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Agriculture
Défis de la campagne sucrière 2025: Recrutement difficile et prix en baisse
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Défis de la campagne sucrière 2025: Recrutement difficile et prix en baisse

Le manque de main-d’œuvre affecte le rythme de la coupe dans plusieurs régions.
La campagne sucrière 2025 a démarré dans un climat d’incertitude, notamment pour les petits planteurs. Alors que les grandes exploitations misent sur la technologie et l’optimisation pour maintenir leur niveau de production, de nombreuses parcelles appartenant aux planteurs individuels restent à l’abandon.
Pour Salil Roy, président de la Planters Reform Association, le secteur continue de perdre ses forces vives. «Plus de 50 % des petits planteurs ont disparu ces dernières années. Malgré les aides et facilités offertes, il n’y a pas de relève. Les jeunes ne reprennent pas les terres», constate-t-il. Le manque de main-d’œuvre locale aggrave la situation, laissant certains exploitants sans solution au moment de la coupe. Selon lui, la canne à sucre est aujourd’hui victime de son propre succès passé. «Ceux qui ont connu la réussite grâce à l’argent du sucre ne reviennent pas vers la terre. C’est frustrant. Il faut cultiver une forme de reconnaissance envers ce secteur», affirme-t-il.
Salil Roy, président de la Planters Reform Association
Il appelle à des mesures ciblées pour soutenir les planteurs travaillant sur des terres marginales, et propose qu’une étude soit menée pour comprendre les raisons de l’abandon massif des terres agricoles malgré les incitations en place. Le contexte climatique complique encore les choses. La baisse de la teneur en saccharose, due aux perturbations météorologiques, affecte déjà les rendements. «Le climat favorable à la production optimale de sucre n’est plus au rendezvous. Avons-nous les ressources pour atteindre les 350 000 tonnes de sucre ?», s’interroge-t-il.
Du côté d’Agriterra, les prévisions sont prudentes, mais le groupe reste mobilisé. Selon le general manager, Sébastien Mamet, quelque 650 000 tonnes de cannes sont attendues cette année, dont 300 000 issues des plantations de l’entreprise. L’objectif est de produire entre 65 000 et 67 000 tonnes de sucre, principalement des sucres spéciaux (63 000 tonnes). La campagne a démarré dans un contexte difficile, marqué par une sécheresse prolongée entre juillet 2024 et février 2025. «Cette période a enregistré des précipitations largement insuffisantes, ce qui aura un impact sur le premier tiers de la coupe», explique t-il. Toutefois, les pluies significatives enregistrées ces dernières semaines pourraient relancer la croissance de la canne pour les deux tiers restants, permettant ainsi de limiter les pertes.
Sébastien Mamet, «general manger» d’Agriterra.
La surface cultivée par Agriterra reste stable à 4 800 hectares. L’entreprise concentre désormais ses efforts sur l’amélioration du rendement à l’hectare à long terme, en misant sur une meilleure sélection variétale, des pratiques modernisées et un suivi agronomique renforcé. Les opérations sont également appuyées par des outils technologiques, tels que la surveillance par drones et l’optimisation des équipements agricoles. Le taux d’extraction visé pour cette campagne est de 10,5 %, contre 10,98 % en 2024. Ce résultat pourrait être atteint grâce à une gestion rigoureuse de l’intersaison et aux bonnes performances attendues des variétés plantées.
Comme chaque année, les effectifs d’Agriterra doublent durant la campagne sucrière. Mais le recrutement local devient de plus en plus difficile. «Le recours à la main-d’œuvre étrangère est désormais indispensable. Plusieurs demandes de permis de travail ont été soumises aux autorités et nous attendons une réponse favorable pour procéder aux recrutements nécessaires», indique Sébastien Mamet. Sur le plan économique, le groupe devra composer avec une baisse du prix du sucre : après Rs 27 478 la tonne en 2024, le prix passe à Rs 21 800 cette année. Pour faire face à ces fluctuations, Agriterra poursuit sa stratégie de résilience. Le programme de mûrisseur, mis en œuvre sur 815 hectares en 2024, sera étendu à 1 300 hectares en 2025.
L’entreprise met également l’accent sur l’humain. Les champs et l’usine sont certifiés ISO 45001:2018. Un programme d’assistance psychologique est en place depuis 2024 et plusieurs initiatives internes, comme la journée de la Diversité et les ateliers Culture in Motion ont été organisées pour renforcer l’engagement des équipes. Agriterra finalise sa Vision, Purpose, Mission (VPM) et prépare le lancement de son Employee Value Proposition (EVP).
Entre un tissu agricole en déclin et une industrie en mutation, la campagne 2025 reflète les transformations profondes du secteur sucrier mauricien, confronté à la fois à des réalités humaines, économiques et climatiques.
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