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Questions à…
Daniel Narcisse : «Le talent et la génétique ne suffisent pas pour rester au plus haut niveau»
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Questions à…
Daniel Narcisse : «Le talent et la génétique ne suffisent pas pour rester au plus haut niveau»

Daniel Narcisse, handballeur champion du monde, olympique et d’Europe.
Il a un palmarès long comme sa détente verticale. Surnommé «Air France», justement parce qu’il «voyageait » au-dessus de ses adversaires quand il tirait en suspension, le Réunionnais nous avoue que même si le talent et la génétique le prédisposaient à avoir une avance sur les autres, il fallait travailler dur pour gagner des titres. En 1997, il avait même croisé le fer avec des handballeurs mauriciens lors d’un Réunion – Maurice au Stade de l’Est. Et puis, il a rejoint l’équipe de France où il a tout gagné… même le titre de meilleur joueur du monde en 2012 !
🔷Vous revenez à Maurice après des années. La dernière fois, votre femme était enceinte de votre fils, et il revient dans la peau d’un handballeur. Comment le vivez-vous ?
Quand on était venus à Maurice en 2003, j’avais fait une surprise à ma femme, et elle était enceinte de Noa. Du coup, ça a créé un lien quelque part entre l’île Maurice et notre famille. Chaque fois que je reviens ici, ça fait quelque chose de particulier. Revenir ici avec ma fille, ma femme et Noa en tant que joueur, c’est une histoire magnifique.
Je dis toujours que je suis quelqu’un de très chanceux, que ce soit sur le terrain ou hors du terrain. J’ai eu la chance de gagner beaucoup de titres avec les copains, et de voir mon fils trouver sa passion, son chemin pour les années à venir, et de voir que tout évolue dans le bon sens, cela nous rend fiers en tant que parents.
🔷Vous dites qu’il y a eu de la chance, mais aussi, on imagine, du travail acharné pour le petit Réunionnais en métropole…
Il n’y a pas de secret. Quand tu veux réussir dans la vie de tous les jours, le travail, c’est la valeur la plus importante pour pouvoir performer, évoluer ou gagner des matchs, tout simplement. Il y a eu beaucoup de travail, notamment des heures passées sur un terrain de handball, ou en musculation, ou sur un terrain d’athlétisme. Sans tout cela, on ne peut pas gagner une médaille.
J’ai eu aussi la chance de jouer avec une génération qui a été incroyable, notamment Nikola Karabatic, Thierry Omeyer, Jackson Richardson et Patrick Cazal. Tous ces garslà, qui étaient autour de moi, m’ont partagé tout leur savoir pour gagner des matchs et des médailles.
🔷En tant que Réunionnais, avez-vous eu le sentiment de devoir travailler plus que les autres ?
Quand on vient d’outre-mer, notamment de La Réunion, il y a 10 000 km qui séparent La Réunion du très haut niveau, que ce soit en métropole ou en Europe. Il y a déjà une déchirure qui se crée quand on quitte son île, sa famille et ses amis d’enfance. Il y a un confort qui existe au quotidien avec votre famille et là, tout d’un coup, vous êtes arraché à cela et vous vous retrouvez un peu seul. J’ai toujours utilisé ce moment difficile comme un challenge et quelque chose de positif. Cela nous rend ainsi plus forts pour gérer cette difficulté que d’autres n’ont pas forcément. Et cela nous rend aussi plus résistants sur le terrain. Cela nous donne l’obligation de réussir à chaque fois.
🔷Quel est le secret pour rester au haut niveau pendant tout ce temps ?
Avant tout, le handball, c’est ma passion. À chaque fois que j’étais sur un terrain, je prenais toujours du plaisir à y évoluer. Il faut toujours regarder vers l’avant. Quand on gagnait des titres, on regardait aussi les titres qu’il nous restait à gagner, et on se fixait des objectifs à chaque fin de compétition. On se remettait en question aussi. Il ne fallait pas avoir peur de faire les bonnes analyses pour continuer à progresser. La qualité de l’équipe de France, c’était de voir comment les autres équipes travaillaient, et ainsi avoir toujours un temps d’avance sur elles.
🔷On vous a donné le surnom d’«Air France» à cause de votre détente verticale. Est-ce naturel ou c’est le résultat du travail ?
Il y a un peu de tout. Je pense que c’est naturel, mais c’est aussi beaucoup de travail. J’ai eu la chance de faire beaucoup de sports quand j’étais plus jeune. J’ai fait de l’athlétisme, notamment du sprint, du saut en hauteur, du saut en longueur, du lancer de poids et du lancer de disque. Donc ça crée une aptitude à mobiliser toutes ces qualités et à s’en servir quand on est sur un terrain de handball.
J’ai aussi pratiqué le basket, et cela a aussi influé sur la façon de jouer avec le ballon, de se placer et de sauter. Tous ces sportslà m’ont donné plus de motricité, que le handball nous demande. Cela m’a aussi donné un temps d’avance par rapport aux autres joueurs. Tu as également le travail derrière, car le talent et la génétique, c’est bien, mais il faut travailler tous les jours pour rester au plus haut niveau.
🔷Il y a eu une génération dorée de handballeurs réunionnais en équipe de France, avec vous, Bernard Latchimy et Nicolas Claire. Quelle est votre appréciation du niveau réunionnais actuellement ?
C’est vrai qu’on a souvent eu l’habitude de voir des Réunionnais en équipe de France, et aujourd’hui, il y en a un peu moins. C’est une bonne question de savoir pourquoi il y en a moins actuellement. Il y en a qui jouent dans le championnat de France, mais pas au haut niveau de l’équipe de France.
C’est vrai aussi qu’on a eu une génération incroyable, car tous les joueurs qui ont porté le maillot de l’équipe de France étaient parmi les meilleurs joueurs du monde. Et cette génération, on ne la trouve pas tous les jours.
C’est sûr qu’il y a de la qualité et du potentiel à La Réunion, mais il faut avoir la capacité de les détecter et de les faire venir au handball, car il y a aussi d’autres sports comme le basket ou le foot.
🔷C’est quoi votre rôle actuellement ?
Je travaille dans le développement général du club du PSG Handball. Je m’occupe de la production des matchs et de la partie commerciale, tout en étant dans l’encadrement technique et sportif.
🔷Peut-on vous voir comme entraîneur, un jour ?
Non (catégorique) ! (rires) C’est vrai que le travail d’entraîneur n’est pas d’actualité. À Paris, il y a déjà beaucoup à faire. Comme Patrick Cazal m’a toujours dit, il ne faut jamais dire jamais. Donc on verra. Mais à l’avenir, pourquoi pas travailler sur un vrai projet pour le développement de notre sport dans le secteur de la performance, avec comme objectif d’avoir plus de Réunionnais en équipe de France.
🔷Pourquoi le handball est-il perçu comme un sport scolaire ?
Tout simplement parce qu’il y a quelques années, le handball était obligatoire à l’école. Tout le monde y a joué en France, et c’est ça qui est incroyable. Je pense que ce n’est plus le cas, et il y a de moins en moins de handball dans les écoles.
On n’est pas très objectifs parce que c’est notre passion, mais le handball est hyper intéressant dans l’éducation des enfants. Il y a de l’engagement et une partie physique. Mais il y a aussi le respect des règles, la générosité avec le partage du ballon, et le respect de l’adversaire. Donc forcément, il y a beaucoup de valeurs importantes qui sont fortes dans ce sport. C’est une bonne école de vie.
Profil
Daniel Narcisse a connu sa première sélection en équipe de France le 9 janvier 2000 face à l’Islande et sa dernière sélection le 6 mai 2017 face à la Norvège. Il totalise 943 buts marqués en 311 sélections.
Jeux olympiques
⚫5ᵉ place aux Jeux olympiques de 2004 à Athènes
⚫Médaille d’or aux Jeux olympiques de 2008 à Pékin
⚫Médaille d’or aux Jeux olympiques de 2012 à Londres
⚫Médaille d’argent aux Jeux olympiques de 2016 de Rio de Janeiro
Championnat du monde
⚫Médaille d’or au Championnat du monde 2001 en France
⚫Médaille de bronze au Championnat du monde 2003 au Portugal
⚫Médaille de bronze au Championnat du monde 2005 en Tunisie
⚫4ᵉ place au Championnat du monde 2007 en Allemagne
⚫Médaille d’or au Championnat du monde 2009 en Croatie
⚫6ᵉ place au Championnat du monde 2013 en Espagne
⚫Médaille d’or au Championnat du monde 2015 au Qatar
⚫Médaille d’or au Championnat du monde 2017 en France
Championnat d’Europe
⚫4ᵉ place au Championnat d’Europe 2000 en Croatie
⚫6ᵉ place au Championnat d’Europe 2002 en Suède
⚫6ᵉ place au Championnat d’Europe 2004 en Slovénie
⚫Médaille d’or au Championnat d’Europe 2006 en Suisse
⚫Médaille de bronze au Championnat d’Europe 2008 en Norvège
⚫Médaille d’or au Championnat d’Europe 2010 en Autriche
⚫11ᵉ place au Championnat d’Europe 2012 en Serbie
⚫Médaille d’or au Championnat d’Europe 2014 en Danemark
⚫5ᵉ place au Championnat d’Europe 2016 en Pologne
En club compétitions internationales
Ligue des champions
⚫Vainqueur : 2010 et 2012
⚫Finaliste en 2017
⚫Coupe du monde des clubs
⚫Vainqueur : 2011
Compétitions nationales
Championnat de France
⚫Vainqueur : 2001 (avec Chambéry SH), 2015, 2016, 2017 et 2018 (avec Paris Saint-Germain)
⚫Vice-champion : 1999, 2000, 2002, 2003, 2008, 2009 et 2014 Coupe de France
⚫Vainqueur : 2014, 2015 et 2018
⚫Finaliste : 2016 Coupe de la Ligue
⚫Vainqueur : 2002, 2017, 2018
⚫Finaliste : 2016
⚫Vainqueur du Trophée des champions : 2014, 2015, 2016
⚫Vainqueur du Championnat d’Allemagne
⚫Vainqueur : 2010, 2012 et 2013
⚫Vice-champion : 2011 Coupe d’Allemagne
⚫Vainqueur : 2011, 2012 et 2013 Supercoupe d’Allemagne
⚫Vainqueur : 2011, 2012
⚫Finaliste : 2009, 2010
Distinctions individuelles
⚫Élu meilleur handballeur mondial de l’année en 2012]
⚫Chevalier de l’Ordre national du Mérite en 2001[26]
⚫Chevalier de la Légion d’honneur en 2008
⚫Élu meilleur arrière gauche aux Jeux olympiques de 2008
⚫Élu meilleur arrière gauche au Championnat d’Europe 2008
⚫Élu meilleur joueur du Championnat de France : 2002 et 2009
⚫Élu meilleur arrière gauche du Championnat de France : 2001, 2002, 2003, 2008, 2009
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