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Affaire Vimen Sabapati

Confession d’un ex-membre de la SST

28 février 2024, 20:18

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Confession d’un ex-membre de la SST

Vimen Sabapati a toujours clamé son innocence dans l’affaire de drogue retrouvée dans son véhicule le 3 mai 2023 à Port-Louis. Il a même pu obtenir la libération conditionnelle le 5 octobre 2023, la cour n’ayant pas été satisfaite des preuves et surtout des témoins que la police n’avait pas encore identifiés cinq mois après son arrestation par la Special Striking Team (SST). Neuf mois plus tard, la police n’a, semble-t-il, pas avancé dans l’enquête. Du moins, on n’en a pas entendu parler. Il ne faut pas oublier non plus l’affidavit que Sabapati avait juré le 26 mai 2023 où il dénonçait, preuves à l’appui, les méthodes utilisées par la SST, notamment celle de «planting» de la drogue.

Le lundi 12 février, Vimen Sabapati a juré un deuxième affidavit en cour où il faisait des «révélations» contre l’équipe de la SST qui l’avait appréhendé le 3 mai 2023. Vimen Sabapati avance, encore une fois preuves en vidéo et en audio à l’appui, qu’un ex-membre de la SST l’a accosté le 24 décembre 2023 à Trianon et qu’il a reconnu la dame comme celle qui avait filmé son arrestation le 3 mai 2023.

La policière qui était en uniforme lui a dit, selon Vimen Sabapati, qu’elle cherchait à le rencontrer depuis deux mois et qu’elle s’était même rendue en vain à son restaurant à Rose-Hill. Tout en informant Sabapati qu’elle ne faisait plus partie de la SST car «tro bokou travay malang ki pe fer laba».

Elle dira qu’elle était, depuis son transfert, postée à Rose-Hill. Toujours selon Vi- men Sabapati, la policière lui aurait expliqué qu’elle voulait le rencontrer pour l’informer que ce qu’elle a filmé le 3 mai 2023 ne correspond pas à ce qui a été enregistré dans le Diary Book de la police. «L’enregistrement vidéo montre que vous (NdlR : Vimen Sabapati) preniez votre sac avec vous pour vous rendre au bureau (NdlR : de son avocat) alors que d’après la procédure, si on vous arrête en chemin avec de la drogue dans votre sac, ce sac aurait dû être saisi par la police sur place. De plus, l’accusé ne doit pas voyager avec la pièce à conviction (exhibit).»

La policière aurait alors montré la vidéo à Vimen Sabapati tout en lui promettant de lui en envoyer une copie. Elle lui a suggéré de faire une demande pour obtenir le Diary Book et l’Occurrence Book et ce sera l’occasion, ajoute-t-elle, pour lui de découvrir que ce qui a été noté par la police est différent de ce qui s’est passé, comme en témoignerait la vidéo.

Rencontre filmée

Dans l’affidavit, Vimen Sabapati souligne que sa rencontre avec la policière le 24 décembre a été filmée par son épouse et il nous a remis une copie de la vidéo. Il a repris contact par téléphone avec la policière le 12 janvier 2024 et a annexé une copie de la conversation à son affidavit de même qu’une autre conversation ayant eu lieu le 22 janvier.

La fameuse vidéo de l’arrestation du 3 mai ne lui a pas été remise par la policière. Selon Sabapati, la policière a déjà quitté le pays. Il nous a envoyé une partie de la conversation qu’il avait eue avec elle où cette dernière faisait part de sa peur d’être victime d’un «planting» de la part de ses anciens collègues.

Contacté, Me Shakeel Mohamed nous fait savoir qu’il demandera de prendre connaissance du contenu des Diary Book et Occurrence Book en temps et lieu. Tout en ajoutant que la police a toujours refusé systématiquement de communiquer les pièces contenues dans l’enquête. «C’est une mauvaise pratique de la part de la police qui est devenue la norme récemment que de refuser de communiquer à la défense les pièces à conviction. Elle ne le fait qu’après que l’accusation principale (NdlR : après l’accusation provisoire) a été présentée en cour.» Avec cette nouvelle révélation de Vimen Sabapati concernant la «confession» de l’ex-membre de la SST, il est certain que ces documents constitueront des pièces maîtresses et seront exigés si ce n’est pour mettre fin à cette accusation qui demeure, neuf mois plus tard, toujours provisoire mais qui représente une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête de l’entraîneur de Muay Thai.