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Collect this man!

25 mai 2024, 08:36

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Collect this man!

Le contraste entre le (dys)fonctionnement actuel de l’Assemblée nationale et sa bonne marche sous son premier speaker, sir Harilal Vaghjee, remonte à la surface. Surtout depuis que Sooroojdev Phokeer s’est permis de lancer au leader de l’opposition un incroyable «Rest in Peace.»

Nous sommes aujourd’hui arrivés à un stade de décomposition avancée de notre Parlement, quelques mois avant sa dissolution automatique, le 21 novembre.

La question qui agite l’opinion (et qui fait l’objet de notre décryptage-vidéo sur lexpress.mu, demeure) : est-ce que Phokeer, qui extermine l’opposition parlementaire en expulsant sans pitié ses membres, est-il un atout pour le MSM ou a-t-il suffisamment dépassé la ligne rouge pour que le MSM choisisse de le remplacer avant la fin de la législature dans une ultime tentative de redorer son blason parlementaire et son bilan démocratique ?

Vaghjee, qui a exercé de 1960 à 1979, incarne dans l’imaginaire collectif, sans doute, le contraire même de ce que fait et ce qui fait Phokeer. Sir Harilal, reconnu pour sa gestion impartiale et respectueuse des devoirs parlementaires, offre un contraste saisissant. Juriste de formation, Vaghjee entre en politique en 1948, mais devient président en 1960, d’abord pour le Conseil législatif de l’ère coloniale, puis pour l’Assemblée nationale indépendante après 1968. Son mandat est marqué par une élévation sans opposition à ce poste, soutenue à l’unanimité lors des discussions de Lancaster House en 1965, reflétant la confiance et le respect qu’il inspirait à travers les tendances politiques. SSR, Gaëtan Duval, Renganaden Seeneevassen, sir Abdool Razack Mohamed, Jules Koenig, les frères Bissoondoyal, tous ont soutenu la proposition de le nommer «speaker à vie». Il y avait un rare et solide consensus à l’effet qu’il était la personne idéale pour occuper la fonction à un moment charnière de notre histoire. Ce n’était pas la fonction qui faisait l’homme mais l’homme/la personne qui faisait la fonction.

Sous Vaghjee, le Parlement était caractérisé par l’intellectualisme, la culture et une stricte adhérence à la formalité et au respect des horaires (le Parlement commençait avec ou sans le PM/Leader of the House). Il adoptait une position neutre, commençant les séances à l’heure, quel que soit le nombre de députés présents, et évitait toute familiarité personnelle avec les membres, se référant à eux uniquement par leur circonscription – et non en évoquant par exemple, 11 fois d’affilée : «Honorable Bhagwan, look at your face!» C’était en août 2021. Un moment noir. Qui perdure.

Contrairement aux séances chaotiques d’aujourd’hui, l’Assemblée de Vaghjee était un lieu de respect silencieux, où le décorum prévalait et les débats se déroulaient sans interruption.

L’approche de Vaghjee en matière de gouvernance parlementaire se distinguait également par sa manière de gérer les règles et l’opposition. Il est rappelé avec nostalgie pour sa flexibilité avec les Standing Orders, permettant aux députés de second plan de faire des déclarations et en promouvant de jeunes parlementaires en leur déléguant des représentations internationales. Sa justice s’étendait à encourager les membres de l’opposition et à veiller à ce que la responsabilité gouvernementale ne soit pas mise de côté, des pratiques absentes dans l’Assemblée actuelle.

En comparaison, Phokeer a été critiqué pour sa protection excessive du gouvernement tout en étouffant les voix de l’opposition. La présidence actuelle abuse clairement des expulsions et suspensions de membres de l’opposition, une tactique inconnue du temps de Vaghjee.

L’héritage de Vaghjee est un souvenir d’un passé plus digne. Il doit servir de rappel du potentiel pour un Parlement mieux géré. Au vu de ce qui s’est passé avec Maya Hanoomanjee et ce qui se passe avec Sooroojdev Phokeer qui casse tous les records : on devrait revoir le mode de désignation du speaker. Il y a urgence. Puisqu’on a déjà franchi toutes les limites du permissible. Et c’est le MSM qui est éclaboussé par les agissements dictatoriaux d’un speaker désormais hors de contrôle...