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«Désêtre et autres fragments»

De jeunes auteurs te parlent de leur passion

20 octobre 2023, 17:22

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De jeunes auteurs te parlent de leur passion

Onze jeunes, âgés entre 18 et 20 ans, ont publié leurs premiers écrits. C’est sous la forme d’un recueil intitulé «Désêtre et autres fragments» que l’ouvrage a été lancé, samedi dernier, lors de la troisième édition du festival du livre de Trou-d’Eau-Douce. Ces jeunes faisaient partie du Bureau des jeunes lecteurs-auteurs de l’Institut français de Maurice (IFM), activité qui s’est tenue de février à octobre. Ils étaient encadrés par l’auteure Shenaz Patel. Cette dernière a fait ressortir, durant le lancement, qu’un auteur ne doit jamais oublier l’état d’enfance. «Avec un regard d’enfant, on voit les choses de façon plus forte et crue». Elle a aussi souligné qu’il n’y a pas assez de place dans l’édition pour la voix des jeunes. Nous nous sommes tournés vers quatre de ces jeunes, qui ont participé à ce recueil, pour qu’ils te parlent de ce qui les a poussés à écrire et de leur regard sur l’écriture.

Mathilde Valery

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Àgée de 20 ans, Mathilde Valery compte bientôt poursuivre ses études à l’étranger. Ce qui l’a poussée à écrire ? «J’ai l’impression d’avoir écrit toute ma vie. J’ai constamment un carnet et une plume dans mon sac.Mais c’est après les examens que j’ai vraiment commencé à mettre mes émotions sur papier et à composer des poèmes. Pour le recueil ‘Désêtre et autres fragments’, nous devions chacun proposer deux textes, le premier étant notre rapport à l’écriture et le deuxième, un texte de création. Pour le texte de création, j’ai proposé un poème intitulé ‘Mon Morne’, inspiré d’un camp de scouts.» Mathilde raconte qu’elle est très contente d’avoir participé au Bureau des jeunes lecteurs-auteurs de l’IFM. «J’aimerai continuer à écrire mais pas pour en faire mon métier mais plutôt comme loisir», explique-t-elle. Pour Mathilde, il est important d’encourager les jeunes à écrire. «Mais pour cela, il faut un bon encadrement. L’école à Maurice a un grand rôle à jouer dans la promotion de la lecture et de l’écriture. Il faudrait mettre sur pied des ateliers d’écriture dans les écoles. Cela manque», soutient-elle. Pour la jeune femme, il est faux de dire que les gens ne lisent plus. «À l’IFM, tous les jours, des gens viennent à la médiathèque pour emprunter des livres. Il y aura tout le temps des gens qui liront», avance-t-elle. Son message pour toi, «si tu aimes écrire, n’aie pas peur de te lancer».

Dhanishta Seetamonee

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Habitante de Roches-Brunes, Dhanishta Seetamonee est âgée de 19 ans. Cette année, elle termine sa Form VI au Couvent de Lorette de Quatre-Bornes. «En Form V, j’étudiais les sciences mais j’ai ensuite réalisé que j’étais douée pour la littérature. J’ai donc changé de filière pour le Higher School Certificate.» Cet amour pour la littérature va la mener vers l’écriture. Pour le recueil, elle a proposé comme texte de création «Colette et l’amour», un récit qui tourne autour de l’écrivaine Colette et de sa vision de l’amour. Pour elle également, il convient d’encourager les jeunes à écrire davantage. «Il n’y a pas beaucoup de jeunes qui aiment lire mais la donne change avec le BookTok. Cette sous-communauté de l’application TikTok attire beaucoup de jeunes mais les livres proposés relèvent davantage de la fiction, de la fantaisie ou de la romance. Je pense que les jeunes doivent se tourner vers des livres de qualité afin d’acquérir plus de connaissances et se cultiver. Je pense qu’il faut changer les livres au programme du cursus scolaire car au fil des années, ce sont lesmêmes textes qui sont proposés et cela devient répétitif. Il faudrait introduire de nouveaux textes», explique Dhanishta Seetamonee. Son message pour toi : «On a tous peur de ne pas être à la hauteur, d’être jugés ou que l’on ne nous comprenne pas. Entoure-toi de personnes positives qui t’aideront à avancer.»

Enzo Roy

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Enzo Roy a 19 ans. Il habite Trou-d’Eau-Douce et travaille avec sa maman, qui est entrepreneure. Il raconte que c’est en participant au Festival du livre de Trou-d’Eau-Douce, l’année dernière, et après avoir rencontré Shenaz Patel qu’il s’est inscrit au Bureau des jeunes lecteurs-auteurs. Pour le recueil, il a écrit «Enn Maryonet», une histoire en créole et en français. «Cela parle d’une marionnette qui veut s’exprimer mais que c’est compliqué par rapport à ses parents», explique-t-il. Après le lancement du recueil «Désêtres et autres fragments» et l’accueil reçu par cette œuvre, il dit ne pas trop savoir comment réagir. «Voir tous ces adultes s’intéresser à ce que nous avons écrit fait chaud au cœur, c’est très encourageant. Il est important de laisser les jeunes écrire ce qu’ils ressentent sans peur.Mais je pense qu’ils ne savent pas tout le bien que peut leur apporter l’écriture. Cette activité peut être à la fois amusante et thérapeutique. De plus, cela peut nous servir dans de nombreux domaines. Il faudrait vraiment les encourager dans cette voie et pourquoi ne pas le faire à travers les réseaux sociaux ?», souligne-t-il. Le message d’Enzo pour toi, «n’aie pas peur ni honte d’écrire. Mets ta peur de côté et lance-toi. On n’échoue pas, on apprend».

David Romain

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Àgé de 18 ans, David Romain est en dernière année de Form VI au collège du St Esprit. Il habite Trou-d’Eau-Douce. Dans le cadre de ce recueil, David a écrit l’histoire intitulée «Assis sur un nuage». «C’est l’histoire d’un gamin solitaire. Sa mère travaille chez des Blancs et il finit par tomber amoureux de la fille de la patronne de sa maman. Mais il n’ose jamais l’aborder. Alors il s’imagine avec elle. Ils sont assis sur un nuage et passent un bon moment. Jusqu’à ce que la réalité le rattrape», raconte David. L’écriture l’a toujours accompagné. «Quand il arrive que je sois seul ou que les autres se mettent à parler entre eux, je prends mon portable et j’écris. C’est une activité que j’aime beaucoup et que je compte continuer à faire», explique David Romain. Depuis le lancement du recueil, il avoue «être sur un petit nuage. Je n’arrive toujours pas à croire que le recueil a été publié et qu’il renferme mes écrits etqu’il y a aussi mon nom. Je suis fier de ce que j’ai accompli». David Romain souhaite lui aussi qu’on encourage les jeunes à écrire. «Écrire permet de s’exprimer, de se sentir moins seul et de ne pas tomber dans des choses qui peuvent être néfastes pour nous. Au contraire, l’écriture nous aide à voir le monde différemment». Son message pour toi, «si tu aimes écrire, il ne faut pas avoir peur du regard des autres. Nous avons tous des messages à faire passer, alors jette-toi à l’eau».