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Confidentiels

L'express leaks du dimanche 15 juin au vendredi 20 juin 2025

21 juin 2025, 09:20

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L'express leaks du dimanche 15 juin au vendredi 20 juin 2025

Plongez au cœur de l'actualité avec l'express, où nous vous dévoilons en exclusivité les derniers bruits de couloir, les buzz les plus récents et les scandales les plus retentissants que d'autres vous cachent. Restez informés et découvrez les dessous des événements qui façonnent notre société.

La chute express du CEO de COIREC

Le couperet est tombé plus vite qu’un départ de chevaux à l’hippodrome. Hier, vendredi 20 juin, un communiqué du bureau du Premier ministre a acté la fin du contrat d’A. Kokil, Chief Executive Officer du Côte d’Or International Racecourse and Entertainment Complex Ltd (COIREC). Son tort ? Avoir écrit, sans en référer au conseil d’administration, une lettre au commissaire de police pour interdire une manifestation prévue aujourd’hui au Champ-de-Mars. Résultat : une crise institutionnelle évitée de justesse, un Premier ministre furieux, et un CEO remercié dans la foulée.

Dans les couloirs de la Government House, on parle d’un «acte d’insubordination grave» et d’un «dérapage solitaire». Le conseil d’administration de COIREC aurait appris la décision d’A. Kokil en même temps que le gouvernement, c’est-à-dire, trop tard. D’où cette réaction politique cinglante : un rejet public de la décision, des instructions claires données à la police pour ignorer la lettre du 19 juin, et surtout, une résiliation immédiate du contrat.

Un haut cadre du PMO confie que «le Premier ministre n’a pas du tout apprécié cette tentative de prise de décision unilatérale. Dans le contexte actuel, c’était irresponsable.» En interne, certains évoquent une volonté mal placée de «faire du zèle», d’autres parlent d’un manque de coordination devenu trop fréquent au sein d’organismes parapublics ; et d’autres encore évoquent un sabotage orchestré par des éléments du Mouvement socialiste militant, actifs dans les coulisses pour déstabiliser le gouvernement.

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Après Kokil…

Au final, l’affaire Kokil est aussi censée servir de leçon aux récalcitrants : quand le politique veut garder la main, les technocrates n’ont qu’à bien se tenir. C’est le message envoyé par le PMO aux embusqués, qui prendraient leurs directives du… Sun Trust, dit-on. En ligne de mire : ceux qui font la pluie et le beau temps dans les ministères ou les organismes parapublics.

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Diktat et écheveau

En évoquant un «budget à la FMI», Joe Lesjongard a surtout voulu viser Rama Sithanen, gouverneur de la Banque de Maurice. Or, au ministère des Finances, on nous assure que s’il y a bien des séances de travail avec la Banque centrale concernant les projections, il n’a jamais été question que le régulateur se mêle de l’arbitrage au niveau des dotations budgétaires, des ministères et corps parapublics, de la fiscalité ou de la trajectoire de la consolidation fiscale. Sur une base personnelle, durant la campagne électorale de 2024, Rama Sithanen avait émis des recommandations concernant les fonds Chagos et le Price Stabilisation Account. Voilà de quoi démêler l’écheveau entre politiques monétaire et budgétaire.

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Achat confirmé

Notre confidentiel de samedi dernier évoquait l’embarras au sein du board et des employés de la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) après l’achat d’une berline allemande par le directeur général (DG) Alain Gordon-Gentil (AGG), alors que cet organisme traverse une période difficile, avec des dizaines de licenciements à l’horizon, en amont même de l’abolition de la redevance télé annoncée durant la campagne électorale.

Dans une sympathique note, fidèle à sa bonhomie, AGG confirme cet achat et offre des précisions sur cette acquisition, ainsi que sur l’état de la voiture accidentée de l’ancien DG. Nous reproduisons son message dans son intégralité :

«Salut Nad ! Vu ce matin dans l’express une info me concernant. Je crois peut-être utile de préciser que :

1. Il s’agit de ma voiture personnelle, remboursée avec mon argent.

2. J’ai rendu la voiture de fonction achetée par l’ancien directeur. Elle va être mise en vente et l’argent reversé dans les caisses déficitaires de la MBC.

3. Concernant le mystérieux accident : le chauffeur a accroché une borne en se garant. Déposition faite à la police et à l’assurance.

Voilà. Tu sais tout.

Bon week-end. A»

Nous ajoutons qu’AGG est l’un des rares nominés politiques à avoir réclamé une réduction de son salaire et d’autres conditions à son entrée en fonction. En espérant que d’autres lui emboîtent le pas, à un moment où l’on parle de la révision des privilèges, notamment ceux liés aux voitures duty free, qui ne solutionnent en rien les embouteillages mais relèvent plutôt de la prébende.

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Journal en ligne de mire

Avec une quinzaine d’anciens journalistes affectés ou éparpillés entre ministères et institutions, le gouvernement envisagerait de lancer un journal. Le seul hic : il faut une personne pour coordonner le travail entre ces anciennes plumes aux affinités et sensibilités diverses. La plupart sont proches des travaillistes, d’autres ont été recrutés par le Mouvement militant mauricien, et deux ou trois par Rezistans ek Alternativ ou les Nouveaux démocrates.

Le journalisme d’investigation ne sera probablement pas le signe distinctif de ce projet collaboratif, qui serait lancé en ligne, dans un premier temps.

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MIC : dilemme

Le FMI juge que la Mauritius Investment Corporation, telle qu’elle est actuellement structurée et financée, soulève des risques de gouvernance, de transparence et d’indépendance monétaire. Il recommande donc une sortie ordonnée de la Banque de Maurice, avec le remboursement immédiat des fonds non utilisés, ainsi qu’une restructuration légale et financière de l’entité. Les pourparlers sont assez avancés entre la BoM et le ministère des Finances. L’État mauricien n’a pas les moyens de rembourser au moins Rs 20 milliards à la Banque centrale. «Ces Rs 20 milliards, c’est du vent. Ils représenteraient le goodwill d’Airport Holdings ! Si l’on persiste dans cette voie, cela va alourdir la dette publique. Or, il est clair que les actions ne valent pas le prix auquel elles ont été vendues», nous explique une source proche du dossier. En bref, ce que dit le FMI est plus facile à écrire qu’à mettre en œuvre…

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Attentif aux discours

Le Premier ministre a été attentif aux discours budgétaires et a apprécié le fait que certains aient mené des recherches sur des philosophes et écrivains ayant évoqué les différences entre un homme politique (qui pense à sa réélection) et un chef d’État (qui pense aux générations futures). Il a particulièrement apprécié l’intervention de Ritesh Ramful, à laquelle il a prêté une oreille attentive.

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Pétition stoppée

Il y a des silences plus assourdissants qu’un scandale. Celui autour d’une pétition citoyenne, lancée pour exiger transparence et reddition de comptes sur la manne de Diego Garcia, en est un. Elle se clôt aujourd’hui, non par épuisement, mais par lucidité. Sur les 1,3 million d’âmes que compte Maurice, seules 158 signatures locales. Loin des foules numériques qu’on imagine prêtes à s’indigner pour la moindre polémique. Sur 277 signataires, l’essentiel vient de la diaspora. Comme si, exilés, ils ressentaient mieux ce qu’il reste à sauver. Derrière ce chiffre famélique, un malaise profond : la fatigue démocratique. L’oubli que les milliards de la rente des Chagos, s’ils ne sont pas encadrés, nourriront à nouveau les mêmes réseaux, les mêmes hommes, les mêmes promesses creuses.

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Pas un allié

Depuis la révélation, dans la presse britannique, des clauses sensibles de l’accord signé entre Londres et Port-Louis sur l’archipel des Chagos, une gêne feutrée s’installe dans les cercles diplomatiques mauriciens. Selon un article du «Telegraph», le Royaume-Uni pourrait être tenu d’informer Maurice en cas d’utilisation de la base militaire de Diego Garcia pour lancer des frappes contre un pays tiers – potentiellement l’Iran. Problème : l’article qualifie sans détour Maurice d’«allié de l’Iran», insinuant que cette disposition pourrait exposer les opérations britanniques ou américaines à des fuites diplomatiques, voire à un transfert d’informations sensibles à Téhéran. Du côté mauricien, le malaise est palpable. En coulisses, plusieurs diplomates cherchent à rectifier le tir. Non, Maurice n’est pas un allié de l’Iran, insistent-ils. Oui, les deux pays entretiennent des relations bilatérales normales, mais cela ne fait pas de Port-Louis un relais régional de la République islamique. «Notre position est claire : nous ne prenons parti ni pour l’un ni pour l’autre», glisse un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères. Officiellement, Maurice reste fidèle à sa doctrine de non-alignement et refuse d’être instrumentalisé dans un conflit qui le dépasse. Mais il faudra sans doute plus qu’un démenti discret pour dissiper les soupçons.

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