas une réunion du board avant de donner son aval. Il est de notoriété publique que l’Accountable Manager, connu de tous les opérateurs à l’international, est la personne à contacter pour les frais à payer et autres démarches. L’on se souvient d’ailleurs que ce point avait fait grand bruit lorsque Megh Pillay avait été révoqué et le pouvoir en place n’avait pas encore nommé d’Accountable Manager à sa place.
Pour en revenir à la situation actuelle, les observateurs se demandent comment l’Officer in Charge, qui est responsable de la compagnie, n’est pas celui qui répondra lorsqu’il y aura des décisions importantes à prendre. Ce n’est pas tout. Placer Alain Leung Hing Wah à un poste où il sera «accountable» fait sourciller plus d’un. «Déjà, si cette personne a un souci un jour, il devra enquêter sur luimême ? Le plus ironique est que cette décision de le nommer est dans un communiqué qui parle de bonne gouvernance», poursuit Raj Ramlugun, incrédule. D’autres rappellent que dans un passé pas trop lointain, Alain Leung Hing Wah avait lui-même été suspendu suite à une enquête de l’aviation civile. Ce pilote et un autre de ses collègues se donnaient mutuellement leur certification, ce qui est contraire aux règlements. Il avait été réintégré après deux ans.
Pour Raj Ramlagun, toute cette situation reste malsaine, surtout pour une compagnie qui était encore sous administration il y a quelque temps. «Si on a un deuxième coup come le Covid, MK ne survivra pas. Il faut absolument un changement», met-il en garde.
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