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Défis existentiels

15 septembre 2024, 09:11

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Maurice traverse une période charnière, où des alliances politiques se forment et se déforment, où des institutions sont mises à l’épreuve, et où les ambitions personnelles tendent à obscurcir l’essentiel : le bien commun. Cette tendance n’est pas nouvelle, mais elle semble aujourd’hui prendre des proportions inquiétantes. Face à cela, il est impératif de rappeler que nos institutions doivent, en tout temps, être préservées des calculs individuels ou partisans.

Le récent accord entre le PTr, le MMM, les Nouveaux Démocrates et Rezistans ek Alternativ (ReA) est un exemple intéressant. Après six réunions ardues, un compromis a été atteint, ou presque, mais au prix de quelles concessions ? Le fait qu’un troisième ticket potentiel à ReA n’a pu être tranché hier en est une illustration. Ce parti, qui a longtemps milité pour un mauricianisme inclusif, se retrouve aujourd’hui face à un dilemme existentiel. Comment concilier ses idéaux avec des alliances qui semblent davantage guidées par des considérations ethniques que par des principes de gouvernance équitable ?

Ce n’est pas là un simple cas isolé. Partout, l’on observe que les intérêts personnels ou les calculs électoraux semblent dicter les actions politiques, au détriment des principes fondateurs de nos institutions. Il est vrai qu’en politique, il faut savoir faire des compromis, parfois même des compromissions amères. Mais lorsque ces compromis dénaturent les valeurs sur lesquelles nous nous reposons, ils deviennent dangereux. Ils érodent la confiance du public et affaiblissent l’intégrité des structures qui régissent notre société.

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La plainte constitutionnelle du commissaire de police (CP), dont les plaidoiries ont pris fin hier, soulève quasiment les mêmes questions. Pourquoi certains cas spécifiques sont-ils mis en lumière, alors que d’autres, similaires, passent inaperçus ? Ce traitement inégal montre bien que des agendas personnels ou politiques sont parfois en jeu, même au sein de nos plus hautes instances institutionnelles.

La véritable question qui se pose ici est la suivante : pourquoi n’avons-nous pas cherché une solution locale à ce problème, au lieu de recourir à des procédures judiciaires coûteuses et interminables avec des King’s Counsels britanniques ? Cinquante-six ans après notre Indépendance, n’avons-nous pas encore maîtrisé notre Constitution, héritée de notre ancien pouvoir colonial ? Cela aurait été l’occasion de démontrer notre maturité en tant que nation, et surtout la solidité de nos institutions. Au lieu de cela, nous exposons leurs faiblesses, laissant place à des querelles d’intérêts qui n’ont que faire du bien-être national.

Il est frustrant, pour ceux qui travaillent dans l’ombre pour améliorer les services publics, de constater que chaque action, chaque décision, est scrutée sous l’angle des intérêts politiques. Les institutions sont là pour servir le peuple, pas pour être des terrains de jeux pour des ambitions personnelles ou partisanes. Lorsque nous permettons à des individus ou à des groupes de détourner le rôle des institutions à leur avantage, nous compromettons non seulement la démocratie, mais aussi l’avenir de notre pays.

Il est urgent que nous refusions cette dynamique. Les institutions doivent rester au-dessus des querelles personnelles, des intérêts partisans et des calculs électoraux. C’est une condition sine qua non pour que Maurice avance, pour que notre pays se dote d’une gouvernance qui soit à la hauteur des attentes de ses citoyens. Nous devons redonner à nos institutions la place centrale qu’elles méritent dans la gestion de la nation. Leur intégrité et leur indépendance ne doivent jamais être sacrifiées sur l’autel des ambitions individuelles.

L’histoire nous enseigne que les nations qui oublient de protéger leurs institutions finissent par sombrer dans l’instabilité. Ne faisons pas cette erreur. Il est encore temps de redresser la barre, et de replacer nos institutions là où elles doivent être : au-dessus des intérêts personnels, au service de tous.