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Kronik Kc Ranzé
Coûts et bénéfices
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Kronik Kc Ranzé
Coûts et bénéfices

Le livre est sous pression. Les librairies se font plus rares mondialement et, souvent, se reconvertissent au moins en partie. Les bibliothèques se vident et ne se renouvellent qu’au ralenti. Les monstres du divertissement de l’Internet sont passés par là…
Ce n’est pas tant que les livres se vendent moins, mais le livre classique, xx pages coincés entre deux couvertures, que l’on hume parfois et dont on tourne les pages avec respect ou excitation, c’est selon, se lit moins. Il a maintenant de sérieux concurrents : le livre audio, l’e-book, le streaming, les réseaux sociaux, le gaming, les paris en ligne, Tik Tok… Quand on y pense, tous ces concurrents d’attention n’existaient pas il y a seulement 35 ans. Avant 1990, seuls la télévision et la radio disputaient du temps aux livres et aux journaux.
Et puis, il y a aussi la question du coût. L’Internet est largement gratuit. Les trésors documentaires de YouTube ainsi que ses guides d’explication, par exemple ne coûtent absolument rien. Ses produits moins crédibles, mais recherchant plus le spectaculaire et le sensationnel, non plus. L’accès standard à Netflix coûte 7,99 $ par mois (Rs 370). J’ai acheté deux livres pour mon petit-fils cette semaine. Ils coûtaient Rs 550 chacun…
L’Internet est un outil puissant ouvrant des portes étonnantes sur les connaissances, les débats démocratiques, l’apprentissage. Cependant, il faut aussi, de plus en plus, apprendre à s’en méfier. Les algorithmes n’ont qu’un but: celui de captiver, puis d’emprisonner pour exploiter. On peut passer du temps précieux à ingurgiter les fadaises de Tik Tok ou à alimenter les palabres de Facebook où les taux de fréquentation génèreront des contrats publicitaires lucratifs. Mais il y a encore pire sous forme de désinformation organisée, de repaires organisés pour pédophiles, de théories de conspiration, de pornographie envahissante, d’arnaques de toutes sortes, de bullying digital, de violence banalisée, d’intox déstabilisante… Le Dark Net permet pire ! Et nous entamons à peine notre épopée AI… Ça c’est pour le monde adulte…
Pour les enfants, c’est bien plus délicat. D’abord, reconnaissons tout de même que deux tiers des enfants en âge d’aller à l’école ne sont pas encore connectés à l’Internet à la maison. Il ne faut pas qu’ils ratent leur développement digital ! Pour ceux qui sont connectés, on peut déjà noter que pendant les années d’apprentissage, l’utilisation excessive des écrans et de l’Internet peuvent, selon les études faites, largement jouer contre une socialisation normale, flouter les lignes de démarcation entre le virtuel et le réel, et causer grand tort au développement des émotions, par exemple. Toutes les recherches convergent : avant l’âge de 15 ans, plus de deux heures d’écran par jour peuvent avoir un impact négatif et parfois dévastateur, sur de jeunes cervelles qui s’établissent, tant au niveau émotionnel que cognitif.
Un des rapports les plus récents sur la question est celui de l’UNICEF qui fait la part des choses entre les bienfaits et les dangers de l’Internet pour les enfants. Les parents ont intérêt à lire ce rapport, à s’informer continuellement sur la question et à s’investir pour ne pas permettre des dérapages potentiellement catastrophiques.
Trop souvent le portable que l’on met entre les mains d’enfants, sans aucun contrôle, est devenu la nénénne des temps modernes, suppléant des parents trop fatigués ou trop occupés à autre chose… Il faut assumer ses responsabilités de parents ! Ne pas le faire peut coûter cher !
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Quel est le plus beau mot dans le dictionnaire ? Pour Donald J Trump, c’est le mot ‘tarif’. C’est bizarre que ce ne soit pas aussi les mots ‘pouvoir’, ‘manipulation ‘ et ‘argent’, au vu de son parcours…
La menace de tarifs est l’arme préférée de Trump. L’approche est claire. On s’installe là où l’on est en position de force d’abord, puis l’on intimide le plus outrageusement possible pour, finalement ‘négocier’ un accord qui laisse parfois l’autre partie soupirer du soulagement que ce ne soit pas pire… Ça, c’est pour la généralité. Et puis, il y a aussi le tarif punitif impulsif et singularisé…
La méthode n’est pas nouvelle et a été explicitée dans son livre de 1987 : The Art of the Deal. Une des recommandations principales est de viser très haut et puis de ne rien lâcher jusqu’à que le but véritable (qui se situe en-deçà), soit atteint. Il semblerait que la confusion, l’imprévisibilité et le chaos aident dans cette démarche. Ceux qui discutent avec lui maintenant ont du deja lire son livre et adopter ses méthodes quand possible ? 145 % de droits de douane sur la Chine, c’était insoutenable et il le savait. Un accord à l’amiable le 14 mai ramenait la voilure à 34 %. Les discussions se poursuivent…
La menace de 30 % de tarifs ‘réciproques’ sur les exportations de l’Union européenne, ajoutée à la menace de 200 % sur le champagne et le vin (13/03/2025) ont suffisamment effrayé pour que le ‘deal’ de 15 % paraisse digeste*. D’autant que les secteurs chimie/pharmaceutique – c.-à-d. un tiers des exportations vers les USA – et de l’aéronautique y échappent. De toute façon, l’euro coûtait 12 % plus cher face au dollar depuis janvier, gênant déjà les exportations vers l’Amérique…
L’autre pays ‘ami’ qu’est l’Inde avait confronté la perspective d’un tarif réciproque de 26 %, le «Jour de la Libération» le 2 avril dernier et finit avec… 25 %; agrémenté d’une menace d’encore plus si les achats de pétrole russe/vénézuélien sont maintenus. Le Japon, autre allié solide, ‘respire’ avec les 15 % annoncés le 7 juillet dernier puisque le tarif réciproque était à l’origine de 25 %. La Corée du Sud, également menacée de 25 % se voit accommodée à 15 % aussi. Les 46 % troublants du Vietnam sont apparemment réduits à 15 %. Le Royaume-Uni est, généralement à 10 %... comme l’Australie mais, parmi les anglo-saxons, le Canada passe à la caisse avec encore 10 % de punition pour la Palestine, soit 35 %! Pour insolence ? Le Mexique s’en sort avec 90 jours de discussion de plus. Le charme de Mme Sheinbaum? Melania va approuver ?
Cela ne ressemble pas à une nouvelle manière de se faire des amis, d’autant plus que les BRICS sont menacés en bloc et que le Brésil se tape du 40 % pour avoir osé poursuivre Bolsonaro pour sa tentative de coup d’Etat ! Il est vrai qu’emprisonner quelque politicien pour une tentative de coup d’Etat serait un précédent bien embarrassant…
La réplique des pays amis pourrait-elle venir sous forme de boycott de la finale de la Coupe du Monde et des Jeux Olympiques ‘de Trump’ en 2026 et 2028 respectivement ?
Les indicateurs préliminaires n’étaient pas rassurants pour les autres pays. Le Cambodge fut menacé de 49 % et bénéficie aujourd’hui du taux réduit de 36 %… Le Myanmar, menacé de 44 % s’en est ‘sorti’ le 7 juillet avec… 40 %, c.-à-d. le taux que l’on nous promettait depuis avril. Le Sri Lanka dont le tarif réciproque était annoncé à 44 % était généreusement réaligné à 30 % le 7 juillet (20 % au 1er août !).
Il faudra, bien sûr, ajouter les tarifs particularisés attendus sur les médicaments, c.-àd. 200 % annoncés le 8 juillet, sur les films étrangers (100 %), les voitures (25 %), l’aluminium, le cuivre et l’acier (50 % chacun), ou même les grues à portique (100 %) (*)
Pas à dire, le monde est encore plus dominé par l’appel du lucre et la loi du plus fort !
Quant à notre situation, elle n’est pas mal du tout, a priori, à 15 %, car ce qui compte aussi c’est notre position de compétitivité relative vis-à-vis de nos concurrents. Nous sommes sans vrais concurrents pour les macaques ( qu’il faudrait d’ailleurs garder ici pour lancer notre secteur de recherche de pointe, bien sûr!), mais pour le textile, la Chine (30 %), le Bangladesh (20 %), l’Inde (25 %), la Thaïlande (19 %), l’Afrique du Sud (30 %), vont ramer plus que nous et les 96 pays à 10 % (dont – surprise ! – la Corée du Nord, Cuba, la Russie, l’Iran, le Rwanda, le Burkina Faso), n’offrent pas une matrice locale de conditions suffisamment appétissante pour décoller avec seulement 5 % de marge tarifaire…
Prédictions: les nouveaux tarifs, avec 10 % de base, vont isoler les Etats-Unis MAGA plus encore, y compris de leurs ‘amis’ et ‘alliés’ ; freiner les économies mondiales; doper l’inflation aux Etats-Unis ; mieux remplir les caisses du trésor américain ( au minimum par 700 milliards de dollars avec les ‘raffinements’ qui arrivent pour la Chine, le Mexique, les médicaments, le bois, les drones, les camions, les semi-conducteurs et les minéraux), accélérer le mouvement de dé-dollarisation, chatouiller les BRICS, justifier des mesures de rétorsion et sûrement lancer une réflexion sur le marché des services (84 % de l’emploi US) où les Américains ont une balance favorable de $ 295 milliards, principalement sur les pays où Trump installe ses tarifs élevés… Le nombre de touristes aux Etats-Unis baisserait de 9,4 % cette année. Les études universitaires et la recherche scientifique vont être moins attractives. La tentation de ‘prise de profit’ sera présente sur les marchés boursiers – vide le marché crypto.
Il y aura un coût certain. On s’efforcera de chercher les bénéfices…
(*) Reed Smith l Trade Compliance Resource Hub
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