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Consécration à Ayodhya : Un sans-faute à Maurice

27 janvier 2024, 07:46

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Consécration à Ayodhya : Un sans-faute à Maurice

Les Mauriciens ont fait preuve d’une remarquable maturité émotionnelle par rapport à un événement historique sans précédent, c’est-à-dire la consécration en Inde du nouveau temple dédié à Ram.

Ce qui s’est passé en Inde n’était pas dépourvu d’une énorme charge émotive. Voilà qu’on construit un temple sur un site qui abrita une mosquée qui fut bâtie en 1527 alors que le Nord de l’Inde était dirigé par un empereur musulman. Selon certains mouvements hindous, la mosquée fut construite sur un temple dédié à la naissance de Ram bien des millénaires auparavant. Ainsi, dans le cadre d’une pétition qui fut présentée devant la Cour suprême de l’Inde, pas moins de 533 preuves furent avancées pour établir qu’un temple millénaire existait sur le lieu. Ram est vénéré comme la principale réincarnation de Vishnou.

La polémique autour de la controverse mosquée/temple a toujours assumé des proportions de violence meurtrière en Inde. Ainsi, à l’issue d’une manifestation monstre, la mosquée de Babri fut détruite en 1992. La charge fut menée par les partisans d’un mouvement qui dans sa forme politique actuelle a accédé au pouvoir en Inde en 2014.

Les Mauriciens suivent avec intérêt ce qui se passe sur le plan de la religion en Inde. Après tout, la majorité des Mauriciens se retrouvent comme des descendants de travailleurs indiens qui sont venus dans l’île comme adeptes de l’hindouisme, de l’Islam mais aussi du catholicisme pratiqué par des artisans venus du Sud de l’Inde, en particulier du féerique comptoir français de Pondichéry. Mais l’Inde, c’est l’lnde et Maurice, c’est Maurice. Nous avons toujours su regarder les événements en Inde sans tomber dans l’hystérie.

Fait remarquable à constater dans le sillage de la consécration du nouveau temple en Inde malgré toutes les controverses tant religieuses que politiques en découlant : pas un seul incident à déplorer à Maurice. Par contre, en Inde même, de violents heurts se sont produits le lundi 22 janvier entre des participants à des processions célébrant la nouvelle arrivée de Ram et des opposants nullement contents de cet événement. Des incidents ont été enregistrés dans pas moins de six États de l’Inde dont en Uttar Pradesh, province qui abrite le nouveau temple*. Par contre, malgré la mobilisation bruyante de centaines de véhicules dont des 4 x 4 dans différentes régions de Maurice par des adeptes de Ram, pas le moindre acte répréhensible à signaler.

Tout incident à Maurice aurait gâché le renom de Maurice qui a été systématiquement mentionné dans tous les médias étrangers qui ont parlé d’Ayodhya et de son impact international. Le fait que le gouvernement mauricien ait accordé du temps libre de deux heures aux fonctionnaires pour qu’ils puissent célébrer l’événement a intéressé les médias surtout ceux de l’Inde. Aussi, les images des défilés de véhicules à Maurice ont été répertoriées à l’étranger. On a ainsi constaté que les Mauriciens avaient organisé un défilé plus spectaculaire encore que celui qui fut déployé par des Américains adeptes de Ram sur l’imposant Golden Gate Bridge, à San Francisco, aux États-Unis.

Évidemment, des vested interests à Maurice auraient bien aimé voir se produire des incidents afin de créer une psychose car on ressent déjà les effets de l’échéance électorale. Encore une fois, les Mauriciens, dans leur ensemble, ont fait preuve de maturité, de compréhension, de fair-play, de live and let live face à un développement hautement émotif. Après tout, malgré les reportages négatifs sur Maurice, surtout après les énormes bourdes commises dans la gestion des intempéries, on reconnaîtra quand même que la cohabitation harmonieuse, la diversité culturelle et le voisinage mixte restent des atouts qui contribuent énormément à donner à Maurice un cachet tout spécial.