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Emploi
Comment mieux encadrer les travailleurs étrangers
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Comment mieux encadrer les travailleurs étrangers

Face à une situation jugée «catastrophique» dans le secteur de l’emploi et du recrutement de travailleurs étrangers, le gouvernement annonce un plan de réforme en trois étapes pour réguler le marché du travail et limiter les abus. Lors de la Private Notice Question (PNQ) à l’Assemblée nationale, le ministre du Travail, Reza Uteem, a dénoncé l’existence d’une «mafia» ayant prospéré ces dix dernières années dans l’importation de main-d’œuvre étrangère, au détriment des Mauriciens.
Selon les chiffres communiqués par le ministre, 35 200 personnes étaient officiellement en quête d’un emploi en septembre 2024, dont 20 618 déjà en activité mais cherchant de meilleures opportunités. En parallèle, 48 458 travailleurs étrangers sont actuellement employés à Maurice, principalement dans la construction et le secteur manufacturier.
Toutefois, un autre chiffre alarme les autorités : 4 827 travailleurs en situation irrégulière, dont 2 542 portés manquants et 2 285 travaillant sans permis.
«Il est anormal que recruter un travailleur étranger coûte moins cher qu’embaucher un Mauricien», a affirmé Reza Uteem, pointant du doigt un système où certains agents de recrutement sont privilégiés, malgré des coûts élevés. Le ministre a promis un assainissement du secteur, avec des mesures pour aligner l’offre et la demande sur le marché local.
Le gouvernement compte s’attaquer au problème par une réforme en trois volets :
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Modernisation des services d’emploi : les centres d’enregistrement seront digitalisés pour optimiser l’orientation des demandeurs d’emploi. Un logiciel utilisant l’intelligence artificielle sera mis en place pour mettre en relation automatique les chômeurs et les employeurs en fonction des compétences requises.
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Renforcement de la formation locale : en collaboration avec le ministère de l’Éducation, le Mauritius Institute of Training and Development (MITD) développera de nouveaux programmes pour répondre aux besoins des employeurs. Actuellement, seuls 88 étudiants ont été formés en 2024-2025, un chiffre jugé largement insuffisant face à la demande croissante de main-d’œuvre.
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Encadrement du recrutement étranger : un comité interministériel composé de Reza Uteem, Ashok Subron, Avinash Ramtohul et Aadil Ameer Meea planche sur une réforme du recrutement des travailleurs étrangers. L’objectif est de limiter les abus des employeurs et des agents, tout en garantissant que le recours à la main-d’œuvre étrangère ne se fasse pas au détriment des Mauriciens.
Le ministre du Travail a également rappelé que le travail sans permis constitue une infraction et que les employeurs fautifs ne seront plus épargnés. Selon lui, plusieurs travailleurs étrangers se retrouvent dans l’illégalité car leurs employeurs ne renouvellent pas leurs permis de travail, les maintenant ainsi dans une situation précaire.
«Dans le passé, des opérations de contrôle ont souvent ciblé les travailleurs sans papiers, mais les employeurs qui les embauchent n’ont jamais été inquiétés Cela doit changer», a martelé Reza Uteem.
Alors que le gouvernement tente de rééquilibrer le marché du travail, les syndicats et les organisations patronales restent divisés sur la question. Certains plaident pour un accès facilité à la main-d’œuvre étrangère afin de combler les pénuries dans des secteurs-clés, tandis que d’autres réclament des mesures strictes pour privilégier l’embauche locale.
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