Publicité

Intelligence artificielle

ChatGPT: facilitateur, mais…

27 décembre 2023, 19:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

ChatGPT: facilitateur, mais…

Longtemps un concept assez flou réservé aux aficionados de l’informatique, l’intelligence artificielle (IA) s’est pleinement démocratisée en 2023. L’aspect le plus répandu est ChatGPT, une forme de langage avec des fonctionnalités conversationnelles capable de générer du texte et répondre à des questions, entre autres. Alors que certains persistent à dire que ce modèle pourrait remplacer le travail dans beaucoup de secteurs, d’autres ont déjà commencé à l’utiliser pour être plus productifs.

Dans un sondage réalisé en France et mentionné dans Le Monde, 55 % des étudiants ont affirmé utiliser l’IA au moins occasionnellement. Qu’en est-il à Maurice ? «Le problème est que ChatGPT est essentiellement une base de données et Maurice est un petit pays. Donc, il y a beaucoup d’informations qu’on n’aura pas», explique un étudiant de l’université de Maurice. D’où le fait que l’utilisation n’est pas très répandue. Mais la recherche n’est pas tout. Il explique qu’il a pris la version payante et que, depuis, son temps de recherches pour les devoirs et révisions a été largement réduit. Auparavant, il lui fallait six à huit heures de recherches par devoir. Avec ChatGPT, cela a été réduit à une heure. «La version payante permet de synthétiser des documents. Donc, on peut ne pas tout lire. Et si on a besoin de plus de précisions sur une partie, comme le modèle est conversationnel, je peux lui demander.»

ChatGPT lui permet aussi d’analyser des infographies et de les synthétiser. Est-ce de la triche ? Non, selon lui. «Lorsque les ordinateurs étaient tout nouveaux, il y avait le même débat sur la fonctionnalité de correction dans Word. Aujourd’hui, ChatGPP existe, on ne va pas s’en passer. Mais, évidemment, il faudrait rapidement établir en cadre pour son utilisation dans l’éducation», dit-il, précisant qu’il est presque impossible pour le modèle de langage de répondre à une question parfaitement dans le domaine légal. Donc, la question de demander la rédaction totale des devoirs ne se pose pas. «Ce qui est génial, c’est que cela nous aide pour les recherches. À partir de là, avec les informations obtenues rapidement, on écrit et on développe notre propre réflexion pour répondre aux questions.»

Pas de créativité factice

Le succès modéré de ChatGPT dans le domaine de l’éducation n’est pas reflété ailleurs. Megane Fabre, responsable de ressources humaines, avance que ChatGPT a considérablement facilité et enrichi son travail quotidien. «Par exemple, cela m’aide dans l’amélioration de la rédaction de communications internes, d’e-mails et de certains documents administratifs en les rendant plus clairs et professionnels.» Ou encore, dit-elle, dans le processus de recrutement. Le tout est de lui donner les bonnes commandes. «Avec la bonne commande, il génère les annonces claires, pertinentes et bien formulées tout en aidant à élaborer des questions d’entretien. Et puis il fournit des questions ciblées à poser lors des entretiens», avance-t-elle. Par ailleurs, elle avance qu’il existe aussi des prompts exclusifs à son domaine. «Avec cela, je peux obtenir des conseils sur la résolution de conflits, la productivité, la gestion de la vie quotidienne dans l’entreprise. Il permet aussi de sortir des rapports et d’en faire l’analyse», ajoute-t-elle.

Un des domaines où ChatGPT est de plus en plus utilisé, c’est dans les salles de rédaction, au niveau de la correction. Quant à l’écriture, encore une fois, ChatGPT est une base de données, et de ce fait, ne peut générer de nouvelles informations. Il n’est pas créatif, mais permet de gagner du temps encore une fois. Le même scénario se produit dans les boîtes de marketing. Manoubhavna Koonja, Account Manager à Eclipse Communications, avance que son équipe a participé à une formation sur l’utilisation de ChatGPT dispensée par Jacki McEwen, la fondatrice d’Eclipse Communications. «Certes, ChatGPT présente un avantage significatif en simplifiant le processus de recherche où nous pouvons obtenir rapidement des réponses complètes, incluant des articles de recherche et des ensembles de données. Cette fonctionnalité nous permet de gagner du temps pour rechercher et analyser des sources de données pertinentes.» Cependant, elle précise que si l’outil est précieux pour automatiser certaines tâches et générer du contenu, il ne peut remplacer la créativité, la compréhension humaine et la gestion des relations dans le domaine des communications et des relations publiques. «Il faut une approche sophistiquée et nuancée pour comprendre les besoins et les attentes de chaque partie prenante avec laquelle nous travaillons et cela va au-delà des capacités des modèles de langage fournis par ChatGPT.»

D’ailleurs, les limites de créativité de ChatGPT ont été prouvées récemment. Amazon a limité les auteurs à trois publications par jour sur la plateforme Kindle, car récemment, il y avait eu une envolée de littérature créée par l’IA, un peu à l’image des œuvres créées par le département fiction dans 1984, œuvre mythique d’Orwell, où les livres sont écrits par des machines sur des consignes spécifiques pour plaire au parti. «Donner des consignes à une IA pour écrire un livre et obtenir un résultat ne prend que quelques heures. Sur YouTube, TikTok ou Reddit, on trouve désormais des centaines de tutoriels qui expliquent comment écrire un livre en une demi-journée. Il s’agit encore d’une littérature pour le moins basique mais, pour certains types d’ouvrages comme les romans à l’eau de rose, les polars de gare faciles, les livres de recettes de cuisine pour maigrir ou encore une méthode pour s’enrichir rapidement, cela peut faire l’affaire», a rapporté le journal Le Monde dans un article consacré à ce sujet.

De plus, la qualité de ces ouvrages laisse souvent à désirer, comme l’a fait ressortir Mary Rasenberger, directrice exécutive de la Guilde des auteurs aux États-Unis, mais le problème est que les auteurs pourraient se retrouver au chômage. Quant à Renaud Lefebvre, directeur général du Syndicat national de l’édition, il a qualifié ces ouvrages de «tromperies» et de «contenus parasitaires». Raison pour laquelle un cadre pour l’utilisation de ChatGPT est demandé un peu partout dans le monde.