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Drains

Des milliards à l’eau…

17 janvier 2024, 16:00

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Des milliards à l’eau…

Le ministre des Infrastructures nationales, Bobby Hurreeram, ne rate pas une occasion pour rappeler les inondations du 30 mars 2013…

Lundi, alors que les Mauriciens tentent de comprendre ce qui se passe, les pluies de Belal s’abattent sur le pays passé subitement en alerte II, puis tout aussi rapidement en alerte III. L’eau commence à ruisseler et à s’accumuler un peu partout avec des maisons inondées, des champs dévastés et la capitale qui se retrouve comme le 30 mars 2013. Force est de constater que plus d’une décennie après, malgré les accusations, promesses et milliards, la situation n’a pas changé.

Le ministre des Infrastructures nationales, Bobby Hurreeram, ne rate pas une occasion pour rappeler ces inondations de triste mémoire. À l’instar du lancement en septembre dernier du plan directeur pour les glissements de terrain. Après avoir parlé du changement climatique, il avait évoqué, une première fois, «the devastating effects of flashfloods we experienced in 2013» et, dans la foulée, il avait chanté les louanges du gouvernement, qui, «under the leadership of the Hon Prime Minister, which, as a responsible government, has taken bold decisions to mitigate and address the impacts of climate change». Le ministre avait évoqué «the dark images of the disaster of March 2013» pour ensuite rassurer l’assistance, affirmant que «under this government, the safety and wellbeing of our population will always remain a priority».

Mais ce n’était pas la seule fois. Le 16 juin 2022, lors de sa réponse à la Private Notice Question sur l’opacité du plan des zones à risques d’inondations, Bobby Hurreeram avait rappelé que «in 2013, there has been loss of lives due to floods. And yet, the previous Government had not taken any appropriate and holistic actions for management of flood risks» et «We do not want another 2013» où, disait-il, le gouvernement d’alors avait laissé mourir des Mauriciens. Il n’était pas le seul à mentionner ce Flash Flood. Dans son discours budgétaire l’année dernière, Prakash Ramchurrun avait fait ressortir que les drains prévus allaient empêcher «(…) ce qui s’est passé en mars 2013. Le prix que notre pays et nos compatriotes ont dû payer suite à la gestion désastreuse du pays (…)».

Depuis 2018, les drains sont des projets récurrents dans les discours budgétaires. Dans celui de 2018-19, le ministre des Finances, Pravind Jugnauth, avait alloué Rs 2,5 milliards pour des projets d’infrastructures, y compris l’amélioration des drains, lorsque le nombre de zones inondables était de 25. Cette somme a été suivie d’une allocation de Rs 650 millions l’année suivante pour des drains dans 40 zones à haut risque. Les années se suivent et se ressemblent. En 2021 par exemple, une somme de Rs 11,7 milliards était allouée pour des drains et à la fin de l’année précédente, 410 sur les 1 721 drains prévus avaient été complétés.

Comment se fait-il que, plus de dix ans après et malgré les drains et autres projets ainsi que les milliards alloués, le même drame se produise ? Plusieurs membres du gouvernement ont rappelé que le risque zéro et un «dry feet policy» n’existent pas, mais les images d’hier ont démontré qu’il n’y a même pas eu de mitigation et qu’avec le changement climatique et les averses de plus en plus brèves, fréquentes et fortes, les travaux entrepris jusqu’à présent ne sont pas efficaces.

Il faut noter qu’en 2013, le pays avait enregistré 152 mm de pluie en moins de 90 minutes alors que cette fois-ci, le site de la météo annonçait, à 14 h 30 hier, que le Champ-de-Mars avait enregistré 34 mm de pluie en 24 heures alors que les données pour Port-Louis (Line Barracks) n’étaient pas disponibles.