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Circonscription n°7 Piton-Rivière-du-Rempart

De faux pas en faux pas

13 avril 2024, 20:00

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De faux pas en faux pas

Que de rebondissements dans le fief de feu Sir Anerood Jugnauth, qui comprend 46 282 électeurs, depuis l’installation du Mouvement socialiste militant (MSM) au pouvoir en 2014. Contrairement à son colistier SAJ, l’ex-ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, relégué aux Affaires étrangères, en mars 2016, dans le sillage du scandale Euroloan, n’est pas allé au bout de son mandat. Il a démissionné comme ministre et député, le 21 mars 2019. Le troisième élu, Ravi Rutnah, du Muvman Liberater et Deputy Chief whip, du 22 décembre 2014 au 6 octobre 2019, n’a, lui, pas obtenu une nouvelle investiture en 2019, ayant fait perdre des points au gouvernement, de propos en propos.

Du trio orange - Maneesh Gobin, Rajanah Dhaliah et Kalpana Koonjoo-Shah (KKS)-, qui les ont succédé en novembre 2019, le premier cité, au cœur de l’affaire Stag Party, a été muté de l’Agro-industrie aux Affaires étrangères, le 30 août, même si étant aussi le secrétaire général du parti soleil, il a conservé son maroquin d’Attorney General. Deux jours plus tôt, Rajanah Dhaliah avait démissionné comme secrétaire parlementaire privé, dans le cadre de la même affaire de pots-de-vin allégués. Arrêté par l’Independent Commission Against Corruption, il fait l’objet d’une accusation provisoire de trafic d’influence devant le tribunal de Port-Louis. Quant à la ministre KKS, l’opération d’intimidation par ses agent.e.s en t-shirt orange, le matin du 17 mars, au marché de Rivière-du-Rempart, envers des membres de Linion Moris, qui présentera le tandem Nando Bodha-Rama Valayden au poste de Premier ministre et alignera Padma Utchanah dans cette circonscription, c’est sans doute la dernière balle qu’elle se sera tirée dans le pied.

En tout cas, le MSM n’est pas allé chercher loin. Place à une nouvelle histoire de famille, avec la candidature quasi certaine, sauf revirement de dernière minute, aux prochaines législatives, de Nisha Luchoomun, sœur de Sandhya Boygah, qui bénéficie du soutien total de sa tante, la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun. Se présentant comme une économiste, celle-ci ne rate pas une occasion pour vanter Pravind Jugnauth dans la circonscription et est ouvertement en campagne depuis août dernier.

Par ailleurs, comme le nom de la famille Jugnauth reste indissociable de Rivière-du-Rempart, on dit s’attendre «également à ce que la fille d’Ashok Jugnauth soit alignée pour les prochaines législatives». Cette possibilité, selon nos interlocuteurs, est forte.

Deux médecins croiseront le fer

Un médecin résidant à Rivière-du-Rempart et très impliqué dans les activités sociales depuis de nombreuses années, semble être le candidat potentiel du Parti Travailliste (PTr). De même, un autre médecin, habitant le village de l’Amitié, est perçu comme le choix idéal pour le MSM. «Ces deux médecins ont de bonnes chances d’être élus dans la région. Cependant, l’un d’eux a un lourd passé judiciaire, ayant été impliqué dans un accident de la route ayant entraîné la mort d’un jeune garçon. Cela pourrait jouer en sa défaveur», observe un habitant.

«Pas mal de réalisations mais…»

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Rajeev Bundhun, Shayaat Bahadoor et Tassleemah Nowrung

Même s’ils ne soutiennent pas le gouvernement en place, les habitants leur ont fait confiance et les ont élus aux élections villageoises de 2020 pour représenter Amaury. Rajeev Bundhun, Shayaat Bahadoor et Tassleemah Nowrung, toujours actifs sur le terrain, concèdent qu’il y a eu pas mal de réalisations du gouvernement central dans la circonscription.

Ils citent une douzaine de futsal pour les jeunes dont celui de Cottage, «unique à Maurice», et l’éclairage des terrains de foot. L’aménagement de drains à Piton, Cottage, l’Amitié, Amaury, est aussi salué puisque autrement, ces villages auraient été inondés durant les fortes pluies que le pays a connues. Appréciation aussi pour la fourniture d’eau améliorée, notamment au morcellement Beau-Climat, Amaury. À ce propos, Rajeev Bundhun, Shayaat Bahadoor et Tassleemah Nowrung remercient Prakash Maunthrooa, le président de la Central Water Authority et ancien directeur de campagne de feu SAJ dans la circonscription, ainsi que les inspecteurs qui ont répondu aux sollicitations. Des tuyaux en amiante aux multiples fuites ont été remplacés et désormais le morcellement est connecté à un forage d’eau souterraine. L’amélioration des services de voierie, le feu vert pour la construction d’un centre multiusage à Rivière-du-Rempart et d’un incinérateur financé par une subvention indienne à Haute-Rive sont également applaudis.

Mais, beaucoup reste à faire. En priorité, la sécurité routière dans ce village-pont reliant l’est du pays à la capitale, avec de nombreux taxis, minibus et autres véhicules sortant de Flacq et d’autres quartiers pour se rendre à Port-Louis.

«De nombreuses requêtes ont été faites au gouvernement central mais elles sont restées sans suite. Malgré les routes étroites, certains conducteurs ne respectent pas la limitation de vitesse autorisée et c’est triste que deux usagers de la route aient perdu la vie récemment. Il y a aussi des mineurs circulant dangereusement à moto et qui représentent un danger pour autrui. Depuis dix ans, nous demandons l’installation d’obstacles, de trottoirs, d’un accotement à proximité de l’école primaire du gouvernement et de contrôles routiers», soutiennent-ils.

Autre constat : le problème de transport public. La seule compagnie individuelle, qui opère la route 53 pour rallier Flacq à Goodlands, en passant par le village, se permet de faire la pluie et le beau temps, laissant des passagers dont des élèves, sur la touche. En ce qui concerne l’autre opérateur, soit la Compagnie nationale de transport, qui opère de Rivière-du-Rempart à Port-Louis, Rose-Hill ou Curepipe, en passant par Amaury, l’état des autobus est à déplorer. «Un chauffeur était dans l’impossibilité de faire une marche arrière l’autre jour car l’autobus qu’il conduisait n’avait pas cette option. Un autre autobus a pris feu récemment à Mon-Loisir. Comment voulez-vous que l’on fasse confiance à ces bus ?»

Au chapitre des loisirs, ils regrettent l’état déplorable du jardin d’enfants au morcellement Beau-Climat depuis que le contracteur a levé le camp, n’étant plus payé par la National Development Unit. De même que le retard dans la concrétisation d’un projet de mini terrain de foot synthétique à la place de l’actuel terrain de volley-ball dans la cour du centre social, d’un parcours de santé traversant au moins trois villages et d’un centre polyvalent sur un terrain déjà identifié et un budget de Rs 25 millions déjà voté.

Ces conseillers ne souhaitent qu’une chose pour les prochaines législatives: «Nous souhaitons des candidats de taille, ki pa get figir, kominote ek kast, qui prônent la méritocratie et qui soient à l’écoute.»

Sens du devoir accompli

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De g. à dr. Les conseillers des villages l’Amitié et Gokhoola, Jeeten Shamlall, Uma Devi Conhye, Souven Ramsawmy, Kushma Reedoye et Kadress Thumadoo.

Depuis son élection aux dernières villageoises, Souven Ramsawmy, président du village de l’Amitié, se montre confiant par rapport aux progrès réalisés dans son village, ainsi que dans le village voisin, Gokhoola. Accompagné de ses conseillers, il met en avant les travaux déjà effectués comme les drains, en réponse aux problèmes d’inondations. Cependant, des demandes supplémentaires ont été formulées pour élargir les drains à Gokhoola, où l’eau stagnante persiste après les fortes pluies. De nouvelles routes ont également été construites pour améliorer la mobilité des habitants et des lampadaires supplémentaires installés pour garantir leur sécurité. Bien que la majeure partie des routes aient été asphaltées, il reste encore des travaux à achever.

Insécurité routière

Souven Ramsawmy avance que la route reliant Gokhoola à l’Amitié est devenue un lieu trop familier aux tragédies routières. Selon des statistiques récentes, pas moins de 19 vies ont été perdues dans des accidents sur cette voie. Pour endiguer cette hécatombe, il demande d’installer des «concrete bed humps», soit des ralentisseurs en béton, combinés à des radars de vitesse. Par ailleurs, il préconise de restreindre l’accès des poids lourds à la section de Desjardins à l’Amitié où se trouvent plusieurs lieux de culte, un centre communautaire et une école préscolaire gouvernementale afin de garantir la sécurité des habitants.

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La construction de drains à l’Amitié est saluée.