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Vols avec violence
Confidences d’un chauffeur de taxi
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Vols avec violence
Confidences d’un chauffeur de taxi
Cette vidéo a fait le tour des réseaux sociaux. Le 11 avril, un chauffeur de taxi était assis dans sa voiture lorsqu’un homme s’est approché de lui pour demander d’effectuer un trajet jusqu’à Terre-Rouge. Le chauffeur a convenu d’une course pour Rs 400, et le passager est monté à l’avant du véhicule. Cependant, arrivé à Ste-Croix, il a sorti un couteau et a exigé Rs 4 000 avant de prendre la fuite. Le suspect a été passé à tabac par des habitants d’Henrietta puis appréhendé par la police peu après. Malheureusement, de tels incidents ne sont pas rares. Pour beaucoup, être chauffeur de taxi est devenu un métier de plus en plus risqué par les temps qui courent...
Hassen (prénom d’emprunt), un habitant du Nord âgé de 73 ans, exerce ce métier depuis les années 1990. Son quotidien : transporter des passagers de et vers la gare dans la capitale, répondre aux appels de clients réguliers. Cependant, toutes ses expériences n’ont pas été positives. «J’ai été victime de vols à plusieurs reprises en fin de soirée. Une fois, une femme avec un bébé m’a demandé de l’emmener à l’hôpital, prétendant que l’enfant était malade et qu’elle me paierait. Mais en cours de route, elle m’a demandé d’arrêter le véhicule. D’autres individus sont alors intervenus, armés de couteaux et exigeant tout mon argent. Je n’avais d’autre choix que de céder...» Dans d’autres cas, «des individus bien habillés demandent des trajets vers d’autres régions. À première vue, on pourrait penser qu’ils sont des clients normaux. Mais une fois sur place, ils demandent des itinéraires alternatifs et des arrêts imprévus. Ils sont organisés depuis le début. Alors qu’ils prétendent devoir récupérer quelque chose chez un ami, leurs complices montent à bord et commettent le vol...»
Certains chauffeurs de taxi ont choisi de ne travailler qu’avec les hôtels, transportant des touristes autour de l’île ou vers et depuis l’aéroport. D’autres ne prennent des courses que pour des personnes de leur quartier qu’ils connaissent personnellement et en qui ils ont confiance, afin d’éviter les situations dangereuses. «De cette manière, nous savons que les clients sont dignes de confiance, car ils ont les moyens de séjourner dans des hôtels ou de voyager...» avoue Hassen. Cependant, «un autre problème auquel nous sommes confrontés est que de nombreux clients demandent des arrêts imprévus pour récupérer des colis. Nous ne pouvons pas refuser, mais nous ne savons pas ce que contiennent ces colis. Si jamais ils contiennent des articles illégaux, nous risquons d’être accusés de complicité et de passer des nuits en cellule...» nous dit-il.
Hassen estime que «la société s’est dégradée avec le temps. La drogue est omniprésente, beaucoup cherchent à gagner de l’argent facilement, et le coût de la vie est élevé. Nous sommes devenus plus vulnérables à l’insécurité. Les criminels observent nos routines pendant des jours avant de passer à l’attaque... On agresse, on tue pour quelques billets alors nous préférons donner notre argent pour protéger nos proches. Mais cela crée une méfiance généralisée, où de bonnes personnes innocentes peuvent être rejetées à cause de quelques individus mal intentionnés...»
Certains se demandent même s’il ne serait pas temps d’autoriser les chauffeurs de taxi à transporter des ‘armes’ pouvant leur permettre de se défendre. «Nous n’avons aucun moyen de le faire pour l’instant alors que les prétendus clients sont armés de couteaux et de cutters...»
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