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Kronik KC Ranzé
Changement pe vini… Ensam nou pli for…
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Kronik KC Ranzé
Changement pe vini… Ensam nou pli for…
Les meetings du 1er-Mai ont eu lieu, les fanions ont parlé, les politiciens aussi. Il est temps de constater ce qui en ressort, d’autant que les banderoles se sont maintenant affaissées...
D’abord, constatons qu’il n’y avait aucun moyen d’établir une comparaison relativement objective des foules à Port-Louis, à Vacoas, à Rose-Hill, à Curepipe ou… au e-meeting de Bhadain, puisqu’une interdiction d’opérer des drones avait été signifiée par le commissaire de police, tardivement la veille. L’accent étant sur le mot ‘tardivement’. Ce qui a dû favoriser les affaires de quelqu’un, notamment le petit futé qui obtenait, ‘in good time’, un permis du directeur de l’Aviation civile pour faire son drone survoler le meeting de Vacoas.
Ensuite, postulons que les foules de meetings sont peut-être des indicateurs indirects de tendances à venir, notamment grâce à l’enthousiasme que l’on y trouve, mais qu’en aucun cas, ces foules ne sont indicatrices de réalités électorales. Comment cela pourrait-il être autrement, puisqu’il faudrait pour cela s’assurer que ceux présents sont effectivement un échantillon représentatif des électeurs habilités à (et désireux de…) voter au moment opportun ! Sans compter qu’il faudrait aussi pondérer les foules rassemblées en fonction de la mobilisation presque exclusive des bus par le MSM, avec gâteries et promenade au bord de mer à la clé, et de la décision, très tardive aussi, de Metro Express, de ne pas opérer jusqu’à 14 heures – ce qui a pu avoir un effet tant positif que négatif !
Comme on pouvait s’y attendre, ce sont les challengers, qui ne sont pas en selle, qui ont fait des propositions de gouvernement. Le MSM, par contre, défendait son bilan. Ceux qui aspirent à le remplacer avaient l’obligation de dire ce qu’ils feront de différent. Le MSM, qui garde sans doute quelques cartouches au frais pour le prochain budget, était donc surtout dans un mode offensif, très agressif et personnalisé. Navin Ramgoolam surtout, mais aussi, Shakeel Mohamed, Sherry Singh, Arvin Boolell et Paul Bérenger en ont pris pour leur grade alors que, question bilan, le PM parlait avec force et satisfaction de la pension de retraite, du salaire minimum de Rs 18 500 et des subsides divers de Rs 4,1 milliards. Pas un mot cependant sur l’érosion de la roupie, l’inflation et l’illusion monétaire… D’autre part, 8 000 logements sociaux en construction, le pré-primaire gratuit, l’université gratuite, etc. aident à compléter un bilan social qu’il espère convaincant… et gagnant aux prochaines élections. Pas un mot, cependant, sur l’état de notre démocratie. Pas un mot non plus sur les scandales qui ont largement pollué son parcours, sauf pour pré-annoncer, (comme c’est souvent le cas, sans suite ?) les scandales qui seront révélés pour ‘le maharajah’ et ‘celui dont il a sauvé la vie’…
Ramgoolam a été plus vigoureux et convaincant à Port-Louis. Grâce notamment à une liste de 20 ‘mesures phares’ qui accrochent et qui seront complétées, nous promet-il, par d’autres dans un manifeste électoral bientôt.
Malheureusement, personne ne peut dire pour l’heure où nous mèneront ces promesses sur le plan financier, alors même qu’il n’y avait pas un mot, (sauf à valider l’idée compliquée à concrétiser (*) de plus de sécurité alimentaire), pour expliquer comment produire la richesse qui pourrait financer ces nouvelles largesses de l’État !
Je ne connais pas l’équipe qui conseille le PTr/MMM, mais ils ne peuvent pas ne pas connaître l’état financier du pays ! PwC, dans son Budget Brief 2023-24 rappelle les vérités suivantes : la dette nationale à fin juin 2023 était déjà à 79 % du PIB et le déficit du compte courant, même s’il est en régression, se montait toujours à 7,6 % du PIB, soit Rs 51 milliards. Mieux, pour 2023-24, le budget ‘social’ du gouvernement comprenait Rs 43,9 milliards pour les pensions (21,9 % des dépenses totales de Rs 200,3 milliards), auxquelles il faut rajouter une partie des Rs 33 milliards de subsides et dons divers (16,5 %) ainsi que Rs 16,9 milliards de bénéfices sociaux (8,4 %).
Autre illustration : la sécurité sociale, l’intégration sociale et la solidarité nationale, un regroupement qui représentait Rs 39,3 milliards au budget 2021-22 passerait à Rs 52,5 milliards en 2023-24 et à Rs 61,2 milliards au budget suivant… qui reste à venir d’ailleurs. D’autres, plus avisés que moi ont largement souligné la redéfinition du PIB qui convient bien et maquille tant de nos paramètres nationaux (**)… Il faut aussi rappeler que le budget 2023-24 ne finirait pas avec un déficit de 2,9 % (Rs 21 milliards) seulement, si les fonds spéciaux ne baissaient pas de Rs 31 milliards à Rs 12 milliards… Ça compte ?
Or, que nous propose le PTr/MMM ?
Une garantie que la pension de vieillesse et les autres allocations sociales seront augmentées autant que possible (coût ?), le prix de l’essence sera immédiatement réduit en enlevant des taxes (coût ?), le prix du kWh d’électricité sera réduit (coût ?), le prix des médicaments va baisser grâce aux génériques (aussi simple ?) et des bons d’achat gratuits seront distribués quand les pharmacies publiques seront hors stocks (coûts ?), le transport public sera gratuit pour tous , y compris les vans scolaires (coûts ? Est-ce que le métro est inclus ? La transport allowance sera-t-elle abolie ?), l’internet sera gratuit pour chaque famille (coût nécessaire pour couvrir Emtel, MT, MTML, etc…), abolition de la taxe sur les revenus annuels de moins d’un million par an, soit Rs 77 000/mois (coût ?), abolition des Rs 150 de redevance MBC, et la ‘fin’ de la dépréciation de la roupie (comment et à quel coût pour la Banque centrale et le pays ?).
J’ai adoré l’idée du droit d’enregistrement unique sur les véhicules, la promesse d’une réorganisation urgente du port et d’Air Mauritius et l’engagement de rendre public le Land Drainage Master Plan. Par contre, un an de congé de maternité et le menstrual leave (certifié médicalement ?) ne vont certainement pas mener les entreprises à augmenter le taux de participation féminine au marché du travail, alors que l’on trouve déjà difficile d’employer des locaux…
Les réformes proposées pour mieux ancrer la démocratie sont crédibles, nécessaires et en contraste flagrant avec ce qu’a fait le MSM au pouvoir et ce que ce parti n’est donc pas en situation de proposer pour l’avenir ! Plus de méritocratie, MBC libéralisée et impartiale, président de la République et speaker élus, réforme électorale, financement des partis politiques, Freedom of Information Act, garantie constitutionnelle pour la tenue des municipales et villageoises, remplacement de la NSS/NIU /ADSU dans une police retrouvant son prestige et son indépendance, consolidation de l’indépendance du DPP, ça promet du mieux ! Moins de pouvoir décisionnel centralisé chez le PM aiderait aussi…
Le Reform Party en est toujours à ses 80 réformes et se propose d’y ajouter une vingtaine qui seraient ‘canons’ ! Les réformes déjà proposées contiennent pas mal de bonnes idées, quelques grappes d’idéalisme tranchant, ainsi que plusieurs poignées de pikan-loulou. Ces propositions méritent une analyse détaillée, qui sera publiée bientôt et sera suivie d’autres analyses de programmes électoraux, quand ils seront suffisamment complets et idéalement quantifiés…. Rezistans ek Alternativ revendique des congés supplémentaires (congés ‘catastrophes’, congés parentaux de 5 jours par an, menstrual leave (tiens !), réclame des allocations qui couvrent, à 100 %, les augmentations de (tous les ?) prix et la réintroduction du National Pension Scheme. Lors de sa réunion à la rue Edward VII à Rose-Hill, Linion Moris promet de son côté, admirablement, de kas lérin lamafia ladrog, s’engage à ce que les travailleurs du privé aient les mêmes droits et privilèges que leurs collègues du secteur public (y compris la voiture duty free ?) et propose une ‘housewife allowance’ pour ‘ki madam-la …kapav roul so lakwizinn kouma bizin’. De plus, Linion Moris, qui souhaite rassembler un maximum de partis extra parlementaires et le PMSD, propose une date fixe pour les élections (comme aux États-Unis), la semaine de 40 heures pour tous, pas de dépôt pour les maisons NHDC et un examen supervisé ‘par des Anglais’ pour les promotions dans la police…
Avec un tel florilège d’idées de tous les partis revendiquant nos votes, le pays est-il sauvé ? Ou au contraire, devrons-nous, nous-mêmes, nous sauver à l’étranger, aux côtés des jeunes et des professionnels qui n’y croyaient déjà plus ?
Tout ce qui est populaire aide peut-être le parti, mais n’est pas nécessairement bon pour le pays ! Qui pense systématiquement au pays avant le parti ?
(*) Si c’était simple et profitable, où sont donc les récoltes de riz, de blé, de viande, de poisson ou de lait qu’il nous faut ?
(**) L'express l GDP Overestimation
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