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Crise de l’eau
CWA : Tuyaux percés et fuites d’argent public alléguées
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Crise de l’eau
CWA : Tuyaux percés et fuites d’argent public alléguées

■ Lancé pour moderniser le réseau de distribution d’eau, ce projet phare fait aujourd’hui l’objet d’une enquête de la FCC sur des irrégularités financières et de gestion. (Photo d'illustration)
Alors que le Pipe Replacement Programme, mis en œuvre par la Central Water Authority (CWA), avait pour ambition de moderniser le réseau de distribution d’eau et d’en finir avec les pertes dues aux fuites, le projet se retrouve aujourd’hui au cœur d’une enquête de la Financial Crimes Commission (FCC). Cette dernière tente de faire la lumière sur d’éventuelles irrégularités dans l’exécution et la gestion financière du projet, lancé en 2023.
Ce programme s’inscrit dans le cadre d’une stratégie nationale visant à réduire les pertes en eau, qui atteignent jusqu’à 62 %. Autrement dit, sur 100 m³ distribués, moins de 40 m³ atteignent les consommateurs. Au Parlement, le 2 juillet 2024, Arvin Boolell avait interrogé le ministre des Services publics d’alors, Joe Lesjongard, sur l’état du projet pour l’exercice 2023-2024.
En réponse, l’ancien ministre des Services publics avait expliqué que sur les 5 246 km du réseau national de distribution d’eau, environ 1 500 km de tuyaux, âgés de 50 à 80 ans, sont défectueux. La CWA a identifié 500 km dans les six zones d’approvisionnement en eau qui sont critiques et doivent être remplacés de toute urgence entre 2023 et 2024, via une stratégie en trois volets : interventions internes pour les tronçons de moins d’1 km, PME pour les sections de 1 à 3 km, et projets d’investissement pour les remplacements supérieurs à 3 km, afin d’accélérer le remplacement de ces 500 km sur une période de deux ans.
Joe Lesjongard avait ajouté que dans le Budget 2023-2024, le gouvernement a alloué Rs 900 millions au remplacement des conduites : Rs 700 millions pour les In-house replacements de la CWA et Rs 200 millions pour les petites et moyennes entreprises. Ce dernier montant ayant été entièrement utilisé, un financement additionnel de Rs 150 millions a été prévu pour 2024-2025. Un accord de décaissement des fonds a été signé entre le ministère et la CWA en septembre 2023, après l’approbation gouvernementale.
Arvin Boolell avait également interrogé l’ancien ministre sur l’ouverture d’un compte spécial, comme prévu dans l’accord entre le ministère et la CWA. Joe Lesjongard a reconnu que, lors du lancement du programme, les paiements avaient été effectués à partir d’un compte non dédié. Ce n’est qu’en janvier 2024, soit après le versement de la première tranche de Rs 350 millions, qu’un compte séparé a été ouvert. Il a qualifié cette irrégularité de «mineure» et a précisé qu’elle avait été corrigée par la suite.
Une seconde tranche de Rs 350 millions a été débloquée en avril 2024, après qu’un rapport de conformité du ministère des Finances a confirmé que les premiers fonds avaient été correctement utilisés. Cependant, ce rapport a également relevé plusieurs lacunes de gestion, notamment une absence de traçabilité des matériaux et un manque de planification budgétaire.
Il avait confirmé que le rapport de la Chief Internal Auditor avait été contesté par la direction de la CWA. Le conseil d’administration a alors mandaté l’équipe d’audit du ministère des Finances pour une vérification indépendante, dont les recommandations ont été mises en œuvre. Pour rappel, Yousra Lalmahomed, Chief Internal Auditor de la CWA, avait démissionné en juin en raison de pressions exercées sur elle.
Arvin Boolell avait également soulevé l’existence d’une lettre datée du 17 octobre 2023, dans laquelle «le General Manager de la CWA demandait de manière urgente le décaissement de la seconde tranche de Rs 350 millions». À cela, Joe Lesjongard avait répondu : «I cannot comment on a letter which I have not seen.»
En outre, le ministre actuel des Services publics, Patrick Assirvaden, a exprimé des doutes sur l’efficacité de ce projet. Lors d’une intervention au Parlement le 4 mars dernier, il a qualifié le Pipe Replacement Programme d’«échec total». Il a ajouté : «Je me pose la question des fois et j’ai posé la question aux techniciens de mon ministère : est-ce que le ministre d’alors a posé la question au responsable de la CWA pour savoir si nous investissons Rs 700 millions pour remplacer les tuyaux, combien de pourcentage en réduction dans le déficit d’eau de 62 % dans notre réseau va-t-on pouvoir réduire ? Si on investit un peu d’argent, c’est pour pouvoir réduire les fuites. Mais aujourd’hui, les 62 % remontent à plusieurs années.»
Le programme de remplacement de tuyaux de la CWA, évalué à Rs 700 millions, visant à remplacer 437 km de tuyaux à travers le pays, a été divisé en deux phases distinctes de Rs 350 millions chacune. Bien que ces travaux soient essentiels face au stress hydrique, le projet est au cœur d’une controverse depuis juillet 2024. D’ailleurs, l’ancien directeur général de la CWA Prakash Maunthrooa, avait animé une conférence de presse le 12 juillet 2024 sur le sujet.
Actuellement, l’enquête menée par la FCC sur le Pipe Replacement Programme met en lumière plusieurs irrégularités. Sur les 437 km de tuyaux à remplacer, la CWA a directement pris en charge 291 km, tandis que les principaux sous-traitants se sont occupés de 34 km et que les petits et moyens sous-traitants ont réalisé 112 km. Des anomalies dans la gestion et la répartition des fonds auraient été relevées, incitant la FCC à ouvrir une enquête pour déterminer d’éventuelles malversations. Parmi les contrats suspectés, celui portant sur le remplacement de 7,7 km de canalisations à Bel-Air, estimé à Rs 7 millions, suscite une attention particulière. La FCC enquête également sur ceux de Plaine-Magnien et de Mahébourg.
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