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Des «cadeaux» pour les fonctionnaires?

22 juin 2024, 08:01

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Une étape importante dans la campagne électorale en cours dans le pays sera franchie demain, dimanche 23 juin, quand une grande kermesse destinée aux fonctionnaires du pays sera tenue par le gouvernement au centre de conférences Swami Vivekananda à Pailles.

Évidemment, l’argent du gouvernement, donc des contribuables, sera dépensé pour le compte du Mouvement socialiste militant (MSM) et de ses alliés lors de cet événement savamment conçu par des stratèges politiques du Sun Trust. Outre l’armée des seniors, les quelque 80 000 employés du gouvernement central et des nombreuses institutions étatiques constituent le deuxième segment de l’électorat courtisé par le parti orange.

Toutefois, bien que bénéficiant comme les autres Mauriciens des différents «cadeaux» fabriqués par le ministère des Finances, les fonctionnaires éprouvent eux aussi des inquiétudes sur leur pouvoir d’achat constamment érodé par une roupie qui ne cesse de se déprécier ; sur les effets des drogues sur leurs enfants et sur l’avenir de ces derniers dans le pays.

La frange de la population comprenant les employés de l’État serait de plus en plus convaincue que l’avenir des enfants est mieux assuré à l’étranger qu’à Maurice. C’est un élément de déprime que le MSM est appelé à combattre. On saura demain comment le Premier ministre cherchera à rassurer les fonctionnaires sur les moments de gloire qui les attendent, eux et leurs enfants, à l’avenir. Il devra les convaincre que Maurice n’est pas seulement l’Eldorado des milliardaires sud-africains et européens, des ouvriers bangladais, népalais, indiens et malgaches ainsi que les faux étudiants et touristes venant d’Afrique. Mais que le pays appartient avant tout aux Mauriciens.

Par ailleurs, un profond mécontentement serait ressenti dans la fonction publique en raison de la hausse du salaire et du revenu minimal, telle qu’orchestrée par le gouvernement. En effet, des employés de l’État, qui comptent un certain nombre d’années de service après des études éprouvantes et une certaine expérience acquise dans leurs fonctions, se demandent comment des nouveaux peuvent jouir d’un traitement salarial qui les rapproche de celui des anciens sur le job. Les employés du secteur privé sont eux aussi très remontés sur la question.

Le MSM devrait nécessairement annoncer demain comment il compte résoudre ce problème. Très certainement, Pravind Kumar Jugnauth (PKJ) va annoncer des réajustements salariaux majeurs, ce qui permettrait aux fonctionnaires de bénéficier d’augmentations subséquentes dans leur payslip.

Si PKJ annonce une hausse salariale massive avec effet rétroactif demain à Pailles, le toit de la salle de conférences risque de connaître des fêlures sous l’effet du tonnerre d’applaudissements. Étant le parti le mieux organisé et le plus efficace dans sa communication, le MSM pourrait bien réserver un spectacle des plus grandioses aux fonctionnaires demain.

On parle aussi de la «bombe atomique» qu’est l’introduction du 14e mois. Le timing de l’annonce de cette mesure révolutionnaire visant à faire les travailleurs bénéficier d’un boni de fin d’année de deux mois en sus du salaire normal reste à déterminer. Tactiquement, après le lot de cadeaux programmés pour demain, PKJ pourrait bien jouer la carte 14e mois à une étape ultérieure de la campagne électorale, une fois celle-ci officiellement engagée après la dissolution du Parlement. Cela, pour porter le coup fatal à l’opposition.

Bien sûr, le paiement d’un 14e mois causerait d’énormes soucis au secteur privé et donnerait lieu à d’intenses débats chez les «intellectuels» mais l’essentiel pour le MSM, c’est de conserver le pouvoir. Il est toujours possible de monter des schemes pour aider les compagnies privées à payer le 14e mois. Remember Covid-19. Après tout, connu pour sa pugnacité dévastatrice, le PKJ de l’océan Indien serait loin d’être aussi suicidaire que le Rishi Sunak de la Grande-Bretagne et de se laisser béatement mener vers l’abattoir électoral.