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Déclaration ethnique

Comment choisir les meilleurs perdants...

6 novembre 2023, 21:00

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Comment choisir les meilleurs perdants...

Motee Ramdass et Ravi Yerrigadoo avaient été repêchés comme Best Losers en 2000 bien qu’ils soient issus de la communauté majoritaire.

Après notre article du 31 octobre, des lecteurs ont voulu savoir comment Motee Ramdass et Ravi Yerrigadoo, deux candidats qui s’étaient déclarés hindous, ont été repêchés comme «Best Losers» aux élections générales du 11 septembre 2000. Explications…

Le Best Loser System (BLS) est normalement réservé aux trois communautés «minoritaires», à savoir musulmane, sino-mauricienne et la Population générale, permettant à huit meilleurs perdants de ces groupes d’être repêchés comme députés correctifs. C’est l’article 5 de la première annexe («schedule») de notre Constitution qui établit la procédure pour le BLS.

Première étape : l’alinéa 3 de cet article 5 prévoit que ce sont d’abord les quatre premiers meilleurs perdants qui sont choisis parmi ces trois groupes «minoritaires», et cela, indépendamment des partis auxquels ils appartiennent. Les meilleurs perdants sont ceux qui ont obtenu le plus haut pourcentage après le troisième élu par circonscription (pour Rodrigues, après le deuxième élu), et non pas au niveau national. Ainsi, en 2000, ce sont Nicolas Von Mally (Rodrigues), James Burty David (no 1), Ahmad Jeewah (no 2) et Joseph Léopold (Rodrigues) qui ont été repêchés, les quatre ayant obtenu 47,678 %, 47,526 %, 38,363 % et 45,687 % respectivement dans leur circonscription. Ahmad Jeewah était le musulman ayant scoré le meilleur pourcentage.

Deuxième étape : il faut maintenant, selon l’alinéa 4, «rendre» au parti ou alliance gagnant(e) son avance sur l’autre parti ou alliance qui vient de récupérer des sièges additionnels à travers la première étape. Combien faut-il rendre à l’alliance gagnante (Mouvement socialiste militant-Mouvement militant mauricien (MSMMMM) ? À première vue, un seul, celui obtenu par l’alliance Parti travailliste-Parti mauricien Xavier Duval (PTr-PMXD) avec James Burty David. Or, le commissaire électoral a choisi de rendre trois sièges au MSMMMM, incluant les deux repêchés par le Mouvement Rodriguais. Cela, bien que le MSM-MMM n’ait pas présenté de candidats à Rodrigues, ni l’alliance PTr-PMXD d’ailleurs. Mais le PMXD oui. De plus, on ne peut dire que les élus et même les Best Losers rodriguais se comportent comme l’opposition au Parlement mauricien. Mais cette «anomalie» est un autre débat.

Revenons à ces trois sièges à être remplacés. Comment choisir les trois meilleurs perdants du MSM? L’alinéa 4, toujours, prévoit que «… out of the second 4 seats shall one by one be allocated to the most successful unreturned candidates (if any) belonging both to the most successful party and to the appropriate community, or where there is no unreturned candidate of the appropriate community, to the most successful unreturned candidates belonging to the most successful party, irrespective of community». En clair, s’il n’y a pas de meilleurs perdants des trois communautés minoritaires dans les rangs du MSM-MMM, on peut récupérer de la communauté hindoue de cette alliance. Car, selon cette partie de la Constitution consacré au BLS, le rééquilibrage dans le nombre de sièges en faveur de l’alliance gagnante est plus important que le rééquilibrage en faveur des communautés sous-représentées.

Ainsi, après avoir repêché Anwar Oomar de l’alliance MSM-MMM, cette dernière n’avait plus de meilleurs perdants des communautés minoritaires à proposer. Alors que l’alliance perdante, PTr-PMXD, elle, en avait 17 à offrir venant des trois communautés minoritaires. Il faut dire que le MSM-MMM avait remporté 54 des 60 sièges. En vertu de cet alinéa 4 donc, il fallait donc se tourner vers les deux meilleurs perdants hindous suivants du MSMMMM. Et c’est ainsi que Motee Ramdass et Ravi Yerrigadoo ont été choisis. Ces deux candidats avaient obtenu 46,447 % et 46,088 % respectivement et étaient les deux meilleurs perdants des élections de 2000 après James Burty David si l’on prend en considération toutes les communautés.

Et Xavier-Luc Duval, comment a-t-il fait son chemin parmi les Best Losers ? Il restait un huitième siège de Best Loser à pourvoir. Et l’alinéa 5 de l’article 5 de l’annexe 1 de la constitution prévoit que «one seat shall be allocated to the most successful unreturned candidate (if any) belonging both to the most successful of the parties that have not received any of the 8 seats and to the appropriate community, the next seat (if any) shall be allocated to the most successful unreturned candidate (if any) belonging both to the second most successful of those parties and to the appropriate community» Or, il n’y avait aucun autre parti meilleur perdant (ayant des élus) qui n’ait obtenu aucun député correctif, comme cela serait le cas en 2019 avec le repêchage d’Arianne Navarre-Marie pour le MMM. Il fallait donc, en 2000, se tourner vers le «second most successful of those parties and to the appropriate community», c’est-à-dire l’alliance PTr-PMXD. Et c’est Xavier-Luc Duval qui était le mieux placé dans ce contexte, se trouvant juste après David avec 42,77 % des suffrages exprimés dans la circonscription no 17.

Nombre de voix au niveau national

Nos représentants au Parlement sont choisis au scrutin majoritaire qui détermine les gagnants par circonscription. Dépendant des délimitations de ces circonscriptions et de leur nombre d’habitants et d’électeurs, certains candidats peuvent être élus avec un nombre de suffrages plusieurs fois supérieur à celui d’un autre. Ainsi, en nombre absolu au niveau national, en 2000, Anil Bachoo a obtenu, au no 9, 24 210 voix soit environ quatre fois celui de Siddick Chady, qui n’a recueilli que 6 603 voix au no 3. C’est Paul Bérenger qui avait obtenu le pourcentage le plus élevé de voix par circonscription en 2000, avec 67,171 % des suffrages exprimés à Stanley-Rose-Hill et 17 410 voix.