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Questions à...
Cyril Quintyn : «Nous souhaitons être un catalyseur d’innovation pour le pays»
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Cyril Quintyn : «Nous souhaitons être un catalyseur d’innovation pour le pays»

Cyril Quintyn, co-fondateur du campus mauricien de Holberton School.
Alors que Maurice ambitionne de devenir un hub technologique régional, l’arrivée de Holberton School pourrait accélérer la transformation du paysage numérique en formant des talents immédiatement opérationnels, en connectant étudiants, entreprises et incubateurs, tout en misant sur une approche inclusive et ancrée dans les besoins du marché. Maurice devient ainsi la 35e destination de cette école d’ingénierie logicielle d’origine californienne, qui entend bousculer les codes de la formation.
Quelles sont les raisons qui ont poussé Holberton à choisir Maurice pour ouvrir sa première école d’ingénierie logicielle dans l’océan Indien ?
Maurice présente un contexte unique. Le pays affiche une forte volonté politique de devenir un hub technologique régional, avec des investissements croissants dans l’innovation, l’intelligence artificielle (IA), la cybersécurité et les services numériques. Mais cette ambition se heurte à une réalité : le manque de talents tech formés localement. C’est en partant de ce constat que nous avons décidé d’implanter Holberton School à Maurice. Nous avons vu l’opportunité non seulement de former des software engineers de haut niveau, mais aussi de contribuer activement à l’écosystème tech mauricien en répondant à un besoin réel et urgent du marché.
En quoi l’approche pédagogique basée sur des projets concrets et l’apprentissage en équipe se distingue-t-elle des méthodes traditionnelles des écoles d’ingénierie à Maurice ?
Contrairement à l’enseignement traditionnel, souvent basé sur des cours magistraux et la mémorisation, Holberton propose une pédagogie innovante, centrée à 100 % sur l’apprentissage par projets et la collaboration entre pairs. Les étudiants progressent en réalisant des projets concrets qui reproduisent des situations réelles du monde professionnel : résolution de bugs, développement d’applications, gestion de projets en équipe… Chaque projet leur permet de maîtriser une compétence spécifique et de construire une véritable bibliothèque de savoirfaire, dans une logique d’apprentissage profond.
Ce modèle développe des compétences transférables, aussi bien techniques (hard skills) que comportementales (soft skills), comme la pensée critique, l’autonomie, la métacognition et la capacité à travailler en équipe. En résumé, nos étudiants apprennent à apprendre, à s’adapter, à résoudre des problèmes, et à collaborer efficacement – exactement comme dans un environnement tech international. Une approche plus vivante, plus exigeante, mais aussi bien plus proche de la réalité du terrain.
Comment Holberton prévoit-elle d’intégrer les entreprises locales dans le processus d’apprentissage des étudiants, notamment par des projets réels et des stages ?
Nous construisons actuellement des partenariats solides avec des entreprises locales qui pourront proposer des projets concrets aux étudiants. Ces projets, intégrés dans le programme, permettent aux apprenants de répondre à de vrais besoins du terrain, tout en développant leur portfolio professionnel. Des stages, mais aussi des hackathons ou défis collaboratifs, seront organisés avec des start-up, PME et grands groupes. Cela permettra de créer un pont direct entre la formation et l’employabilité, et de connecter durablement les étudiants au tissu économique local. Nous sommes actuellement sponsors de la 24h Web Cup et de la Nuit du code.
Quelles initiatives sont mises en place pour garantir l’inclusion et la diversité au sein de l’école, notamment pour les femmes, les minorités et ceux issus de milieux défavorisés ?
L’inclusion est au cœur de notre mission. Chez Holberton, aucun diplôme n’est requis pour postuler, et notre processus d’admission évalue uniquement la motivation, la logique et la capacité à apprendre – pas le parcours académique. Il faut seulement avoir plus de 16 ans, parler anglais et être motivé à devenir software engineer. Nous avons initié des discussions également avec des ONG locales et des partenaires institutionnels pour repérer et soutenir les talents issus de milieux moins favorisés. Des initiatives à l’international, comme des bourses, ont été mises en place. Une fois le campus ouvert, nous allons travailler à structurer ce type d’initiatives. Nous travaillons à créer un environnement sûr et bienveillant, avec un accompagnement spécifique pour les femmes et les profils sous-représentés dans la tech. L’objectif : ouvrir les portes du numérique à tous.
Comment l’école s’assure-t-elle que ses programmes restent à la pointe de l’innovation, notamment en matière de technologies comme l’IA et la blockchain ?
Notre programme est conçu en collaboration avec des entreprises de la Silicon Valley comme Google, IBM ou LinkedIn, et il est mis à jour en continu pour intégrer les dernières tendances technologiques. En deuxième année, les étudiants peuvent se spécialiser dans des domaines d’avenir, comme l’IA, la cybersécurité ou la blockchain. Nous veillons à intégrer des cas d’usage concrets, des outils actuels et des projets inspirés des problématiques rencontrées par les entreprises aujourd’hui. Cette agilité pédagogique est l’une des grandes forces du modèle Holberton.
Quels partenariats sont envisagés avec des entreprises ou des institutions académiques pour garantir l’employabilité des diplômés à la fin de leur formation ?
Nous développons des relations étroites avec des entreprises locales et internationales pour créer des passerelles directes vers l’emploi. Plusieurs employeurs sont déjà engagés à collaborer avec nous autour du mentorat et du recrutement. Dans le monde, 100 % des étudiants Holberton trouvent un travail à la fin de leur parcours, il en sera de même pour nos étudiants à Maurice. Nous sommes également ouverts à des coopérations avec des universités et écoles locales pour favoriser les synergies, notamment dans des projets de recherche ou de formation continue. L’objectif est clair : que nos diplômés soient non seulement formés, mais attendus par le marché.
En plus des compétences techniques, comment la formation de Holberton met-elle l’accent sur les «soft skills» et préparet-elle les étudiants à s’intégrer dans des environnements de travail internationaux ?
Chez Holberton, les soft skills ne sont pas une option. Les étudiants développent, dès le premier jour, leur communication, leur leadership, leur gestion du temps et leur capacité à travailler en équipe. Grâce à notre format en peer-learning, chaque apprenant est aussi un mentor pour les autres. Cette posture favorise l’écoute, la collaboration et le sens des responsabilités. Des revues de code, des présentations orales et des exercices de feedback sont intégrés au programme, exactement comme dans une entreprise tech internationale.
Quel impact cette initiative peut-elle avoir sur la compétitivité de Maurice en tant que hub technologique régional et sur la création d’emplois dans les secteurs du numérique ?
Holberton School Mauritius va permettre de former localement des talents tech immédiatement opérationnels, capables de répondre aux besoins du marché et de réduire la dépendance à la main-d’œuvre étrangère. Cela renforcera l’attractivité du pays pour les investisseurs et les entreprises tech en quête de talents. En parallèle, en stimulant l’entrepreneuriat et l’innovation, l’école contribuera à créer de nouveaux emplois qualifiés, à faire émerger de nouveaux projets et à structurer un écosystème numérique solide, compétitif et durable.
Quel rôle Holberton School pourrait-elle jouer dans l’écosystème technologique mauricien et comment son arrivée pourraitelle influencer l’orientation stratégique du secteur numérique dans le pays ?
Nous ne venons pas simplement «former des développeurs». Nous souhaitons être un catalyseur d’innovation pour le pays. En connectant les étudiants aux entreprises, aux start-up, aux acteurs publics et aux incubateurs comme La Plage Factory, Holberton School Mauritius peut devenir un véritable point de convergence pour l’écosystème tech mauricien. Notre technologie et notre capacité de former à grande échelle pourraient avoir un impact immédiat. Notre approche inclusive, tournée vers les besoins réels du marché, peut aussi inspirer une nouvelle façon de penser la formation, l’emploi et l’innovation. En ce sens, notre arrivée pourrait jouer un rôle structurant dans l’orientation stratégique du secteur numérique à Maurice, en l’ancrant davantage dans la réalité, la collaboration et l’impact.
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