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Festival «enn zour dan enn pei»
Contes, mémoire et imagination pour retrouver ses racines
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Festival «enn zour dan enn pei»
Contes, mémoire et imagination pour retrouver ses racines

Depuis le 29 juillet, la scène artistique mauricienne vit au rythme de la parole. Et pas n’importe laquelle : la parole contée, celle qui se transmet de bouche-à-oreille, depuis la nuit des temps. C’est la deuxième édition du Festival «Enn Zour Dan Enn Pei», un événement original, qui remet le conte au centre de la culture mauricienne. Et tu es invité à tendre l’oreille.
Entre ateliers, lectures contées, spectacles et conférences, ce festival pas comme les autres s’adresse à toutes les générations. Son but est de faire redécouvrir la tradition orale de Maurice, de La Réunion et de Rodrigues et montrer que raconter une histoire, ce n’est pas juste un divertissement, c’est un acte de transmission, un outil de résistance et surtout, un moyen de se reconnecter à soi et aux autres.
Tu t’es déjà demandé comment les gens faisaient avant les livres, les podcasts ou YouTube, pour transmettre leurs savoirs, leurs rêves ou leurs émotions ? Ils racontaient simplement des histoires. Et ces histoires ont traversé les familles, les générations, les océans et les siècles. Elles ont survécu à l’esclavage, à l’engagisme, à l’exil, aux moments difficiles de la vie. C’est justement ce que veut rappeler le collectif Enn Zour Dan Enn Pei (EZDEP), qui organise ce festival avec des artistes et des éducateurs passionnés. «Le conte permet de relier les générations, de panser les blessures et de redonner de la valeur à des identités souvent oubliées», explique Véronique Nankoo, fondatrice du collectif, enseignante, conteuse et doctorante.
Pour cette édition 2025, le festival a choisi un thème fort : La tradition orale et l’art du détour. Il s’agit d’un clin d’œil au marronnage, cette forme de résistance pratiquée par les esclaves pour fuir ou défier l’ordre établi, souvent par des ruses, des détours, des histoires… l
Des ateliers pour apprendre
Tout au long de la semaine, plusieurs ateliers et Master classes ont été organisés dans différentes régions de l’île, à Moka, à l’Institut français de Maurice à Rose-Hill et au Caudan Arts Centre. Des adolescents, des enseignants et aussi des artistes ont participé à ces moments de partage avec des conteurs mauriciens et réunionnais. L’objectif ? Apprendre à raconter, à écouter, à créer. À travers des jeux de voix, des improvisations, des récits et de la musique, les jeunes ont découvert que le conte peut être moderne, engagé et profondément vivant.
Ce festival est aussi une aventure entre Maurice et La Réunion, grâce à la collaboration avec le collectif réunionnais Kozé Conté, qui œuvre depuis près de 20 ans à faire vivre la parole contée dans les écoles et les quartiers de l’île sœur. En avril, des artistes mauriciens se sont même rendus à Salazie, La Réunion, pour une résidence artistique avec leurs homologues réunionnais. Ensemble, ils ont travaillé sur un spectacle commun, fruit de cette rencontre : Bal Zanimo.
Le spectacle «Bal zanimo»
Le festival prend fin demain, samedi 2 août, avec deux lectures contées, animées par les conteuses mauriciennes Christabelle Duhamel et Cristèle Merven de Spéville à 10 et 11 heures au Caudan Arts Centre et en soirée par le spectacle Bal Zanimo, à 18 heures au Caudan Arts Centre. Sur scène, une dizaine de conteurs et de musiciens de Maurice et de La Réunion, qui présenteront un spectacle inspiré du bestiaire de l’océan Indien. Tu y retrouveras des personnages drôles, rusés ou touchants : Compère lièvre, le roi de la débrouille, Zako le singe ou encore la tortue, gardienne des anciens secrets. Le tout sera accompagné de musique, de chants, en créole et en français, dans une mise en scène signée Clémence Soupe, comédienne engagée. Pendant 1 h 20, tu seras transporté dans un univers où les animaux parlent, où les contes prennent vie et où le passé éclaire le présent.
Pourquoi est-ce important ?
Parce que dans un monde où tout va vite, où les vidéos défilent en boucle sur les écrans, le conte nous oblige à ralentir, à écouter, à ressentir et à réfléchir. Il nous apprend aussi d’où on vient. Il valorise les mémoires oubliées et les savoirs qui ne s’écrivent pas. Le collectif EZDEP espère d’ailleurs que le conte entrera bientôt dans les écoles comme outil pédagogique. Déjà, une centaine d’enseignants ont suivi une formation dans le cadre du festival. Et en fin d’année, deux conteurs mauriciens iront à Rodrigues pour transmettre leur passion aux jeunes.
Envie de découvrir ?
Pas besoin d’être un spécialiste pour apprécier un conte. Il suffit d’avoir des oreilles et un peu d’imagination. Alors si tu veux rire, rêver, réfléchir ou simplement passer un bon moment, viens au Caudan Arts Centre, demain soir. Et laisse-toi emporter par la magie des mots.
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