Publicité

Politico

Culture de dissimulation

22 mai 2024, 10:34

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Culture de dissimulation

Le PM britannique s’est platement excusé lundi soir au nom de tous les gouvernements successifs de la Grande-Bretagne depuis 1970 ! Le scandale du sang contaminé est entré dans sa phase terminale avec le rapport rapport final tant attendu de l’enquête publique présidée d’une main de fer par Sir Brian Langstaff, ex-juge, indépendant jusqu’au bout des ongles.

Le rapport qui donne froid dans le dos démontre, dans le détail, comment les hommes et femmes politiques, de même que l’institution National Health Service (NHS), ont lamentablement failli dans leur rôle respectif qui est de placer la sécurité et la vie des humains avant tout le reste

La tragédie a commencé en fait il y a plus de 50 ans. La conclusion principale du rapport indique que le scandale du sang contaminé, considéré comme la pire catastrophe de traitement du NHS, était largement évitable, et n’était pas un accident ou une simple négligence médicale. Entre 1970 et 1991, les patients ont été sciemment exposés à des risques d’infection inacceptables. Sir Brian Langstaff n’a pas manqué de souligner que le scandale résultait de défaillances systémiques, collectives et individuelles, principalement de la part des gouvernements successifs – incapables de travailler entre eux, «to close any loops». Ces gouvernements n’ont pas accordé la priorité à la sécurité des patients, provoquant de ce fait un «catalogue» de défaillances. Le refus systématique des ministres de reconnaître ces échecs n’a fait qu’aggraver la souffrance des victimes et prolongé inutilement la lutte pour que la vérité éclate. Langstaff a souligné le niveau de souffrance «étonnant» causé et s’est interrogé sur la raison pour laquelle il a fallu attendre 2018 pour qu’une enquête publique à l’échelle du Royaume-Uni soit établie.

Venons-en aux chiffres. Le rapport estime que plus de 3 000 décès ont résulté du scandale, avec plus de 1 250 personnes atteintes de troubles de la coagulation infectées par le VIH, dont environ 380 enfants. De plus, entre 3 650 et 6 250 personnes atteintes de troubles de la coagulation ont été infectées par l’hépatite C, ainsi que 26 800 bénéficiaires de transfusions, dont beaucoup n’ont même pas été diagnostiqués !

On ne peut pas retourner dans le passé et plusieurs vies ont été irrémédiablement endommagées par la douleur, la maladie et la perte, les familles étant profondément affectées par les soins apportés à leurs proches infectés et confrontées à la stigmatisation associée au VIH et à l’hépatite C. Le rapport se concentre particulièrement sur l’école Treloar, où des recherches non éthiques sur des élèves hémophiles ont conduit à des résultats dévastateurs, avec seulement 30 des 122 élèves qui l’ont fréquentée entre 1970 et 1987 ayant survécu.

Le rapport détaille que les risques de transmission de l’hépatite et du VIH par les transfusions sanguines étaient bien connus dès les années 1930 et 1982 respectivement. Malgré cette certitude, des décisions n’ont pas été prises pour suspendre les licences relativee aux concentrés de facteurs à risque importés des États-Unis et d’Autriche, bien que ceux-ci étaient reconnus comme présentant des risques élevés d’hépatite.

La souffrance des victimes a été aggravée par une culture de dissimulation. C’est bien de s’excuser et de compenser. Mais c’est encore mieux de s’assurer que les services publics fonctionnent dans la transparence. En plaçant l’humain au centre de toute stratégie.

De même chez nous, les notes, prises lors des réunions d’urgence pour l’achat des équipements et des médicaments durant la pandémie, doivent être publiées. Afin de rassurer le public que nos élus ont d’abord nos intérêts à cœur – bien avant les leurs ?