Nous importons beaucoup de produits de l’Inde, y compris des avions, des hélicoptères et des navires, notamment pour notre National Coast Guard. Nous importons aussi des films indiens et jusqu’à présent, nous n’en avons heureusement jamais vu – sauf un – incitant à la haine raciale ou religieuse. Mais ce qui est inquiétant c’est de voir notre pays importer les problèmes propres à l’Inde, comme si nous n’en avions pas assez. Parmi ceux-ci, la polémique concernant le Ram Mandir.

Cette polémique est voulue ici, pour des raisons politiques : il s’agit de rassembler tous les hindous pour ensuite ou en même temps leur donner un unique leader : Pravind Jugnauth. Cela est clair lorsque l’on voit les personnes, y compris un avocat qui recherche un ticket, qui quand ils ne défendent pas l’hindouisme défendent quotidiennement Pravind Jugnauth et le MSM.

C’est un jeu dangereux pour le pays. A-t-on le droit de jouer avec le démon communal à des fins politiques ? Il est également clair et net que le MSM ne pourra se défendre contre les scandales très graves dont on accuse le gouvernement ni vanter ses «réalisations» économiques. Sauf ses projets infrastructurels parfois inutiles qui nous ont encore plus endettés et dont certains exhalent un parfum de scandale financier. Devant cette absence de résultats, le seul qui puisse sauver le MSM, c’est de cibler les électeurs par groupes y compris grâce à une campagne communale subtile, certes pas trop subtile dernièrement, et c’est cela qui est dangereux. On ne sait comment les élus de la majorité des zones urbaines, surtout les micro-partis comme le ML ou la Plateforme Militante prennent cette tactique du MSM qui les dessert déjà.

Cette stratégie menaçant notre cohésion risque toutefois de se retourner contre ceux qui l’utilisent. Rappelons-nous de la démarche de feu Anerood Jugnauth qui avait tenté, en 1995, de réunir, au Stade Anjalay Coopen notamment, tous ceux qui pratiquent ou étudient les langues orientales. La mobilisation a été un flop et les élections qui s’ensuivirent, un flop également pour le MSM. Depuis, jamais plus sir Anerood Jugnauth, n’a tenté, dans sa sagesse acquise, de diviser la population. Même les hindous ont rejeté cette façon de faire et le MSM par la même occasion. Après les langues orientales, on veut instrumentaliser la religion.

Il est bon de rappeler à ceux qui parlent souvent de l’histoire, comme Collendavelloo qui se dit un féru du sujet, ce que le siècle dernier – pas l’époque du Moyen-Âge – a vu comme atrocités raciales et religieuses, notamment durant la Seconde Guerre mondiale et plus récemment au Kosovo et au Rwanda. Presque tous ces massacres ont été motivés politiquement. Ce jeu est dangereux et l’on vient de saisir le bouc émissaire pour lancer la campagne : l’express.

Proud Mauritian.