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Metro Express

Départ de Larsen & Toubro: Qu’est-il arrivé ?

15 septembre 2024, 18:00

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Départ de Larsen & Toubro:  Qu’est-il arrivé ?

Contrairement à son arrivée à Maurice en grande pompe en 2017, le départ de l’équipe Larsen & Toubro (L&T) a été plus discret, bien plus discret. Certes, le constructeur indien conserve un bureau à Phoenix avec une douzaine d’employés administratifs et 10 techniciens, qui assurent la maintenance des lignes ferroviaires pendant un an, en vertu du contrat passé avec Metro Express Ltd (MEL). Il y a aussi quatre techniciens pour l’hôpital de Flacq. Cependant, toute l’équipe d’ouvriers et de la haute direction est repartie. Le directeur du projet métro, Sanjiv Gupta, a déjà pris l’avion pour l’Ouzbékistan, où L&T a décroché un projet, toujours sans passer par appel d’offres. Les ouvriers ont presque tous été rapatriés, et le dortoir de Richelieu sera loué à un autre entrepreneur indien.

Après notre article du 3 septembre, dans lequel nous annoncions le départ de L&T et la fin de tout projet d’extension des lignes de métro, L&T a émis un communiqué le 5 septembre affirmant que la compagnie ne fermait pas sa succursale à Maurice. Elle précisait que la mise en vente à l’encan des équipements et des meubles se faisait parce qu’ils devaient être «démobilisés» et non remplacés. Or, interrogé à propos de ce communiqué pas très clair, un haut cadre de L&T nous a confirmé que pour le métro, le projet est bel et bien terminé...

Donc, pas de nouveaux projets d’extension des lignes du métro. La vente à l’encan ne s’est d’ailleurs pas déroulée comme prévu, L&T ayant annulé 50 % des ventes, jugeant que les offres étaient trop basses. Une deuxième vente à l’encan sera organisée bientôt.

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Toujours est-il que comme nous l’écrivions, le projet d’extension des lignes du métro vers Côte-d’Or, Aapravasi Ghat et La Vigie n’est plus d’actualité, pour l’instant du moins. Les travaux qui ont démarré, notamment les lignes installées jusqu’à Réduit, n’iront pas jusqu’à Côte-d’Or. Pourtant, Pravind Jugnauth promettait en février dernier l’extension vers le Nord, mais cela, en cas de nouveau mandat de son gouvernement. Il s’adressait, il est vrai, à des habitants de Fond-du-Sac.

En janvier, il était dans la circonscription no 14 et promettait de faire desser- vir l’ouest par le métro. En septembre 2023, selon lui, le métro arriverait jusqu’à l’Aapravasi Ghat. En mai 2022, il s’engageait à étendre le métro jusqu’à... Belle-Terre. Et à La Vigie. En janvier 2023, il parlait de l’extension des services du métro «à travers le pays». Est-ce en raison de ces annonces qu’il aura été demandé à L&T d’émettre un communiqué pour dire que l’entreprise indienne ne plie pas bagage ?


Hôpital de Flacq

Contrairement au projet métro, pour le nouvel hôpital SAJ à Flacq, c’est le consultant indien HSCC qui réclamait les paiements du gouvernement mauricien. Cependant, une réclamation de Rs 850 millions, en sus des Rs 4,3 milliards, auprès du ministère de la Santé avait fait tiquer. Ces coûts additionnels, disait le consultant, représentaient des «cost overruns» pour la construction de l’hôpital, à la suite du Covid, pourtant loin derrière nous, et de la guerre en Ukraine. Le problème, c’est que le consultant n’avait pas averti le ministère de la Santé de ces surcoûts, mais a attendu la fin des travaux pour mettre ce dernier devant le fait accompli. Puisque le financement provenait d’un emprunt de plusieurs banques arabes, tout décaissement additionnel était soumis à un contrôle rigoureux. Le ministère de la Santé a transmis la demande du consultant au ministère des Infrastructures publiques, qui aurait bloqué le paiement. «Pour une fois, ce n’est pas L&T, mais HSCC qui voulait faire son beurre sur la tête de L&T et du contribuable mauricien», nous dit-on.

If you cannot beat them, buy them

Selon une source sûre, la direction de L&T aurait proposé environ Rs 150 000 à un journaliste qui posait trop de questions. Or, un employé mauricien de L&T à l’époque aurait fait comprendre à la direction que le journaliste ciblé n’accepterait jamais de pot-de-vin et serait même capable d’en faire un scandale. Les billets de banque ont été soigneusement remballés. Mais que voulait-on cacher ? C’est ce que se demande toujours le journaliste mis au parfum de cette tentative de corruption...