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Élections 2024
Comment expliquer cette lourde défaite de l’Alliance Lepep ?
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Élections 2024
Comment expliquer cette lourde défaite de l’Alliance Lepep ?
Les élections générales de 2024 tenues durant le week-end marquent le troisième 60-0 de l’histoire de Maurice, avec ceux de 1982 et 1995. Ce qui retient également l’attention, cependant, ce sont les électeurs qui ont participé à ces législatives – 79,30 % cette année contre 76,84 % en 2019 et 74,11 % en 2014. Mais pas que ! L’on note un écart considérable, dans quasiment 20 circonscriptions entre les candidats de l’Alliance du changement et celle de Lepep.
À titre d’exemple, dans la circonscription n° 2 (Port-Louis-Sud–Port- Louis-Centre), l’on retrouve Osman Mahomed en tête de liste avec 18 481 voix contre Roubina Jadoo-Jaunbocus à la quatrième place, après Reza Uteem (17 104) et Farhad Aumeer (16 384) avec seulement 4685 voix, soit un écart de 13 796 entre Mahomed et Jaunbocus. Et cela se répète un peu partout dans les circonscriptions, qu’elles soient urbaines ou rurales. Au n° 4 par exemple, l’on retrouve Anabelle Savabaddy en tête du podium avec 27 718 voix, puis Adrien Duval à la quatrième position avec seulement 14 639 voix et Joe Lesjongard – tous deux repêchés comme best losers – à la sixième place avec un total de votes de 13 834.
Au n° 5 (Pamplemousses- Triolet), Navin Ramgoolam, qui a connu une défaite en 2014 avec 20 093 voix, a été élu en tête de liste cette année avec 32 156 voix, cette fois-ci détrônant Soodesh Callichurn – élu en tête de liste lors de deux élections d’affilée – qui, lui, a récolté 16 193 voix contre 22 993 voix en 2019 pour l’ex-ministre orange. Au n° 8 (Moka–Quartier-Militaire), on a assisté à la chute de Pravind Jugnauth, Premier ministre depuis 2017. Ce dernier s’est vu devancer par les trois candidats néophytes de l’Alliance du changement, à savoir Dhaneshwar Damry (25 821), Babita Thannoo (22 900) et Govinden Venkatasami (21 308) en se retrouvant à la quatrième place avec 17 582 voix. À noter qu’en 2019, le leader de l’Alliance Lepep avait obtenu 21 327 voix et était en première position aux côtés de Leela Devi Dookun-Lutchoomun etYogida Sawmynaden.
Prenons également l’exemple du n° 10 (Montagne-Blanche– Grande-Rivière-Sud-Est) où Vikram Hurdoyal n’a obtenu que 16 395 voix alors qu’il était sorti en tête de liste face à Navin Ramgoolam (17 536 voix en 2019 au n° 10) dans cette même circonscription en 2019 en récoltant un total de votes de 23 252. Les candidats élus de l’Alliance du changement ont obtenu, eux, le nombre de votes suivant : Chetan Baboolall (26 696), Avinash Ramtohul (25 668) et Reza Saumtally (25 163).
Puis, l’on a Alan Ganoo qui est connu comme le «roi de l’Ouest» après neuf victoires d’affilée au n° 14 (Savanne–Rivière-Noire). Il s’est retrouvé à la quatrième position avec seulement 10 298 voix sur 40 264 votants derrière les trois candidats de l’Alliance du changement, Arvin Babajee (27 117 voix), Ravin Jugurnauth (25 749 voix) et Véronique Leu-Govind (25 489 voix). Il faut rappeler qu’en 2019, Alan Ganoo avait fait un score de 20 631 voix et s’était positionné en tête du classement.
Au n° 18 (Belle-Rose–Quatre- Bornes), Stéphanie Anquetil, qui a été confirmée comme candidate dans cette circonscription le 11 octobre après avoir occupé durant les cinq dernières années la circonscription n° 16 (Vacoas-Floréal) – elle n’a eu qu’un mois pour «travailler le terrain» – a également fait un score remarquable, se plaçant deuxième, avant Veda Balamoody, son collistier, puis suivi des trois candidats de l’Alliance Lepep, Kavy Ramano (14 342 voix), Xavier-Luc Duval (12 796 voix) et enfin Shyam Khemloliva (10 606 voix). La nouvelle élue rouge a obtenu, elle, 29 398 voix et Arvin Boolell qui s’est positionné en tête de liste (34 628 voix). Un écart considérable de 20 286 voix entre l’ex-leader de l’opposition et le ministre de l’Environnement sortant.
Dans la circonscription n° 19 (Stanley–Rose-Hill), Ivan Collendavelloo, leader du Muvman Liberater, partenaire de l’Alliance Lepep a, lui, connu une lourde défaite en comparaison aux autres partenaires de l’Alliance Lepep – Duval, Obeegadoo et Ganoo – il s’est vu placer à la septième position après les trois élus de l’Alliance du changement, Paul Bérenger ayant obtenu 21 740 voix, puis Fazila Jeewa Daureeawoo en quatrième position avec 6 696 voix, Patrick Belcourt avec 6 373 voix et Rama Valayden 6 334 voix. Ivan Collendavelloo n’a récolté que 5 722 voix contre 8 959 voix – troisième position – en 2019.
«Missie Moustass»
Jocelyn Chan Low, observateur politique, fait remarquer que l’Alliance Lepep a eu des difficultés dès le départ avec plusieurs de ses candidats qui faisaient face à des représailles sur le terrain. «L’Alliance Lepep a essayé de renverser la tendance en annonçant des promesses électorales qui n’ont, cependant, pas marché car le jour même du Nomination Day, il y a eu l’entrée en action de Missie Moustass… Alors que le MSM a tenté par le biais de Xavier- Luc Duval de cibler un segment spécifique de la société, le leader du PMSD avec les propos sur la Vierge Marie n’a même pas pu démarrer sa campagne comme il se doit.»
Pour Jocelyn Chan Low, il est clair que Missie Moustass a été l’acteur principal de cette campagne ; même la promesse du 14e mois n’a pas eu l’effet escompté. «Missie Moustass, à travers les réseaux, a su choisir avec précision le choix de ses thèmes. Les propos divulgués ne visaient pas qu’une seule ethnie mais plusieurs communautés, les thèmes des allégations étaient parfaitement choisis, puis il y a eu l’entrée en scène de la Dictator’s wife qui est souvent noté également dans le contexte politique global, et cette fois-ci à Maurice.» Tout cela, indique l’observateur politique, explique l’écart entre l’Alliance du changement et celle de Lepep lors de cette législative. «Concernant le choix de candidats de l’Alliance Lepep, j’en doute qu’il a pesé dans la balance de cette défaite car les bons aussi bien que les mauvais choix ont perdu. Il y a eu un raz-de-marée avec l’affaire Missie Moustass et les réseaux sociaux. C’est ce facteur qui a fait basculer toute la campagne électorale…»
Ils ont renversé la tendance
Il y a des candidats de l’Alliance du changement qui n’ont pas pu passer lors des législatives de 2019 et qui ont fait une avancée remarquable cette fois-ci. Parmi eux, l’on note le retour du «roi de l’Est», Anil Bachoo, au n° 9 (Flacq–Bon-Accueil). Si en 2019, il était en quatrième position avec 19 267 voix et cette fois-ci, il a été élu en pole position avec 28 758 voix. Il y a aussi Raviraj Beechook qui était candidat au n° 6 en 2019. Il était placé en sixième position avec 14 152 voix, cette fois-ci au n° 9, il est sorti deuxième avec 27 605 voix, puis il y a aussi Reza Saumtally au n° 10, cinquième avec 12 882 voix en 2019 et cette année troisième avec 25 163 voix. Pour sa part, Ashley Ramdass au n° 11 avait obtenu 11 400 voix et était placé à la sixième place en 2019, et cette année, il a récolté 21 115 voix et occupe la troisième place.
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