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Pensionnés
«Dépôts fixes» des politiciens en quête de votes ?
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«Dépôts fixes» des politiciens en quête de votes ?
À l’approche de chaque élection générale, ils deviennent des cibles majeures, les politiciens leur promettant des montants mirobolants à verser sur leur compte, en espérant obtenir leurs votes. Ils sont plus de 270 000 personnes âgées à percevoir une pension dans le pays et les promesses ne cessent de devenir de plus en plus alléchantes, un parti ayant augmenté la pension de Rs 14 000 à Rs 16 500 dans son dernier budget avant les élections et une récente promesse de Rs 20 000 avec une augmentation annuelle en cas de victoire. Mais à quel point ces mesures influencent-elles les électeurs ? Le montant allège-t-il les difficultés des bénéficiaires et quelles sont leurs attentes ?
Si bénéficier d’une pension convenable à la retraite est censé apporter un sentiment de soulagement et de récompense pour une vie de dévouement et de sacrifice, le montant actuel ne sert à rien en raison de l’inflation, estime Deokumar, que nous avons rencontré à proximité d’une boulangerie à Lallmatie. Après avoir travaillé pendant 42 ans dans le service public, il est à la retraite à l’âge de 63 ans. Son épouse, âgée de 55 ans, a préféré arrêter de travailler pour préserver sa santé.
(Deokumar.)
Avec deux enfants mariés qui ont leurs propres responsabilités financières, le couple a souvent du mal à joindre les deux bouts, confie Deokumar. «C’est vrai que ça fait plus de Rs 13 500, mais quand je vais au supermarché, les produits que j’achetais pour Rs 5 000 auparavant coûtent maintenant plus de Rs 10 000.» Le quotidien de Deokumar consiste à jardiner et à s’occuper de cultures à des fins personnelles. «Parfois, trois jours par semaine, je travaille comme maçon, autant que ma santé me le permet à cet âge, pour avoir un revenu supplémentaire (...) On vous donne Rs 2 000 d’un côté, mais on vous prend Rs 5 000 de l’autre», explique-t-il. Face à l’inflation et à d’autres problèmes sociaux, il faut réfléchir avant de voter, estime Deokumar.
Pour Jacques Catherine, ancien policier comptant 35 ans de service et retraité à l’âge de 55 ans, c’est plutôt la stabilité et le statu quo. «À 65 ans aujourd’hui, je peux me débrouiller avec la somme dont je dispose et mon épouse travaille encore. Je me permets de faire des balades et de rencontrer des amis tous les jours afin de maintenir un mode de vie équilibré. L’inflation est un sujet de préoccupation, mais quel que soit le parti au pouvoir, ma pension est assurée et je ne ressens donc pas vraiment de pression», explique-t-il. Jacques Catherine confie : &«Lorsque je travaillais il y a dix ans, le fléau de la drogue n’était pas aussi répandu qu’aujourd’hui dans la société»*. Néanmoins, «les pensions sont un moyen efficace de récolter des voix et elles ont certainement un effet. Celui qui ne se préoccupera que de l’augmentation des montants votera en faveur des politiciens qui font des promesses».
*(Jacques Catherine.)
Médicaments
Fazila, sexagénaire et femme au foyer, rappelle qu’il ne faut pas oublier le coût des médicaments tous les mois. «C’est la première dépense en priorité et le montant arrive à un minimum de Rs 5 000 pour les médicaments dits basiques.» Amina, fonctionnaire à la retraite, est du même avis. «Quand on va à la pharmacie, beaucoup de médicaments ou de multivitamines sont en rupture. Et lorsqu’ils réapprovisionnent le stock après trois semaines, le prix a déjà triplé. Je dépense au minimum Rs 6 000 pour des vitamines, des médicaments contre l’hypertension, le diabète, la migraine et les problèmes respiratoires.» Mais pourquoi ne pas utiliser les médicaments distribués gratuitement dans les hôpitaux pour les maladies chroniques ? «J’ai essayé mais ils ne m’ont pas aidée à réguler ma tension artérielle ou le diabète. Ceux des pharmacies sont de meilleure qualité et efficaces, donc je suis obligée de les acheter quel qu’en soit le prix, au profit de ces business», expliquent nos deux interlocutrices.
Ces deux pensionnées ajoutent que «c’est un cycle complexe. On augmente légèrement la pension, mais on finit par dépenser plus. Par exemple, en raison de notre santé et de notre alimentation, nous aimons manger des biscuits, mais le prix est passé de Rs 40 à Rs 120 le paquet. Ensuite, il y a les factures d’eau et d’électricité. Le coût de la vie est si élevé que mes enfants, bien qu’ils travaillent, doivent contracter des emprunts pour de simples projets ; donc même une famille constituée de salariés a du mal (...) celui qui ne comprend pas sera ébloui par les promesses, mais les personnes âgées qui ont travaillé et contribué à l’économie pendant toute une vie, qui peuvent réfléchir, savent reconnaître ce problème».
«Les politiciens devraient prendre la peine de venir constater nos difficultés tout au long de leur mandat et prendre des initiatives telles que l’importation de médicaments de meilleure qualité dans les hôpitaux au lieu de nous pousser à les acheter dans les pharmacies. Il devrait y avoir plus d’empathie et de respect envers les personnes âgées, au lieu de nous réduire à des “dépôts fixes” à la fin de leurs mandats en offrant des déjeuners gratuits ou des augmentations», conclut Fazila.
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